Son commissaire l'avait fait venir dans son bureau très tôt ce matin. Comme un bon petit soldat, il s'était présenté avec une demi-heure d'avance. Il en avait profité pour faire le café pour tout le commissariat et s'était présenté dès que son supérieur l'avait happé. Hakuba se retrouva donc face à lui tout en écoutant ce qu'il allait devoir faire. L'affaire le toucha presque personnellement quand il se rendit compte que cela concernait des enfants. Il hocha la tête et prit l'affaire avec détermination. Des jeunes personnes étaient en danger et il ne fallait pas plus pour cela devienne sa priorité actuellement.

Le harcèlement était un des pires problèmes du Japon. Il était déjà assez rare que des personnes portent plaintes, il était encore plus rare que les policiers réagissent à une plainte. Autant dire que le lieutenant était assurément heureux que ce soit le cas pour son escouade. Il prévient chaque membre de son équipe qu'aujourd'hui il allait sur le terrain. Après avoir échangé trois mots avec eux, il délégua les missions annexes de leur brigade. Il vérifia que tout se passe bien pour eux, et se dirigea au pas de course vers le Lycée de Namimori.

Il avait entendu des rumeurs sur ce lycée. Il paraîtrait qu'il y avait eu des personnes incroyables à l'intérieur quelques années auparavant. Certains auraient même vu un enfant en caleçon avec une flamme sur la tête faire des trucs incroyables. Il avait du mal à croire à cette légende urbaine mais vu la tête de deux de ses collègues... il devait y avoir un fond de vérité. Les pompiers avaient bien du gérer leurs affaires. Il sourit à cette pensée. Il n'avait pas encore rencontré ses collègues du feu d'ailleurs ! Il faudrait qu'il ait leur faire coucou un de ses jours.

Une fois arrivé au portail, il se mit droit en attente de la personne qui devait venir l'accompagner. On lui avait annoncé que ce serait le psychologue de l'établissement. Il avait confirmé l'idée lui-même, annonçant qu'il n'y avait pas mieux pour pouvoir discuter avec des adolescents. Il se savait pas mauvais pour ce genre de choses, mais il préférait quelqu'un qui avait tout les ressorts que de le faire seul. Il sourit grandement quand il vit arrivé un homme, un peu plus petit que lui et avec une présence assez forte. Il s'inclina automatiquement en retour, un peu plus bas pour montrer son respect et ses remerciements.

« Bonjour et enchanté Yao Shi-san ! » Il lui prit la main avec une bonne poigne de cowboy comme on dit dans le milieu. « Hakuba Hao, lieutenant de Namimori, on m'a assigné cette enquête. Je suis très heureux de pouvoir travailler avec vous ! »

Il lui lâcha la main et hocha calmement la tête. Évidemment qu'il allait lui faire voir les dossiers. Il était hors de question qu'il ne partage pas la globalité des informations qu'il avait avec son partenaire. Il adorait ce genre de moment où il pouvait rencontrer des personnes en dehors de la police. Il adorait tout simplement le contact avec les gens non ? Oui, assurément.

« Bien-sûr. Si cela ne vous dérange pas, je pense qu'il serait mieux qu'on puisse se poser dans un café pour voir tout ça. » Il pensa un instant au petit café qu'avait ouvert Sakamoto.

Son sourire s’agrandit et il fit un peu de place sur le trottoir à côté de lui. Il pencha la tête vers le psychologue. Finalement, cette situation ressemblait à un début de série policière. Il trouva ça un peu drôle.

« Je vous paie le petit-déjeuner pendant qu'on regarde les dossiers. »

Tranquillement ses pas le guidèrent au café juste à côté du lycée. Ils seraient plus tranquille là.

L'inspecteur ne put se retenir de rire quand il lui dit que ça ne le toucha pas. Il se trompait. Il était profondément atteint par ce genre de chose. Toutefois, il refusait assurément que cela déforme son travail. S'il se retrouvait à ne pouvoir se concentrer sur ses tâches, alors ce crime resterait impuni ! Il était hors de question que ça arrive, il devait agir contre le mal et sauver les personnes qui risqueraient d'être touchées par ces actes. Il offrit un large sourire à son acolyte quand il accepta le petit-déjeuner et lui expliqua ensuite son avis sur ses questions précédentes.

« Je suis nouveau à Namimori, mais ils sont assez rares, c'est même la première fois qu'ils ont ce genre de plainte. Par contre, mes collègues m'ont expliqué qu'il y avait eu beaucoup de bizutages à une époque sans qu'aucune plainte ne soit jamais dépose. Je suppose qu'il y a une culture de ce genre de chose ici. » Cette fois, ses sourcils étaient froncés signe qu'il était sérieux. Son sourire n'en devient que plus charismatique, presque un pastiche. « Je suis évidemment touché par ce qui arrive. Ceux sont des élèves, des jeunes personnes qui sont touchées. Mais si j'étais troublé par ça pendant que je suis dans l'exercice de mes fonctions : je serai un flic à mettre à la poubelle. C'est mon devoir d'agir. »

Il poussa la porte du petit café avec un grand sourire pour le patron qui les accueillit avec sa fraîcheur habituelle. Cette bonne personne lui faisait tellement de bien. Il était rayonnant et motivé à faire du mieux qu'il pouvait partout autours de lui. C'était exactement ce qu'il fallait pour que le monde tourne. Il devrait lui proposer un autre barbuc ce dimanche, peut-être en faire une tradition avec les voisins ? Quelle magnifique idée, il lui en parlerait ! Pour le moment, il y avait plus urgent que les grillades.

