R adoter, verbe intransitif, activité préféré de ce spectre qui décidément aime bien ma compagnie. Autant, il peut être mignon. Autant, c’est un peu chiant.

« Tu sais, tu pourrais aller ailleurs, s’il te plaît. »

Dis-je en Suédois, je parle tout seul pour un regard extérieur. Mais la chaleur m’empêche de penser un peu loin. On m’avait prévenu pour les hivers, mais les étés sont un enfers. Même Dante n’en voudrait pas. J’exagère un peu. Au moins, je peux retrouver mon espoir dans une boisson fraîche. À peine ouverte que le liquide affreusement sucrée envahi mon palais. Le noyant dans ses addictifs aux E suivi d’un nombre entier qui dépasse allègrement les cent.


Alors que ma marche me conduit aux rares endroits ombragés, je suis bien forcé de constaté l’invasion de spectres qui suivent les gens. Je ne pose pas vraiment mon regard dessus. Je me pose le plus proche de la source d’ombre. Pourquoi avoir congé ? Pour un anniversaire qui n’était pas le mien. Pas celui de mon frère non plus. Juste parce que j’avais trop travailler. Je pensais le Japon moins regardant sur ce genre de choses. Ou peut-être que c’était quelque chose de culturel. Il y avait un festival ? En plus de celui de l’école. C’était la saison en même temps. Devais louer un yukata ? Je me gratte le menton. Un yukata. C’était peut-être une solution.

Je tente de me lever de ma place stratégique, ré-affronter la chaleur infernale que le soleil, que je le hais en ce moment. Je préfère l’hiver. Ma marche se fais avec prudence, évitant les endroits trop rempli de cet asphalte brûlante. De ces bruits d’insectes agaçant. Je ne comprenait pas en quoi c’était relaxant. Je préfère autre chose. Je retrouve mon calme habituel proche d’un petit magasin climatisé, polluant, mais je les aime.  

RLe magasin sonne, comme à son habitude il laisse filtrer une musique légère. Ça me fait souvent sourire d’entendre l’éternelle ritournelle des Idols du moments. J’aime bien la musique, mais j’ai un soucis avec ce système mettant en avant des mineures. Mais j’étais pieds et poings liés de ce côté. Soupirant, je m’écarte de l’entrée pour me dirigé vers le rayon frais le plus proche…

Quelle vaine… De l’alcool… Je ne touche pas à ses choses. Contrairement à un spectre qui me parle.

« Voilà quelque chose qui pourrait te décoincer... »

Il a de la chance d’être invisible à la plupart des gens, car sans ça, je lui aurait fait un sermon sur le fait que c’était peut-être ça qui l’avait tué. Mais à la place, je lui laisse faire des insinuations douteuses. Je n’étais pas le seul à être poursuivi par des spectres, certaines personnes sont très entouré. C’était le cas de ce jeune homme à un look digne d’un jeune chanteur de Visual Kei. Dont certains étaient du genre protecteurs. Ah, ils m’ont remarqué. C’est bien ma vaine.

Je prenais une boisson fraîche, puis me tourna pour prendre deux flans. Pourquoi deux ? Le deuxième était pris par habitude. À ce moment, j’ai dû penser à mon jumeau qui adorait tout ce qui était sucré. Moi ? Je ne sais pas. Il ne reste qu’à payer. Sauf que le type à la caisse regarde le jeune homme. Et les fantômes ? Je salue poliment d’un signe de tête discret. Après tout, je me vois mal entamer la discussion comme ça : « Hey tu sais que tu suivis par trois fantômes ? »

Je me grattais le cou avant d’y aller. Autant ne pas trop en faire.

« Un soucis monsieur et jeune homme ? »

Il est plutôt grand en taille. Mais il semble jeune. Mais quel point ? Assez pour créer de suspitions de la part du vendeurs qui d’habitude ne fait pas vraiment attention à ce genre de choses. Peut-être que c’était un de ces employés saisonniers, un universitaire peut-être ?

