Évidemment, la réaction de ce fantôme commençait à faire débat dans la famille. Tout le monde commençait à parler hormis Polly, Michael et bien sûr Tommy. Certains étaient d'accords avec Tim, comme Arthur qui le disait haut et fort mais rétorquait que ce n'était pas une raison pour se foutre de la gueule de sa famille. John quant à lui leur a fait un doigt d'honneur avant de commencer à se tirer. Ada a commencé à monter sur ses grands chevaux et leur cracher des insultes aux Sutton. Puis finalement, le seul fantôme présent depuis le début qui n'a pas décroché un mot depuis les retrouvailles prenait finalement la parole.

« Bon, c'est pas tout mes biquets ! » Disait Alfie en tapant dans ses mains. « Après ce magnifique discours mélo-dramatico-pro-victime de l'esclavage et des trafics humains suivit par ces magnifiques échanges pro-nationalistes digne du Front National de France, je vous propose tout simplement qu'on ferme tous notre grande gueule car après tout ce n'est pas à nous de nous manifester. Capiche ? Mmh ?! » Rajoutait-il en regardant tout le monde sans que personne n'ose prendre la parole.

« John, tu vas avec Arthur pour aller faire du repérage et essayer de trouver des endroits suspects où nos ennemis pourraient se cacher. Ada, tu t'occupes de souffler des idées dans l'oreille des personnes susceptibles de pouvoir nous être utile. Michael, tu t'occupes de gérer la trésorerie que nous allons établir au Japon. Polly, tu gères les équipes. Devon, tu vas essayer de perturber les potentiels gêneurs. » Disait Tommy, directif. « Quant à toi, soit tu continues de te comporter comme le brave toutou de ton petit fils ou alors tu fais confiance à ce que nous pouvons faire ensemble et tu vas espionner des mafieux. » Finissait-il en observant Tim. « Toi Alfie, va voir ton fils. » Rajoutait-il avant de se taire pour prendre une nouvelle clope, une fois de plus.

Tout le monde était parti, tout le monde sans exceptions. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été seul mais pour le coup, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Il avait juste l'impression d'avoir soudainement moins de problèmes. Enfin ce n'est pas grave, il fumait sa cigarette tranquillement et regardait Rihan.

« Nous avons de la famille ici. » Disait-il normalement. « Et nous sommes venus pour faire perdre la guerre à vos ennemis qui sont aussi les nôtres. » Rajoutait-il en attendant de voir s'ils allaient continuer de parler dehors ou s'ils allaient discuter autre part.

Tommy avait tout simplement suivi le jeune gitan tranquillement dans un lieu qui avait l'air assez délabré. Oui, bas de gamme est synonyme de délabré et pourtant il avait grandi dans une ville où il pleuvait de la suie. Enfin, passons. Une fois arrivé, il s'était tout simplement servi un verre de whisky quand Rihan lui avait demandé s'il souhaitait prendre quelque chose avant de soudainement prendre la parole en regardant le jeune homme dans les yeux.

« Approfondir ? » Demandait Tommy en se raclant la gorge. « Nos ennemis comptent changer le monde à leur image et la bataille va se concentrer ici-même, qu'est-ce que tu souhaites savoir de plus ? » Rajoutait-il en le regardant suspicieux.

Est-ce qu'il le prenait réellement pour un con ? Un peu oui mais ce n'est qu'une simple réponse de courtoisie venant d'une question invitant le parrain à déballer toutes ses informations sur un plateau d'argent. Mais ceux qui connaissaient ce vieux soldat, vous savez qu'il n'est pas du genre à tout donner si facilement et gratuitement. Comme dit auparavant, ils ne sont personnes ici. Il s'est déjà gracieusement montré à Rihan en dévoilant sa famille alors non, il n'aurait pas le reste si simplement. C'était un mafieux, pas un bénévole de médecin sans frontières.

Il attendait quelque chose, cela se voyait clairement sur son visage d'autant plus qu'il était en position de force. Le gamin avait l'air belliqueux et borné, autant commencer le jeu de la soumission tout de suite en ne lui disant pas amen aussi rapidement. Du coup il s'allumait une clope très tranquillement sans dire un mot pour fumer de manière très détendu finalement avant de siroter un peu son verre. C'était la première fois depuis longtemps qu'il n'avait pas pu boire et fumer sans que ses fantômes le suivent. Sérieusement, à ce rythme il aurait pu leur demander de la lui tenir pour pisser que ça ne l'aurait même pas choqué que quelqu'un le fasse réellement.

« Il est temps Rihan, tu veux protéger ta ville et te mêler aux histoires des plus grands alors nous allons parler comme des grands. » Disait-il avant de s'asseoir sur la zone la moins crasseuse mais néanmoins sans broncher. « Que me proposes-tu en échange de mes informations ? » Demandait-il en le regardant très sérieusement.

