Caractère

Mesquin et taquin, gentil et protecteur, sérieux et froid, colérique et violent, silencieux et observateur. Shawn passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il n'a jamais de caractère correctement établi. On peut prétendre le connaître uniquement quand on connaît les fondements de la construction de son esprit.

Il n'est pas quelqu'un de mauvais mais il peut se salir les mains si cela permet de sauver des dizaines et des dizaines de vies. Il n'est pas idiot mais peut largement se dénoncer à la place d'un proche pour épargner son ami d'une sanction dont il ne se relèverait probablement pas. Il se comporte comme un imbécile heureux pourtant il est probablement l'un des plus grands génies de son domaine. Il n'est pas très sportif mais peut tenir un face à face contre Mike Tyson si cela en valait le coup. Il n'est pas très chétif mais peut se faire voler par un enfant s'il estime que le conflit n'est pas intéressant à gagner. Il n'est pas de la classe des défavorisés et pourtant il préfère une bonne vieille 206 plutôt que la nouvelle Tesla. Il est un représentant de la loi et pourtant il pourrait défendre corps et âme un assassin. Il ne fait absolument aucune différence avec quoi que ce soit. Il ne prend pas en compte les classes sociétales et la hiérarchie. Il se sent égal à tout le monde et veut que tout le monde se sente égal face à lui.

Bon, sinon j'ai beaucoup dit ce qu'il n'était pas. Donc je peux aussi dire ce qu'il est : Il est un abruti et un cas social notoire qui est bourré et défoncé en permanence. Il check les flics de son quartier et se fait embarquer en dégrisement en permanence. Tout le monde lui reproche de ne pas être sérieux pourtant il n'a pas l'air de comprendre pourquoi personne ne veut de lui comme associé. C'est un couillon qui sait littéralement débrancher son cerveau car il considère que l'intelligence mène au calcul et que le calcul empêche de voir la vie aussi belle et pure qu'elle est sans avoir besoin de se battre pour un quelconque pouvoir.

Histoire

« Veuillez répondre à la question monsieur Shelby Nayaka. Avez-vous tué votre client ou pas ? » Demandait le procureur.

Vous saviez qu'il n'y avait pas que la conduite sur les routes que les anglais font inversement par rapport au reste du monde ? Tenez, prenez exemple : C'est aussi le cas dans les procès. Ce sont les accusant qui doivent prouver la culpabilité de ceux qu'ils attaquent et non à la défense de prouver son innocence. Vous imaginez donc que si Shawn était à la barre en tant qu'accusé, cela voulait dire que l'attaquant avait des preuves qui tenaient la route. Mais il était couru d'avance que cela se terminerait ainsi. Aucune surprise pour le p'tit branleur de la justice anglaise, cet avocat considéré comme étant de seconde zone, celui qui était vu comme la petite écharde dans le doigt qui allait rapidement mener le tout à une infection.

Qui aurait cru que ce vieil enfoiré en serait arrivé à de telles extrêmes pour faire couler la famille du rouquin ? Alfie Solomons n'avait jamais été quelqu'un de très fiable, son camp variait autant que la côte de popularité des partis politiques de gauche et de droite. Mais de là à provoquer tout cela ? Il n'y avait pas d'autres termes pour désigner le fait que c'était un fils de pute. Heureusement, Shawn en était également un.

« Non, je n'ai pas tué mon client. »

« Mmh mmh... Quel genre de relation aviez-vous avec lui ? »

« C'est simple, il était mon client et j'étais son avocat. Quand il avait des problèmes, je les réglais et en échange il payait la facture. »

« Et personnellement ? Comment cela se passait entre vous ? Avant de répondre, je tiens à vous rappeler que vous êtes sous serment.»

« Haaaa... C'était un connard, un trou du cul de première qui trahissait ses amis dès que le moindre centime pouvait tomber dans sa poche. Je suis bien content qu'il soit mort. »

« Vous êtes sûr de vouloir dire ce genre de choses en plein milieu de votre procès pour accusation de meurtre ? »

« Cela dépend, vous avez quoi contre moi ? »

« Une lettre signée de sa main vous indiquant comme le plus intéressé et le plus gagnant dans un possible proche assassinat. »

« Cela ne vaut rien. Étant donné qu'il est décédé, je ne suis plus soumis au secret professionnel et j'aimerais vous adresser une liste de témoins potentiels représentant une bonne dizaine de faussaires avec qui il était régulièrement en contact, assez pour que l'un d'entre eux puisse imiter sa signature pour le compte de quelqu'un d'autre. Ce n'est par conséquent pas une preuve recevable étant donné la facilité avec laquelle elle peut être faussée. »

