Épisode 1 ♬

- Tu m'as regardé de travers LÀ ?

Tu ne sais plus comment ça avait commencé. Enfin si. Tu étais sur le chemin du retour après ta journée à l'école. Il y avait ces trois types dans la même rue que toi, un que tu pensais avoir déjà aperçu à Namimori et deux autres dont les uniformes indiquaient un autre établissement scolaire. L'un d'entre eux t'était rentré dedans avec l'épaule. Il avait claqué de la langue et t'avait foudroyé du regard d'un air menaçant et dominant, faisant à peu près ta taille.

- Tu sais pas regarder où tu marches pauvre con ? , t'avait-il sorti en japonais.

Tu t'étais juste contenté de le regarder. C'était souvent comme ça que ça commençait avec toi. Un regard, et l'autre se sent menacé. C'était juste ton cerveau qui n'avait pas eu le temps d'enregistrer les informations. T'étais auparavant plongé dans tes pensées, on ne peut pas te le blâmer. Mais c'étaient eux qui t'étaient rentrés dedans et non l'inverse, de ça tu étais certain. L'autre se braque et se penche sur le côté, toujours dans la menace :

- Tu m'as regardé de travers LÀ ?

Tu n'avais rien dit mais voilà déjà les trois types en train de t'encercler. Ils ont des têtes de sales crevards, penses-tu. Et bien sûr c'était sur toi que ça tombait.
Tu analyses la situation et parles pour la première fois.

- Il me semble que c'est à vous de vous excuser.
- Eeeeeeeeeeeeee ?

Tu ne cherchais pas spécialement la merde. Mais ton côté bien élevé ne concevait pas l'idée de t'excuser à la place des véritables fautifs.

- Tu te crois supérieur à nous espèce de kusso gaijin ?

Bien évidemment pas le meilleur move si l'on veut éviter une confrontation avec ce que tu appelles des sales crevards.

- Vous m'êtes rentré dedans. Je ne m'excuserai pas pour quelque chose que je n'ai pas fait.

Il y avait quelque chose que tu dépréciais plus que tout, et c'était le manque de respect.

- Mais c'est qu'il veut la bagarre le petit con ??

Tu as envie de soupirer. Tu les regardes fixement, cherchant les mots pour désamorcer ce que tu savais déjà amorcé dès le moment où tu avais refusé de te courber. Sauf que c'est pire. Une veine apparaît sur la tempe du type, les trois ont l'air de plus en plus énervé. Ils se mettent à craquer des poings.

- Très bien, tu l'auras cherché, kusso gaijin.
- On va t'apprendre le respect chez nous !
- Enfoiré.

Cazzo.
Un premier coup de poing arrive, tu l'esquives. Tu recules de quelques pas et pares le second qui arrive.

E merda.
Il semblerait que tu doives te défendre, car aujourd'hui tu n'as aucunement envie de rentrer avec des côtes cassées.
Le troisième type fonce vers toi. Tu t'écartes sur le côté au bon moment pour ensuite lui foutre un violent coup de jambe dans le tibia, le faisant s'écraser sur le béton.

- KISSAMA !

Les deux autres sont sur toi. Tu pares le premier coup avec tes coudes et évites le second. Tout s'accélère d'un coup. D'un balancement de hanche, tu envoies voler ton poing dans la mâchoire d'un des deux types, sauf que celui que tu avais collé au sol se relevait déjà, enragé comme un chien. S'ils cassaient ta garde, t'étais vraiment dans la merde. Alors comme on dit, la meilleure défense reste l'attaque. Tu passas à l'offensive, les faisant reculer en intensifiant tes coups un instant pour délimiter une distance de sécurité temporaire. Leur garde était assez branlante, alors quand tu vis une ouverture, ton pied partit s'enfoncer dans l'estomac de celui qui t'était auparavant rentré dedans. Il s'écroula, le souffle coupé. Tu te pris un sale coup de poing dans la joue de la part de son copain. Tu lui rendis la faveur, le saisissant ensuite par le col pour le jeter par terre, fonçant immédiatement sur le troisième qui courrait justement vers toi et lui rentrant dedans comme un taureau pour le renverser. Il se fit embarquer par le mouvement. Les trois étaient au sol, pantelants.
Tu espéras qu'ils lâchent l'affaire. Mais leur fierté était trop salement atteinte.

- Je vais te crever sale connard !

Tu ne t'estimais pas spécialement rôdé au combat. Mais tu avais de l'expérience dans les bastons de rue au fil des années à te taper des emmerdes similaires.

Épisode 1 ♬

L'autre sort un couteau.
Cazzo di merda.
À ce moment, il se fait soulever par son bras armé. Littéralement.
C'est la première fois que tu vois un truc comme ça. Rien ne s'affiche sur ton visage cependant. Tu ne savais pas ce que te voulait ce type aux cheveux rouges. Tu n'avais pas la stupidité de faire des conclusions à la hâte. C'était rare que quelqu'un vienne en aide comme ça et encore moins gratuitement. Ça pouvait facilement tomber de Charybde en Scylla.

Quand il parle de ticket de caisse, il semble perdre aussi bien les types qui t'avaient agressé que toi-même. Une tactique pour les déstabiliser ? C'était une possibilité. Tu surveillas du coin des yeux les deux types qui étaient restés au sol, un peu ébahis par l'apparition de cet autre géant.
Plus tu y réfléchissais et plus ce type te disait quelque chose. Tu étais certain de l'avoir déjà vu quelque part.

- L-l-lâche moi ! , couine le type au couteau dont le bras doit bien souffrir à ce moment-là.

Tu ne dis rien et toises les deux autres qui semblaient beaucoup moins sûrs de leur victoire soudainement. Ça se voyait qu'ils calculaient et qu'ils concluaient que ça ne valait pas le coup de se faire massacrer par cette masse de muscles au sourire flippant. Ils commencèrent à reculer dans l'idée de se barrer quitte à abandonner leur pote derrière.
Toi, tu fixais simplement la scène. Tu évaluais ta situation à vrai dire. Étais-tu sorti d'affaire ou est-ce que ça allait tourner de nouveau au vinaigre ? Tu guettais la réaction de l'invité mystère, puisque tout en dépendait.

- O-onegai !

Merda, il te disait vraiment quelque chose. Tu ne l'aurais pas rencontré à la salle par hasard ?

Épisode 1 ♬

... Ok, drôle de surnom. Tu hausses légèrement un sourcil, le regard toujours aussi noir et vif. Mais au moins ça confirmait ton ressenti.

Tu te tendis quand il plaça son bras sur tes épaules. Surtout à ses mots. Tu levas lentement les yeux vers lui sans perdre en contenance. Tu te demandas s'il était sérieux et si tu devais trouver un moyen de le neutraliser. En sachant que tu ne faisais probablement pas le poids. Mais... S'il avait voulu t'immobiliser, il n'aurait pas posé son bras sur tes épaules. Il t'aurait saisi par les aisselles. Aussi imprévisible ce type semblait-il, tu avais l'impression qu'il faisait ça plutôt pour décourager le trio déjà mis à mal mentalement. Ça ne t'empêchait pas de te préparer à te barrer si jamais.

Les trois types étaient pâles. Le gars à l'opinel déglutit et le replia lentement. Il tenta un sourire mal assuré.

- Voyons, c-c'était une blague... On va vous l-laisser hein... :D

Quelques pas en arrière avec ses deux potes avant de s'enfuir sur leurs jambes flageolantes.
Pitoyables.