« Bonjour Sakamoto-kun ! J'ai pu passé mais malheureusement ce n'est pas juste pour te dire bonjour. Je vais te prendre un double expresso¹ s'il te plaît. Je te présente mon partenaire sur mon enquête, Yao Shi-san. »

Rayonnant comme toujours, il se tourna vers son partenaire et lui offrit de s'asseoir à ses côtés au bar du café. Ils allaient évidemment interroger le barrista à propos de ce qu'il avait pu entendre. Après tout quoi de mieux que de commencer une enquête avec l'une des personnes qui connaissaient le mieux les élèves. Mais pour le moment, il déposa les notes de la plainte devant le jeune homme une fois qu'il fut assis. Le laissant commander, il profita de sa lecture pour discuter avec son voisin.

Dans les dossiers, Yao Shi pouvait lire une plainte vis-à-vis d'un jeune homme qui avait vu pas mal des filles de son école avec de gros bleus après être passé au troisième étages de l'école. Quand il leur avait demandé ce qu'il s'était passé, elles lui avaient dit qu'elle ne pouvait pas en parler. Quelques jours plus tard, ce même garçon avait fini par subir un harcèlement scolaire de la part des filles qu'il avait voulu aider, une ignorance d'une grande partie des élèves et même quelques garçons venus réclamés du frics d'après eux comme ils avaient le droit de le faire. Le jeune homme était actuellement à l'hôpital après avoir refusé de les payer. Ce n'est pourtant pas lui qui a porté plainte. La plainte a été déposée anonymement. Il y aurait rapidement eu d'autres plaintes vis à vis d'autres étudiants dans des cas similaires.

Hakuba sourit doucement à Manami :

« Je suis désolé de t'embêter mais est-ce qu'il t'ait possible de répondre à certaines de mes questions ? Connais-tu Hasakura Mineta ? » C'était le nom de la victime à l'hôpital.

Habuka écouta calmement le blond parler. Il restait très calme alors qu'il sortait la plus grande arme du policier, le carnet de note. Il commença à écrire tout ce que venait de lui dire le jeune adulte. Il fallait bien tout noter pour rien oublier dans la recherche. Il regarda un instant le psychologue à côté de lui. Il semblait tout à fait capable de faire le travail que lui ne pouvait pas faire : juger les gens. Son sourire resta le même mais dans son cœur, il fut plus confiant pour cette affaire. Il espérait vraiment que ça se passe bien.

Il y avait donc une bande de garçon et un surnom. Cela signifiait que contrairement à ce qu'on pouvait penser il n'était pas seul dans cette histoire, en tout cas, il fut entouré. Il fallait fouiller là dessus. Les élèves en seraient sûrement plus. Pour ce qui était du troisième étage, il n'y avait malheureusement que très peu de commentaire dessus de la part du barrista. Ce n'est pas grave, il les avait aidé sur des points extrêmement importants. Il était sûr de pouvoir faire confiance à son ami. Il finit rapidement son café tout en continuant de noter ce qu'ils avaient.

Il regarda ensuite l'accessoire que lui tendit le blond. Il cligna des yeux et sourit très doucement en voyant le petit chat. Celui-ci avait pas mal d’égratignures que lui-même pouvaient voir. Il avait dût être accroché très souvent à quelque chose. Nul doute que ça allait manquer à celle qui l'avait perdu. Il le prit avec lui et le regarda encore un peu avant de constater qu'il n'était bien qu'un simple petit accessoire. Sa tête se redressa vers Manami. Il sourit grandement :

« Nous retrouverons sa propriétaire Sakamoto-san. »

Sa tête se tourna ensuite vers son compagnon de route. Il lui offrit un léger sourire et finit par reprendre la discussion :

« Yao Shi-san, est-ce que vous avez déjà entendu parler de ça ? Nous pourrions aller  voir quelques élèves ainsi que le troisième étage nous-même.»

Il sortit sa carte bancaire devant Manami, son sourire redevient communicatif et ouvert.

« Je te paie Sakamoto-san. On va y aller dès que Yao Shi-san a fini son café. » Il avait de toute façon finit le sien depuis un moment.

Il était motivé, comme toujours !

Le jeune homme écouta calmement son homologue. Évidement, le boulot administratif était toujours énorme quand on arrivait quelque part. Il fallait malheureusement toujours le faire. Il se gratta la tête en écoutant aussi les dernières phrases du jeune barrista. Il avait fait de son mieux pour répondre à leurs interrogations mais s'il ne savait pas, il ne pouvait pas en dire plus non plus. Il ne voyait toutefois pas le problème avec l'odeur de vieux congélateur... Bon ça sentait pas très bon, mais si Manami avait ce langage, pourquoi pas ? En gros, ça puait, et c'est tout ce qu'il fallait retenir de cette phrase. Il sourit grandement à nouveau.

