J'écoutais attentivement la proposition de Sakura et laissais naturellement Taichi réagir à cela. Après tout, c'est comme cela qu'il faut traiter les plus jeunes. Comment voulez-vous qu'ils se construisent si on prend constamment l'ascendant sur la conversation ? Bien, manifestement Sakura avait besoin de pouvoir étancher sa soif. Faisons comme cela, après tout c'est vrai qu'avec cette chaleur un petit rafraîchissement était la bienvenue.

« Et bien soit, allons nous chercher à boire. » Disais-je sur un ton chaleureux alors que mes yeux donnaient l'impression de cacher une idée noire. Mais il n'en était rien. « Avec cette chaleur, ça ne peut nous faire que du bien. » Poursuivais-je en suivant donc le mouvement.

Elle avait l'air de s'inquiéter sur le fait qu'elle devait quand même travailler sur son stand. Par conséquent, il était naturel que le stand élu pour notre pause était plutôt proche du sien. C'était néanmoins une bonne décision. Avec les mouvements de foule on aurait pu être ralenti et perdre de vu son lieu de travail éphémère.

« Ne t'en fais pas, nous allons rester juste à côté pour que tu puisses y retourner dès que tu le désires. » Disais-je toujours aussi chaleureusement. « Quant à ton ami non, je n'ai pas encore eu l'occasion de le rencontrer personnellement. » Dévoilais-je en me tournant vers Taichi. « Je m'appelle Kamichi Buraito, je suis un dernier année du lycée de Namimori et je sais qui tu es car je suis policier à mi-temps dans cette ville et au vu des dernières attaques récentes nous faisons attention à qui foule le pied sur nos terres. » Révélais-je avec la volonté que ce soit naturel, mais pourtant mon visage donnait malgré moi encore l'impression que je disais ça de manière un peu suspicieuse et malsaine.

Sur ce, sans en dire plus, je commandais tranquillement la boisson mais j'attendais que tout le monde soit servi afin de pouvoir commencer à boire. Simple question de politesse. J'avais d'ailleurs choisi une petite limonade aromatisée au melon, c'était délicieux. Évidemment, je profitais de la présence de Sakura et de ma rencontre avec Taichi, mais je gardais dans un coin de la tête le fait qu'une personne inconnue avec une tenue de travail d'une entreprise locale se trouvait juste ici aujourd'hui. Est-ce qu'il allait se passer quelque chose ou était-ce simplement mon imagination ? Ma raison dirait que ce n'est rien et que je vois le mal partout, en revanche, mon cœur m'indique que quelque chose de louche était en train de se tramer par ici. Je profitais donc du moment présent en faisant extrêmement attention à ce qu'il se passait autour de moi. Simple question de sécurité.

Quant aux autres, comme dit plus haut, je n'ai pas la volonté de prendre l'ascendant sur ce qu'il se passait. Je leur laisse libre court à leurs envies et j'allais me contenter de suivre leur démarche. Avec un peu de chance cela allait me faire découvrir certaines choses. Et avec encore un peu plus de chance, j'allais peut-être réussir à apprécier.

Lorsque les équipes étaient à peu près formées, le jeune parrain se dirigeait vers les fauteuils pour les préparer à l'utilisation. Pendant la préparation, il recevait un appel de Rihan. Depuis le temps qu'ils avaient échangé leurs numéros, c'était bien la première fois qu'il le contactait dans un moment où ils étaient tout les deux censés travailler pour une bonne image du lycée mais surtout de la ville. C'était beaucoup trop étrange, il s'était sûrement passé quelque chose. Alors il décrochait, sans dire un mot, rien mais pas un soufflement de panique. Et il l'écoutait attentivement.

Rihan était dans un état critique, il venait de recevoir une balle dans le ventre et deux mafieux gigantesques siégeaient actuellement à Namimori. Directement après qu'il ait terminé l'appel, il a directement envoyé un message à Katsu pour le prévenir et a envoyé un message groupé à sa famille pour leur avertir qu'il faut retrouver Rihan et le protéger le temps que les secours arrivent. De l'autre côté, il envoyait également un message à Yuri en lui demandant de contacter Saphyr pour intervenir en urgence. Puis quand il s'était retourné, il voyait deux géants arriver tranquillement vers son stand et il envoyait un dernier message à Arun en écrivant : Ils sont devants moi.