« Notre preuve n'est pas irrecevable, elle vous désigne comme coupable par la victime elle-même. »

« Et moi je viens de vous donner une liste qui montre que n'importe qui aurait pu être responsable de ce meurtre. Étant donné que vous êtes l'attaquant, c'est à vous de prouver ma culpabilité comme je viens de prouver que cette lettre ne vaut rien car elle a pu être écrite par n'importe qui le temps qu'une enquête n'a pas été faite pour s'assurer si oui ou non elle vient bien de Alfie Solomons. »

« Objection votre Honneur, il n'a pas intégré cette pièce parmi les preuves pouvant l'innocenter. »

« Contre-Objection votre Honneur, on m'a prit par surprise au point de devoir me défendre tout seul en ayant croupi en prison durant le début de ce procès. Je n'ai pas eu d'accès quotidien aux différents dossiers et ait pu me préparer avec seulement deux bouts de papiers et un crayon cassé. »

« Votre Honneur, il n'avait qu'à prendre un avocat commis d'office. »

« Alfie Solomons était en contact régulier avec la plupart de mes concurrents, je ne pouvais pas me permettre de devenir un simple dossier pro-bono. »

« Ça suffit ! » Disait le juge. « La caution de Shawn Shelby Nayaka est fixée à 1 000 livres. Le procès aura lieu dans deux semaines le temps que la défense puisse monter un dossier et ce, à effet immédiat. » Finissait le juge en tapant de son marteau.

L'accusé était tout sourire, il venait de diviser sa caution par 50. Par contre, on pouvait apercevoir le dégoût et l'amertume de la défaite dans les yeux du procureur. Alors que Shawn remballait ses affaires, il passait pour sortir du tribunal afin de payer son dû pour qu'il soit libre jusqu'à la décision finale. En passant devant son adversaire, il lui faisait un clin d'oeil et devant les flics qui l'avaient escorté, il faisait le signe d'un baiser bien provocateur avant d'arborer un sourire victorieux. Une fois dehors, une personne l'attendait avec une portière de voiture ouverte.

« Adam ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? »

« Je suis venu te chercher, gros malin. »

« Mais il était plutôt probable que je retourne en prison, pourquoi es-tu quand même venu ? »

« Parce que je savais que tu gagnerais cette manche. »

« D'accord... Dans ce cas, pourquoi tu n'es pas venu voir comment ça allait se passer ? »

« Parce que je savais que tu gagnerais cette manche. »

« … M'ouais » Répondait-il en montant dans la voiture.

« J'ai une information pour toi. Ton adversaire n'a aucun passé, aucune histoire en tant que procureur. Un véritable fantôme. » Disait Adam tout en conduisant son petit-fils chez lui.

« Cool. »

« Comment ça cool ? »

« Bah ça veut dire qu'il vient d'être nommé procureur et qu'il n'a pas l'expérience des procès. C'est tout bénéf' pour moi. »

« Toi non plus tu n'as pas vraiment d'expérience dans le domaine. Je te rappelle que 98% de tes affaires se sont réglées par des négociations sans passer devant le juge. »

« C'est vrai, mais j'ai 2% d'expérience en plus que lui. »

« Si tu le dis, continue d'être aussi naïf et tu vas vraiment finir par prendre la perpétuité pour un meurtre que tu n'as pas commis. »

« Qu'est-ce que tu en sais que je ne l'ai pas commis ? » Demandait Shawn très sérieusement.

« … POUAHAHAHAH !! » Hurlait Adam en rigolant et tapant son volant.

« Hé ! Je peux être méchant moi aussi ! » Répondait-il en fronçant les sourcils.

« Oui oui... bien sûr. » Surenchérissait Adam en s'essuyant une larme.

« Changeons de sujet avant que je sois vexé. Pourquoi on m'envoie un nouveau en pâture alors que quelqu'un veut me faire porter le chapeau pour la mort du roi de Camden Town ? »

« J'en sais rien. »

« Si, tu sais. »

« Oui je sais, mais je ne te dirais rien. »

« Pourquoi ? »

« Les ordres viennent d'en haut. »

« Mais... c'est toi le chef de la famille. »

« Arrête. Je le suis parce qu'il est trop vieux pour aller sur le terrain et moi j'ai encore les ressources nécessaires. Mais d'un point de vue stratégique, il est toujours notre chef à tous. »

« … C'est Thomas qui ne veut pas que tu aides ton petit-fils ? »

« Je refuse de répondre à cette question et si tu ne veux pas t'attirer ses foudres alors tu devrais arrêter de poser des questions et chercher par toi même. » Disait Adam en restant très calme et déposant Shawn devant chez lui. « Tu n'as qu'à lui prouver que tu es aussi malin qu'il le prétend et il arrêtera de tester tes capacités. » Rajoutait-il avant de lui faire un signe de la tête pour ensuite repartir aussitôt.