« Merci ! »

Ils sortirent ensuite du café. Hakuba regarda son collègue une nouvelle fois. Il commença à donner les informations qu'il avait de son côté en plus.

« Hasakura devrait être là si vous voulez. Je pensais aller le voir en fin de journée quand nous aurons plus d'informations. Il faudra refaire un tour du bâtiment demain de toutes façons. On doit croiser un maximum les informations que nous avons. Je propose d'ailleurs d’appeler Hasakura, Hasamine pour la journée. Si nous voyons un comportement étrange de la part de certains, nous pourrons ainsi être sûr qu'ils ont un rapport de prêt ou de loin avec lui. De plus, nous devons absolument voir le troisième étage et les personnes qui y sont présentes. C'est la meilleure façon de comprendre ce qu'il s'y passe. »

Après avoir fini cette petite tirade, il sourit grandement à son partenaire. Il était particulièrement satisfait de ce que donnait leur collaboration pour le moment. Il avait réuni assez d'indices pour que ça en devienne intéressant. Avec un peu de chance cette affaire pourra être finalisée dans la semaine. C'était assez rare que ça se déroule assez bien d'ailleurs. Il fit tourner le porte clef chaton. Est-ce qu'il devait y avoir autre chose avec ceci ? Il le rangea ensuite, toujours en train de se demander s'il n'y avait pas quelque chose qu'ils n'avaient pas vu. Hum.

Il hocha la tête quand il arriva enfin à prendre en compte la demande de Shi-san. Il l'appellerait comme il le souhaitait, c'était une forme de respect. Par contre, il se rendit compte que ce prénom ne sonnait absolument pas japonais. Il cligna des yeux et regarda le jeune homme. Il ne comprendrait jamais rien avec les différentes cultures. Il ne voyait tellement pas la différence que cela en était affolant. Il était un peu bête, et il le savait. Simplet, peut-être ? Peu importe, son regard se tourna vers la grande école. Il sourit grandement, à nouveau.

« Bon, ce troisième étage !  Allons voir où est allé Hasamine. »

Eden McCampbell, ce nom lui disait bien quelque chose. Il fronça les sourcils en essayant de se remémorer où il avait bien pu entendre ce patronyme. Il se doutait que ça ne devait pas venir de Namimori, après tout, il était assurément trop jeune dans la cité pour connaître vraiment ceux-ci. Il mit deux doigts sur son menton, essayant de trouver la relation entre ce nom et ce qu'il fallait voir ensuite. Il hocha doucement la tête tout en suivant les directives de son partenaire. Quand finalement, ils finissent assis dans une salle libre, les petits yeux d'Hakuba regarde la magnifique adolescente.

Il se dégage d'elle une véritable intelligence et une certaine candeur, en même temps, elle a l'air d'être capable d'avaler un homme si elle décide qu'il a été injuste avec elle ou les siens. Hakuba sent monter encore sa motivation devant cette jeune femme. Elle a la pêche, elle est puissante, elle est forte ! Il a envie d'hurler à ses côtés dans un élan de jeunesse surpuissance ! Elle doit vivre parfaitement ces rêves. Pourtant, ses paroles sont très professionnelles, loin de ceux à quoi il s'attendait. Mais où est donc la flamme de la jeunesse d'Eden ? Est-ce qu'il est possible de la perdre ? Il n'espérait pas ! Bon sang, faites qu'elle revienne parmi les vivants, elle le méritait ! En plus, déléguée, des délégués des délégués... Sacré poste !

L'inspecteur sourit grandement à la jeune demoiselle.

« Bonjour, je me nomme Hakuba Hao, inspecteur pour la police de Namimori. Enchantée de vous rencontrer, McCampbell-sama. On nous a déposé par mal des plaintes pour cause d'harcèlement dans l'enceinte de l'établissement. Nous avons un cas critique d'un garçon, Hasakura aussi dit Hasamine ; il est actuellement à l'hôpital pour coups et blessures. Des jeunes femmes semblent avoir été confrontées à ce type de violence aussi aux troisième étage du lycée. Est-ce que vous savez quelque chose ? »

Avec sa voix calme, presque angélique dans son héroïsme, toute sa bonté transpirait de son corps. Il ne pouvait émaner que du soleil d'une personne avec une dévotion aussi profondément juste et une envie d'aider à ce point ouverte sur le monde. Il ne voyait rien comme quelque chose de moche, et rien ne pouvait être déplacé pour lui. Son sourire continuait d'accompagner son corps vers un univers plus radieux et il espérait que ça allait détendre la jeune demoiselle et ainsi leur donner quelques pistes en plus. Il comptait sur le psychologue pour accentuer ces propos s'il en oubliait.

« N'hésitez pas à nous raconter ce qui vous passe en tête, même si ça vous semble insignifiant, cela pourra nous aider à éviter que les événements ne recommencent. »