Une fois fait, il s'avançait à son tour sans absolument aucune crainte. Et alors qu'il s'attendait à une confrontation sans prendre en compte l'entourage, l'approche avait été toute autre. Ils demandaient les deux à également participer. Il leur répondait avec un faux sourire chaleureux mais néanmoins très convaincant qu'ils étaient les bienvenus. Et évidemment Hakuba ainsi que Mikasa étaient déterminés à faire leur match contre les deux. Zuran avait accepté sans sourcillé, ce serait une bonne occasion de les jauger car au vu de leur carrure, il ne comprenait même pas pourquoi ils s'étaient encombrés d'un pistolet.

Il devait réussir à passer le message à Hakuba, le jeune policier de Namimori qu'il y avait un souci avec les deux. Mais il ne pouvait pas dire ouvertement qu'il y a seulement moins d'une heure l'un des deux a tiré sur Rihan... Il allait donc faire quelque chose qu'il n'avait pas encore fait pour les matchs antérieurs. Il vidait plusieurs bacs sous la table et les déposait vide sur le stand.

« Les fauteuils roulants sont faits spécialement pour le sport et peuvent être relativement légers pour assurer une bonne vitesse mais sont par conséquent fragiles. Je vous demanderai donc de déposer vos effets personnels dans ces bacs afin de m'assurer qu'ils ne se retrouvent pas abîmer après utilisation. » Disait-il tout sourire.

Évidemment, Mikasa et Hakuba n'avaient absolument rien à cacher donc ils s'y étaient appliqués directement. Mais là, alors qu'il pensait avoir mit les deux assaillants en échec... Autant Ember que son bras droit Daiko avaient également vidés leurs poches et pourtant aucun pistolet. Ils ont décidé de venir en confrontation directe sans s'armer d'une quelconque façon que ce soit. Mais c'est qui ces types ?! Alors oui, étant donné qu'ils ne sont pas armés... Hakuba n'avait forcément pas du tout réagit au fait qu'ils puissent être dangereux.

« Désolé, moi avoir chaud, moi jouer autre fois. » Disait l'un des deux avant de récupérer ses affaires.

Merde... Le jeune parrain ne pourrait pas voir ce qu'ils valent correctement sur le terrain. Alors que Zuran avait accepté que le dénommé Ember se retrouve face au policier et Mikasa, l'autre restait donc de l'autre côté du stand. Il pourrait peut-être compter sur le fait qu'il connaisse mal la langue pour contacter tout le monde afin d'agir en conséquence. Et alors que le match commençait, le malentendant avait attrapé discrètement son portable avant de ressentir l'ombre du géant qui s'était placé juste derrière lui avant de déposer sa main gigantesque sur l'épaule du petit parrain.

« Si tu penses pouvoir profiter d'un manque de connaissance linguistique, alors c'est raté Kitamura-kun. » Disait le géant en exerçant une pression mentale énorme sur Zuran.

Il se sentait prit au piège. Il a pu dire à Arun qu'ils étaient en face de lui mais il ne peut pas dire qu'ils sont en train d'agir pour bloquer leur champ d'action. Contrairement à ce qu'il pensait, ils ne sont pas en train de lancer une guerre de sang. Ils sont en train de combattre dans une guerre d'action et le but du jeu et d'empêcher l'autre d'agir. Merci Rihan de l'avoir prévenu, sans ça, ils auraient eu ce qu'ils cherchaient sans même les voir arriver. Ils sont grands, forts et manifestement endurants mais ils sont aussi stratèges... Assez pour que Zuran ne sache pas quoi faire instinctivement. Même Shilia ne l'avait pas mis dans cette position. Le serpent agit sur la surprise, là ils font ce qu'ils veulent à la vue de tous sans leur permettre de réagir. C'est comme voir une gangrène se propager doucement sans avoir la possibilité de pouvoir se soigner soi-même. Dans ce cas-là, pour traiter la gangrène il faut un chirurgien pour amputer mais là, il n'avait aucun chirurgien aux alentours pour stopper cette propagation. Le dénommé Daiko savait que Zuran savait ce qu'il s'était passé, alors autant passer aux choses sérieuses.

« Vous êtes venus déclarer une guerre ? » Demandait Zuran pendant que les trois autres faisaient leur match en voyant que Ember se retenait contrairement aux autres.

« Nous ne sommes pas obligés d'en arriver à là. » Répondait Daiko, sa main énorme toujours sur l'épaule du petit parrain. « Nous cherchons quelque chose qui nous appartient. » Rajoutait-il.