Sa propre famille savait quelque chose mais ne comptait pas le lui dire. Comment pouvait-il préparer sa défense si on lui cachait des choses ? Ils n'avaient vraiment pas l'intention de l'aider et au-delà de ça, le laisser dans l'ignorance est de l'obstruction à la justice. Mais il ne pouvait pas leur adresser des citations à comparaître parce qu'il était également l'avocat de sa famille... Il était baisé par le secret professionnel car en tant qu'avocat, il ne pouvait pas permettre à quelqu'un de se servir de leur témoignage, au risque qu'on décide de poser les yeux sur eux plus tard. Bordel de merde, Shawn venait de se rendre compte qu'il y avait conflit. Il ne pouvait pas faire appel à sa famille car elle était liée de loin ou de près à Alfie Solomons mais il est l'avocat de sa famille entière par conséquent il ne peut pas les appeler à la barre pour prendre sa défense sinon il sera jugé pour violation des lois et de l'éthique du barreau... Il venait de perdre une pièce précieuse pour lui permettre d'être lavé de tout soupçon. S'il voulait garder cet avantage, il devait accepter le soutien d'un avocat. Avocat dont soit Alfie avait une influence soit Thomas. Même hors jeu, ces rois posaient problèmes et risquaient de l'envoyer directement à l'ombre pour l'éternité.

Il en était hors de question, les deux étaient hors jeu comme il venait de le penser. La seule chose qu'il reste c'est leur réputation, il ne reste plus qu'à les évincer aussi. Le jeune avocat prenait sa propre voiture et avait mit les bouchées doubles afin d'arriver rapidement jusqu'au château des trois frères. À peine arrivé, il voyait John plaquer sa main contre le cul de sa bonne pendant que Arthur riait comme un vieux vicelard. Il s'en doutait, le vieux Thomas avait décidé qu'il ne prendrait même pas sa retraite à rattraper le temps perdu avec ses frangins qu'il n'avait cessé d'envoyer en guerre et sur le champ de bataille. Lorsqu'ils avaient aperçu l'avocat, Arthur arrêtait de rire et de présenter un mécanisme explosif entrant en combustion par un coupe-circuit.

« Tiens, regarde qui voilà John. Le petit rouquinois vient dire bonjour à grand-papy Tommy. » Disait-il d'un air moqueur.

« Tu viens encore lui lécher les bottes ? Tu veux quoi cette fois Shawn ? » Demandait John en laissant sa bonne s'éloigner.

« Il ne veut pas me dire ce qu'il sait sur mon affaire en procès. C'est de l'obstruction à la justice et il risque de me foutre en taule pour ses conneries. Je viens régler mes comptes. » Disait-il de façon très sérieuse.

« Oulah, tu ne rigoles pas on dirait. » Répondait John.

« Ce vieil enfoiré... Tu en es sûr Shawn ? Tu es certain qu'il te cache quelque chose qui pourrait te permettre de gagner ton procès ? » Questionnait Arthur.

« Déjà de un, tu es plus vieux que lui. De deux, si je n'en étais pas sûr, je serais juste venu boire un verre avec vous deux. »

« Mon cul ouais ! Tu viens jamais nous voir rouquemoute de mes deux ! On est peut-être vieux mais on est pas sénile, espèce d'enflure ! » Exprimait Arthur d'un air mécontent en serrant sa canne dans la main comme s'il s'apprêtait à frapper. « Il n'y a pas à dire, Tommy est bien ton arrière grand-père. » Finissait-il en grognant.

« Je n'ai pas le temps pour écouter tes conneries, j'ai un procès entravé par Alfie et ton frère à gagner. » Répondait Shawn en se dirigeant vers la chambre de Tommy.

« C'est ça ouais ! » Disait John en regardant Shawn s'éloigner. « TU NE PENSES À NOUS QUE QUAND TU EN AS BESOIN ! » Hurlait-il en se moquant que tout les employés entendent le reproche.

