Ouais, c’est ça. Tu doutes de lui. Comme avant, quand tu ne savais jamais ce qu’il avait dans la tête. Si c’était pour te faire chier, t’aider sincèrement ou te faire craquer comme toutes les autres.

Où est passé le lien que t’as ressenti pour lui quelques minutes plus tôt. Où est la confiance ?

C’est fou. Comme depuis le début de ta vie, tout te ramène à la fragilité des choses. Une personne, un mot, un sentiment est là. Et l’instant d’après, plus rien.

Mais ses dernières paroles te rassurent un peu, ceci dit.
Sur le fait qu’il ne veut pas t’imposer quoi que ce soit. Qu’il n’attends rien de toi. Qu’il veut te protéger.
Tu l'écoutes, les bras croisés. Un air légèrement préoccupé dans tes yeux.

“Si c’est avec moi, tant mieux, sinon tant pis.”

Tu inspires, laissant traîner un silence. Tes yeux se détournant trahissent ta réflexion. En vérité tu sais ce que tu veux malgré cette partie de toi qui a peur d’être trahie.
Tu veux que ce soit avec lui. Pas forcément en tant que copine, ni en tant que compagne, mais tu veux que ce soit avec lui.

Alors tu décides de faire un pari. Tu as envie de lui faire confiance, mais tu as besoin de preuves. T’as besoin de temps. Alors t’es pas obligée de tout donner tout de suite. Mais tu veux croire que ça pourra donner quelque chose.

-Pour l'instant, on peut déjà commencer par être amis.

Tes yeux sont plongés dans les siens.

-De vrais amis.

Ta diction emphase sur la dernière phrase, montre qu'elle est importante, que ce n'est pas seulement un label fade, ni le fameux "tes sentiments me touchent mais je préfère qu'on reste amis". C'est important pour toi, c'est une véritable porte que tu ouvres.
Parce que tu as beau être toujours entourée, tu n'as que très rarement considéré quelqu'un comme étant suffisamment de confiance, et suffisamment précieux pour être réellement considéré comme un égal. Quelqu'un de fiable sur qui tu peux te reposer. Quelqu'un que tu veux garder dans ta vie
Et tu sens que c'est pareil pour Rihan aussi. Combien existe de personnes qui font vraiment partie de son cercle ?

Bref. C'est sorti. C'est pas parfait et ça te soule, mais au moins c'est sorti. Et le sujet est clos

-Donc…

Un très léger sourire taquin nait sous tes airs princiers.

-Ton grand oncle cherche à te trouver une femme à marier ?

Putain. C’est le rollercoaster, cet échange. Rien n’a de sens. T’es tellement sur la défensive. Mais aussi tellement heureuse qu’il ait dit que ça lui va. Il sourit comme un imbécile et ça te fait des fourmillements dans les poignets.

Il te rappelle Peter.

C’est douloureux, et en même temps, ça t’apporte tellement de châleur. T’en pleurerais.
Sauf qu’il perd son émotion, ça te brise le coeur putain. Est-ce que t’as dit une connerie ? Tu voulais juste le chercher un peu, toi. Mais il semblerait que le sujet soit sensible. Ton sourire se perd, ton expression s’aligne avec le sérieux de la situation. Rien de ce qu’il est en train de se passer n’était prévu, de toute façon. Tu t’adaptes. T’acceptes tout.

-Mais quel connard.

Comme ses parents putain. Tu m’étonnes que vous connectiez autant. Vous avez les mêmes parasites capables de vendre votre cul pour une bonne opportunité.

-J’sais bien, Rihan, j’ai vu tes notes.

Tu notes que ça te fait plus rien, maintenant. Alors que ça te faisais tellement chier. Enfin si, ça te donne envie de le dépasser quoi, mais c’est plus la même, énergie. Cette fois, c’dst pas grave si tu perds.
Tu t'adosses sur le mur, l’écoutant patiemment, les sourcils inconsciemment froncés. Ptain, tu te reconnais tellement dans son récit. Quelle ironie.

-Et toi, tu veux faire quoi ?

Ça t'échappe, c’est plus fort que toi, comme une vieille habitude.

-Ta clope, Rihan. Va pas en mettre partout.

Mais en réalité, tu t’en fous un peu. Tu la ferais brûler si t’avais le choix, cette putain de barraque.
Je l’écoute et c’est bizarre. Parce que j’aime bien être là et l’écouter. D’ordinaire, ça m'agace, les gens qui racontent leur vie alors que j’en ai rien à cirer. Mais là j’en ai quelque chose à cirer, faut croire.

Et t’écarquilles mêmes les yeux parce que putain, mais wtf Rihan, dans quoi tu t’es encore fourré ??

-Le qu-

T’as pas le temps de réagir qu’il te retourne déjà la question. C-comment il sait pour la mafia ?? Et comment il- mais il T’AGRESSES AVEC UN PUTAIN DE DEMI CALIN MAIS VA TE FAIRE FOUTRE DELINQUANT DE MERDE !!
Avec un petit grognement, tu poses ta main sur son visage pour l’éloigner de toi. Il se laisse faire avec un sourire, auquel tu réponds par un profond air à mi-chemin entre le jugement, le mépris et le dépit.
Ptit con va.

Tu croises les bras, pousses un soupir hautain, avant de redevenir un peu plus sérieuse. C’est bizarre. Aussi court et insignifiant soit-il, ce petit échange que vous avez eu était presque marrant. Tu détournes le regard vers le mur. C’est la deuxième fois qu’on te pose la question en moins d’un mois.

- Je sais pas du tout. Juste profiter, je suppose. J’ai jamais fait autre chose que ce que mes darons m’ont demandé, donc j’ai jamais pu expérimenter grand chose d’autre.

Le mannequinat comme le piano, comme le chant et comme les dîners, tout ça te laisse indifférente. Mais alors pour ce qui est de ce qui te fait envie…

-Mais une chose est sûre, c’est que c’est fini. Je laisserais plus ces fils de putes me dicter quoi que ce soit.

Cours dur pour ta grand mère, Eden. Pas top, elle t’a rien fait de mal, elle.
Tu hausses les épaules. C’est pour moi, cet air jemenfoutiste ?

-Mais pour la mafia, je sais pas. C’est comme tout le reste. Mais je peux l’utiliser pour avoir la vie que je veux, d’une certaine manière. Je réflechit à comment m’y prendre. Ça commencerait par me barrer d’ici. Je deviens folle entre ces murs.

Moin moin moiiiiin. Pauvre gosse de riche qui a tout mais qui n’est pas contente quand même. Tu te sens un peu pitoyable au fond. Surtout devant Rihan. Mais bon. Encore une fois, tu as décidé que t’accepterais tout ce qui découlerait de cette conversation. Que ça vienne de lui ou de toi.
Mais par contre t’as pas fini d’entendre tout ce qui devrait venir de lui. Tu te plantes devant lui, en fronçant les sourcils de nouveau.

-Mais bref. C’est quoi cette histoire d’anneau ? Et quel parrain ?? Je croyais que tu ne voulais pas avoir affaire avec la mafia !

C’est ce que tu avais déduis du tout premier échange que vous avez eu, à ton arrivée à Namimori. Tu plantes tes mains sur tes hanches.

-Et ça fait deux fois que tu me parles de spiristisme. Y a un truc que je devrais savoir ?

Est-ce que Rihan est medium ? Honnêtement, ça te choquerais plus, à ce stade.