« Et donc au lieu de venir directement en parler avec le parrain des lieux, vous avez décidé de vous en prendre à un de ses hommes et de le blesser grièvement ? » Réagissait Zuran montrant ainsi que selon les lois de la mafia il était considéré qu'ils avaient eux-mêmes lancés le conflit.

« Oui. » Répondait Daiko froidement en assumant pleinement leur erreur. « Il a refusé de nous laisser passer pour venir chercher notre bien, alors on l'utilise pour faire passer un message. » Continuait-il d'un ton tout à fait serein. « Car après tout, si ton Nuage s'est retrouvé totalement impuissant face à nous, qui dans ta famille pourra nous confronter directement ? » Questionnait-il à Zuran.

L'enfoiré... Il connaissait aussi bien les cours théoriques sur les flammes que Zuran. Il savait que les Nuages sont ceux qui progressaient le plus rapidement dans une famille. Et même si Rihan n'est pas un gardien du malentendant malgré qu'il ait voulu le faire croire, il n'empêchait pas que son ami restait un détenteur de la flamme du Nuage. Entre celui qui joue à jeu égal avec Hakuba et Mikasa sans donner ses pleins moyens pour faire durer la partie et l'autre qui est déjà d'attaque en cas de conflit... Il était facile de voir qu'ils n'avaient eu absolument aucun mal pour mettre Rihan hors d'état de nuire.

« Si on vous donne ce que vous cherchez... Est-ce que vous repartirez sans poser de problèmes ? » Demandait Zuran afin de connaître une autre voie de sortie.

« Oui. » Répondait Daiko.

« Qu'est-ce que vous cherchez ? » Questionnait Zuran.

« Maria. » Disait Daiko.

Mais... Ce n'était pas quelque chose qu'ils recherchaient... Mais quelqu'un. Ils parlaient de quelqu'un comme si c'était un simple objet... Les sourcils du parrain se fronçaient peu à peu alors que la lumière de ses yeux commençaient à s'intensifier tant la colère qu'avait provoqué Daiko était en train de monter. Il n'arrivait pas à se retenir, un léger filament sur son front se manifestait peu à peu montrant ainsi sa flamme qui naît peu à peu sur son front. Il ne pouvait pas laisser passer ça ! Il n'arriverait pas à vivre avec le fait de donner quelqu'un à des personnes qui ont versé le sang et se prête à lancer une guerre pour mettre la main sur quelqu'un. Il ne pouvait pas accepter de donner quelqu'un qui aux paroles de Daiko montrait qu'elle n'était pas bien traitée ou considérée comme de la simple marchandise. Zuran se mettait réellement en colère et ce qu'il ne savait pas. C'était que Daiko venait de recevoir un message écrit sur son téléphone. Message écrit qui avait poussé Daiko à rappeler Ember avant de dire qu'ils devaient quitter les lieux le plus rapidement possible.

Le jeune parrain ne comprenait absolument pas ce qu'il venait de se passer. Le mafieux géant l'avait relâché et ils étaient partis aussi vite qu'ils étaient venus. Mais dès l'instant où ils se sont éloignés, alors Zuran envoyait un résumé de tout ce qui venait d'arriver.

Quelle ambiance, un vrai petit havre de paix. Il était si jaloux de ne pas faire parti de l'organisation du festival. Tout avait l'air... si normal. Il aimerait l'être aussi. Il ne se considérait pas comme une sorte d'élu de la prophétie ou touché par une forme de grâce divine. Il avait juste apprit que sa naissance avait été prématurée par l'assassinat de sa mère encore en pleine grossesse. Il avait apprit que malgré tout il avait une facilité pour être en contact avec la flamme de la dernière volonté. Il avait apprit que la ville où on l'a amené bébé pour être recueilli était destiné à devenir un champ de guerre. Il a vu l'un des plus gros combattants des plus gros ennemis à qui ils feront face plus tard. Il a apprit que la famille à qui il avait fait la promesse de leur rendre service était la cible principale de ceux qui feront de ce monde un immense terrain de jeu.