Il était agacé. Mis à part Adam, il sentait que toute la famille allait lui reprocher de prendre ses distances, qu'il se manifeste uniquement quand il avait besoin d'eux. Ils avaient l'air d'avoir la mémoire courte, ils avaient l'air d'oublier qu'ils l'appelaient lui quand ils en avaient extrêmement besoin et qu'en dehors de ça, on ne le mettait dans la confidence uniquement parce que c'est lui qui les défendait en justice. M'enfin, passons ce détail, ça ne sert à rien de faire un ping-pong avec des reproches comme balle de table et des anecdotes familiales négatives comme raquettes. Une fois devant la porte de la chambre, il frappait à la porte.

« Retourne chez toi Shawn, je n'ai rien à te dire. » Répondait le propriétaire des lieux.

« Moi j'ai des choses à te dire. » Disait l'avocat en tournant la poignée et entrant dans la chambre, voyant son arrière grand-père alité pendant qu'un silence glacial régnait en maître autour de Thomas Shelby.

« En quoi puis-je t'aider Shawn ? »

« Tu le sais très bien Thomas. » Répondait froidement le jeune rouquin.

« Oui, je sais ce que tu veux. Mais je veux te l'entendre dire. » Balançait-il sèchement. « Sinon tu peux prendre la porte et la fermer avec toi de l'autre côté. » Rétorquait le vieux en agrippant une cigarette avant de l'allumer avec ses mains tremblantes.

« J'ai besoin que tu me dises ce que tu sais et ce qui se cache derrière cette affaire. » Demandait d'une voix amère le jeune homme.

« C'est non, tu peux rentrer chez toi. » Disait le vieillard après avoir marqué un long temps de silence.

« Thomas... Je vais finir en prison si tu m'empêches de faire mon boulot. » Argumentait l'accusé d'une voix angoissée.

« Qu'est-ce que tu veux que ça me foute ? Si tu n'arrives pas à t'en sortir sans que je te prenne par la main ce n'est pas mon problème. » Lançait-il froidement tout en inspirant une bouffée de sa clope. « Un véritable avocat chercherait un plan B plutôt que de vouloir faire pression sur la famille qu'il a renié. »

« Je n'ai pas renié la famille, je ne veux juste pas être mouillé dans les magouilles de la famille et en plus je reste aussi dans la lumière pour pouvoir vous protéger dans la légalité ! »

« Et bien nous, nous ne voulons pas tremper dans tes magouilles à toi. Nous ne sommes pas tes avocats et nous avons le droit de ne pas répondre à tes questions sauf si tu peux prouver que nous avons un lien direct avec le meurtre, est-ce le cas ? » Interrogeait-il, buvant une gorgée de whisky irlandais.

« Tommy... Je crois que tu ne te rends pas compte... Tu vas m'envoyer en prison si je ne trouve rien. En prison, avec des détenus qui étaient sous les ordres de Alfie. »

« Alors trouve quelque chose. »

« … Au revoir. » Finissait Shawn sans attendre un potentiel retour de son arrière grand-père.

Il était dos au mur. Il ne savait pas quoi faire pour se dépêtrer de cette situation suffocante. C'est pour cela qu'il avait décidé d'agir à sa façon, à la Shawn Shelby. Cela faisait maintenant une semaine et cinq jours que personne ne l'avait vu, que personne n'avait eu de nouvelles de sa part. Le procureur commençait à être terrifié de ce silence et cette discrétion abominable qui lui mettait une pression d'enfer. Mais il n'avait pas de quoi avoir peur. Après tout, il était simplement chez lui, complètement bourré et défoncé  avec des montagnes de boîtes de pizza qu'il avait utilisé pour faire une maquette de la Tour Eiffel en carton souillé d'huile piquante.

Ce gros con avait juste penser à se détendre pour mieux réfléchir, arrêter de se focaliser sur la possibilité de perdre et rigoler un bon coup pour reprendre toute ses facultés. Mais la fête avait été trop loin. Comme à son habitude, il n'avait pas réussi à s'arrêter et c'est l'un de ses oncles qui l'avait réveillé en le baffant et lui faisant sentir une odeur de putréfaction collée juste sous son nez.

« Oncle Paresh ? » Demandait le fêtard à moitié réveillé.

« Tu n'as plus que 48 heures, tu devrais commencer à te bouger. » Disait-il tout simplement avant de quitter la demeure de son neveu.

