Cela percuta le sol juste à côté de lui. Quand il remarqua le corps sans vie, ses yeux eurent un cours instant toute la tristesse mais aussi l'acceptation du monde. Il savait comment la guerre se déroulait. Il savait qu'il reverrait ce genre de chose en arrivant. Pourtant, contre son instant naturel et humain de fuite, il choisit de s'abaisser pour prendre le nom de cet autre être humain. Il s’appelait John Guywamoch. Il n'avait que 26 ans et déjà, il s'était retrouvé dans une guerre intestine entre différents fronts qui avec le temps oublieront pourquoi ils se battent. La guerre n'avait pas de sens à la base, elle ne satisfaisait qu'une poignée. Sa petite main ferma les yeux du mort, et en redressant le visage, il put voir qu'il allait devoir faire de même avec une dizaine de corps.

Son regard continua sur la droite, à la recherche de survivant. La bombe avait dût les surprendre. Au vu de la réaction des êtres et de la façon dont le corps avait fini à côté de sa marche. Toutefois, il sentait à travers la terre quelqu'un d'encore présent. Ses petits pas collectèrent avant tout les noms, ferma chaque œil avec la précaution d'un père. Il se fichait bien éperdument de qui fut avec qui, pour quand et dans quel but. Leur vie aurait pu être autre chose. Il en était persuadé. Leur famille serait de toutes façons informées, et il sera présent pour les accompagner. C'était le chemin qu'il avait choisi en tant qu'arcobaleno. Son travail était avec les civils, la mafia ne l'intéressait que peu ; les forces de l'ordre aussi, au passage...

Quand tout fut calme, il s'avança vers le survivant. Avec un sourire paisible, il remarqua les traits étrangers de ce jeune homme. Baissant les yeux, il comprit au vu de sa tenue qu'il devait venir d'un pays assez développé d'Asie. L'amande de ses yeux donnaient une vraie annonce sur son origine aussi, japonaise sûrement. Pour le reste, il se fia à un peu de chance.

« Bonjour Kitamura-kun. Ne bouge pas trop. » Calmement, il déposa sur ses épaules une petite couette. Même s'il se doutait qu'elle n'aurait d'importance, il y tenait. « Allons dans un meilleur endroit. »

La voix de l'arcobaleno était grave, signe qu'il fut un homme de prestance avant de se retrouver minimiser à ce stade. Il ne se présenta pas tout de suite, préférant être un point à fixer pour le jeune garçon. Il n'avait pas besoin d'entendre ou de voir plus de l'horreur. Pour le moment, il préférait l'éloigner. Tant qu'il ne savait pas où était son mentor, son propre travail était de le mettre en sécurité. Non pas pour ce qu'il représentait, mais pour qui il était : un être humain. Comme tout ceux dont il avait récolté à contre cœur les noms.