Au final, il a juste apprit beaucoup de choses... Trop de choses qui menaçaient ce qu'il aurait voulu protéger. Alors il a manipulé tout le monde pour être rejeté afin de ne penser à rien d'autre qu'à sa survie et sa progression. Et étant donné qu'une menace directe était présente à Namimori par son biais alors ils n'avaient pas d'autres choix non plus que de progresser rapidement à leur tour pour contenir la menace. Mais ce n'était pas suffisant, il avait aussi eu connaissance de qui serait les traîtres de la ville plus tard. Alors il a tout manigancé pour les faire disparaître. Cependant, les personnes qu'il considérait comme ses alliés ne savaient pas qu'il avait purgé la ville de ceux qui provoqueraient leur chute. Tout ce qu'ils voyaient, c'était qu'il avait tué leurs amis. Et aujourd'hui, ils le diabolisaient tellement qu'ils n'avaient pas fait attention au fait qu'il leur faisait du mal en utilisant un style qui n'était pas le sien.

Toutes les troupes sont affaiblies, il a même réussi à obtenir une information sur un départ en urgence. Il ne savait pas de quoi il en retournait, mais il savait que l'un des plus grands combattants de la ville allait bientôt partir et ne reviendra probablement pas. Alors il avait préparé quelque chose qui allait changer et bouleverser l'avenir de la ville entière. Il était temps, temps pour que Shilia entre en scène et fasse son attaque finale. La toute dernière qu'il infligerait à Namimori. Il montait sur la toute petite estrade faite maison par Zuran pour l'annonce du résultat de sa tombola. Il en saisissait le microphone, l'allumait et le rapprochait de sa bouche. Le premier son que le micro avait capté ? Le son d'un cliquetis suivi par de grosses vibrations très puissantes dans tout le sol de la ville dues à de multiples explosions tout autour de Namimori. Des explosions si violentes que les extrémités de la petite ville de campagne étaient délimitées par des colonnes de nuage noires à cause des incendies que les explosions avaient provoqués. Toutes les routes reliant Namimori à l'extérieur étaient désormais condamnés par des bâtiments vides qui s'étaient écroulés après avoir chuté à cause des bombes.

« Je ne sais vraiment pas ce qui me fait le plus mal entre le fait que je n'ai pas pu participer à ce festival ou le fait que vous n'avez même pas vu qu'un ennemi était présent sur votre territoire alors que j'ai pensé vous avoir assez préparé pour ça. » Disait le serpent. « Bonjour à tous ! Pour ceux qui ne me reconnaissent pas à travers ce nouveau visage, je m'appelle Shilia Nakamaru. » Poursuivait-il en s'inclinant.

Pour ceux qui n'avaient pas compris, un autre ennemi se cache parmi les festivaliers. Un vrai ennemi, il ne parlait pas de lui-même malgré les apparences et pour le coup il savait que seulement un seul petit pourcent auraient la logique nécessaire pour comprendre qu'il venait de révéler qu'il parlait bel et bien de quelqu'un d'autre. Est-ce qu'il allait dire ouvertement de qui il s'agissait ? Non, car durant les trois prochaines heures il avait encore besoin de faire croire qu'il était la menace directe de Namimori afin de pousser tout le monde dans leur dernier retranchement pour une progression soudaine. Alors au lieu d'indiquer qui était l'ennemi présent, il se contentait de mettre sa main dans sa poche et de ressortir un nouveau détonateur.

« Ce petit bijou n'est pas un simple détonateur. Il a pour ordre d'exploser s'il venait à être désactivé ou si mes fonctions vitales venaient à se stopper. » Révélait-il en lançant le fameux détonateur dans les mains de Eden Mc. Campbell. « J'ai fabriqué ce petit jouet car je sais que votre malentendant préféré a fait une progression fulgurante et que sa colère envers moi peut me mener au risque de mourir encore une fois. » Expliquait-il très calmement sur une expression faciale très neutre. « Alors j'ai décidé de prendre une sorte de sécurité afin de m'assurer qu'il puisse combattre avec sa colère sans qu'il en soit dominer. C'est à lui de dompter sa colère, pas l'inverse. » Disait-il. « Mais même si elle venait à exploser, vous ne mourrez que quelques secondes avant de renaître pour concrétiser votre dernière volonté. » Rajoutait-il cette fois-ci tout sourire. « Étant donné que vous êtes trop faible pour faire face à ce qui vous attend après moi, j'ai décidé de faire de toute la ville de bons soldats au service de la mafia de Namimori. » Finissait-il en descendant de l'estrade pour se mettre face à Zuran Kitamura, laissant ainsi seulement une demi-douzaine de mètres de distance entre les deux.