« Je suis sûr que vous pouvez vous arranger messieurs. »

Mais prenez votre temps, plus je reste, plus je suis au frais.  

Décidément les spectres suivant ce garçon étaient protecteurs. Car la policière me parla. Inutile de faire semblant de ne pas l’entendre. Je lui fis un mini-sourire l’écoutant parler avec enthousiasme. C’était mignon la façon dont elle sortait les griffes, une vrai maman tigre.

« Je vois. »

Je lui disais ça d’un ton calme, et assez bas. Je faisais un sourire.

« Je compte sur vous ma chère. »

Je m’incline légèrement. Avant de hausser un peu la voix. Toujours avec un ton d’un calme.

« Excusez-moi monsieur le vendeur. Je me porte garant de ce jeune homme. Ne vous en faites pas. J’en prends toutes les responsabilités sur les éventuelles retombées. »

L’homme me fixe avant de laisser le jeune homme acheter les cigarettes. Je lui fais un sourire avant. Je ne sais pas comment ce garçon va prendre mon coup de main. Mais je fais confiance à cette demoiselle fantôme. Elle semble pas le genre à faire quelque chose sans raison. Puis je pense que lui parler changera un peu des spectres qui me suivent. Puis c’est une Nayaka. Ce nom est déjà venu dans une enquête. Du coup, je dois deviner que ce garçon en est un. Son fils. Au Japon, j’aurai sûrement le nom de ma mère. Mais je suis née en Suède, je porte le nom de famille de mon père.

Je passe à mon tour pour présenter mes achats et mes papiers. Y compris ma plaque. Je lui fais un sourire.

« Tout ça restera entre nous monsieur. »

Je n’aime pas vraiment jouer de ce côté perfide, mais mon jumeau n’aurait pas fait mieux pour obtenir ce qu’il voulait. Je pose mon argent avec un sourire récupérant tous mes papiers. Je ne les laissera pas là. Hors de question, en tant que représentant de l’ordre, je connais les risques de les perdre plus que n’importe qui. Mais alors c’est là que l’ennui revint à moi. Ah non, pas dehors. Pas le choix...  

 Je ne sais pas si c’était vraiment une bonne idée, mais ces informations données pourront être utiles. Ne négliger aucune piste, c’est ce que me disait parfois mes aînés. Ces esprits qui semblaient vouloir autant mon bien que mon mal.

La demoiselle reste à mes côtés, je me gratte le menton à ses mots. Je me souviens que j’ai un peu fouillé les dossiers, mais pas assez. On ne fait pas totalement confiance, je suis un étranger aux yeux des japonais, même si la moitié de mes origines sont ici. Cela ne compte pas. A force de faire comme ça, il vont devenir difformes les vrais japonais . Ce n’est pas moi qui le dit, mais l’histoire de l’Europe. Mais bon, je ne suis personne pour jouer leur père.

« Je vois, je vais les retrouver. Parce que votre disparition est quelque chose de triste. Mais certains dossiers sont dangereux... Je n’ai rien à perdre à tenter de retrouver vos preuves, vos enregistrements et vos mots. »

Quand elle s’enflamme, ça ne me surprenait pas vraiment, j’avais certains esprits le faire devant mes yeux. J’avais une temporalité sur ce méfait, et je devais aller vite avant que le dossier ne soit classé à jamais sans suite. Je peux les retrouver selon elle. Donc je peux le faire. Dépasser ce qui retiens, c’est à dire pas grand-chose. Parce que j’avais fait mes preuves dans un certain sens.

« J’avoue que j’ai jeté un œil dans ses dossiers de la police, un jour, mais c’était pour vérifier une théorie personnelle. Mais fouiller plus profondément, non, j’en suis navré chère demoiselle. C’est pour ce cas, que je le ferai. »

Et je suis sincère, pour ce qui est de ma théorie personnelle, j’en parlerai à personne. Parce que c’était personnel. Trop peut-être. Mais j’étais heureux de savoir que je me sois trompé dans ce cas.