Thomas Shelby ne disait plus rien du tout, il ne faisait que fumer en observant son interlocuteur pendant qu'il disait ce qu'il avait à dire. La seule parcelle de son corps qui se mouvait à l'heure actuelle, c'était son bras rapprochant sa clope de sa bouche et ce même bras l'en éloigner entre chaque inspirations. À sa question sur son âge, il ne réagissait pas non plus. Il était toujours assis avec son mollet gauche sur le sommet de sa cuisse droite, son coude droit posé sur l'accoudoir de sa place assise, sa main gauche ouvrant sa montre à gousset pour observer l'heure de temps en temps. Pour finalement commencer à se mouvoir, il sortait un vieux dossier militaire et il l'avait envoyé sur ce qui leur servait de table.

Ces documents indiquent son identité, son âge qui est de 115, le fait qu'il soit un héro de guerre de la toute première mais aussi de la seconde, reconnu comme étant un chef de petit gang se trouvant limité à la ville de Birmingham pour ensuite s'étendre doucement jusqu'à Londres qui l'a mené peu à peu à avoir autant de pouvoir dans l'ombre que le Roi dans la lumière. Tout un panel de faits d'armes divers et variés, accusé d'avoir volé des armes secrètes à son pays mais non prouvé, sauvé d'une condamnation à mort par Winston Churchill en personne qui estimait le gangster, détenteur de titre de propriétaire de plusieurs orphelinats.

« Un échange d'informations est possible lorsque celui avec qui tu marchandes a besoin de ces informations. » Disait-il en expirant sa fumée et en se redressant pour attraper son verre et en boire une gorgée. « Et il ne faut jamais négocier quand tu te trouves en position de défense, ça te désavantagera en permanence et je vais t'en donner un exemple. » Rajoutait-il en écrasant son mégot dans le cendrier. « Je mets tout en œuvre pour que la guerre se finisse et soit gagnée sur ton territoire et m'engage à payer les possibles dégâts matériels pour les civils. » Disait-il en plongeant son regard dans celui du gamin. « Je ne veux que deux choses en échange. » Continuait-il, marquant une pause. « Je veux te former pour que tu sois mon atout principal contre nos ennemis, il est temps que les Peaky Blinders ne se limitent plus aux Shelbys. » Poursuivait-il sur un ton assuré. « Et je veux que ta famille ramène la mienne à la vie. » Finissait-il en lui donnant une enveloppe contenant des anneaux vierges.

Il ne disait rien de plus, il ne regardait pas son marché en fonction de la valeur et de ce qu'il pouvait prendre à Rihan. Il regardait simplement au nombre de services, il en donnait un au petit et le petit lui en donnait deux en retour. Il n'avait pas non plus préciser dans quelle mesure Rihan serait son potentiel élève, c'était à lui d'analyser Thomas Shelby et de déterminer ce que cela pourrait potentiellement impliquer. Une absorption de son groupe par les Peaky Blinders ? Un retrait de Rihan dans son propre groupe pour rejoindre Tommy ? Un banal contrat de partenariat ? Une soumission totale ? Il voulait voir comment le gamin l'imaginait, il était curieux, alors en attendant il se rallumait une clope et la fumait tranquillement.

Il restait de marbre et écoutait attentivement ce que Rihan avait à lui dire. Il ne réagissait pas plus que ça au dossier de Thomas Shelby et c'était bien. Mais le héro de guerre ne disait rien de plus pour le moment, il gardait son rythme et l'imposait dans la conversation. Il permettait une réflexion silencieuse et optimale autant pour l'un que pour l'autre. Alors en attendant, il buvait une nouvelle gorgée de son verre d'alcool. Puis après avoir plongé son regard dans celui du jeune garçon, il reprenait la parole.

- Je ne vais t'expliquer qu'une seule chose. Disait-il en tirant une bouffée de sa cigarette. Va avec ces anneaux dans les endroits où chaque membres de ma famille ont le plus marquer le territoire pour augmenter tes chances de réussite. Ajoutait-il avant de décroiser les jambes pour reprendre une posture plus solennelle.

Oui, cela impliquait de confier son propre territoire à Thomas Shelby durant son absence. Mais en échange, Thomas Shelby lui confiait ses espoirs de retrouver les siens.

- Un cœur contre un cœur monsieur Sutton. Rajoutait-il sans en dire plus, pensant que Rihan comprendrait que c'était une marque d'engagement et d'entente mutuelle.

L'ambiance avait changé, elle n'était plus dans une volonté de confrontation pour comparer la taille de leur membre viril. Actuellement, elle se tournait sous une forme de confidence. Il n'était pas sujet de business, mais d'une promesse et d'un premier étape d'apprentissage, de réel apprentissage.

- Tu as ça dans le sang Rihan, tu comprendras une fois sur place comment utiliser ces anneaux. Disait-il calmement. Ar me an miro rat o zor fun bri'njo pas tcheav kas boucarelo kun me kamen. Avait-il dit dans sa langue natale en déposant son mégot dans le cendrier.

Pour un non initié, cela voulait dire que son sang à lui, lui permettait de savoir où aller et vers qui se tourner pour avoir ce qu'il veut. Montrant ainsi qu'il avait une réelle confiance dans les capacités de Rihan et qu'il était réellement prêt à suivre une voie commune pour son bien personnel comme celui de ce petit gangster et de son territoire.