Et merde... Plus que deux jours ? Seulement deux jours ? Il devrait réfléchir à trouver un moyen pour repousser la date du procès final. Mais il savait qu'on ne lui accorderait pas si facilement. Il était planté devant sa tour en carton en la fixant et essayait de réfléchir à un moyen de s'en sortir. Puis une idée lui était venue en tête. Bordel de merde c'est ça ! Il n'avait pas du tout perdu de temps, son épisode psychédélique et de beuverie lui avait permit de comprendre sa situation grâce à sa tour Eiffel. D'un pas assuré, il sortait de chez lui en prenant son téléphone et en appelant quelqu'un.

« Adam ?! J'ai compris ! »

« Je t'écoute. »

« C'est le système pyramidale ! »

« Comment ça ? » Disait Adam en feintant l'ignorance.

« Tout en bas, nous avons le public du procès pouvant être témoin de ce qu'il se passe et de la finalité du procès. Ensuite nous avons les jurés, qui prennent une décision de ce qu'ils pensent être le plus juste. Ensuite nous avons la défense et le procureur qui chantent leur guerre verbale. Puis ensuite, il y a le Juge qui met les décisions en pratique. »

« Et ? Je suis censé comprendre quoi ? »

« Si le procureur ne peut pas m'envoyer en prison parce qu'il ne gagnera pas face à moi, cela veut dire que le vrai problème est le juge ! Il a été acheté et c'est pour ça que mon procès va se faire en privé. On m'empêche d'avoir accès aux citoyens pour que l'opinion publique ne puisse pas interférer avec son envie de me foutre derrière les barreaux ! »

« Ce n'est pas logique, pourquoi prendre ta défense lors de la décision de ta caution si c'est pour te condamner ensuite ? »

« Pour que les jurés soient témoins et puissent dire qu'il a été équitable envers les deux partis au cas où son jugement serait remis en cause ! »

« Et bien, une semaine et cinq jours pour comprendre ça ? Bref, tu as une idée ? »

« Oui, je vais veiller à ce que la vérité pèse aussi lourd que la corruption ! » Disait Shawn avant de raccrocher et de prendre sa voiture.

36 heures plus tard, Shawn tapait à la porte d'une maison. Le propriétaire ouvrait et ses yeux montraient sa plus grande surprise. Le rouquin lui avait assaini un coup de poing dans l'estomac avant de lui décoller un uppercut sous le menton afin de l'assommer et de rentrer chez la personne en tirant l'inconscient avec lui. Pendant que la victime roupillait de manière forcée, le rouquin se préparait un sandwich et mangeait tranquillement pendant qu'il riait devant un épisode de How I Met Your Mother. C'est alors qu'au moment où Barney Stinson allait parler de son livre du code pour la première fois que l'inconscient se réveillait. Shawn avait mit l'épisode sur pause aussitôt.

« Yo m'sieur l'Juge. Ça va ? »

« Shawn ? Mais qu'est-ce que vous faites ? Vous vous rendez compte qu'avec ce que vous venez de faire, vous allez vraiment finir en prison et ce pour un bon moment ? »

« Arrêtez de jouer à ça, vous et moi nous savons très bien que vous comptiez m'y envoyer dans tout les cas. »

« … Très bien. Alors j'imagine qu'en tant que bon Peaky Blinders vous allez me tuer pour vous assurer qu'un autre juge vienne faire son travail à ma place. » Disait le juge avec une goutte de sueur qui lui coulait du front.

« Vous devez mal me connaître pour croire que je serais prêt à vous tuer. »

« Alors qu'est-ce que vous faites ici ? »

« Je suis venu ici pour vous motiver à ne pas vous laisser corrompre durant le procès de demain. »

« Qu'est-ce qui vous dit que je tiendrais ma parole ? »

« J'ai ouvert une pétition publique pour que mon procès ne se déroule pas en huis clos afin que les citoyens puissent venir voir ce qu'il se passe. »

« Vous voulez vous protéger à travers les civils ? »

« C'est exactement le cas et j'ai soumis cette liste au parquet ainsi qu'au barreau. Vous ne serez pas protégé si vous mentez sur votre verdict. »

« Et vous êtes venu et m'avez assommer pour m'expliquer cela ? »

« Non. Monsieur le Juge, je pense que votre cas vous importe peu quand toute une histoire de mafia vous tourne autour. En revanche, à chaque fois que vous risquez gros, vous prenez trois billets d'avions pour l'Alaska. Des billets destinés à votre femme et vos deux enfants. »

« … Non, ne faites rien à mes enfants. »

« Et votre femme dans tout ça ?.. Écoutez moi monsieur le Juge, si j'ai réussi à hacker votre compte bancaire et envoyer un détective privé pour retrouver la trace de votre famille alors imaginez ce qu'a pu faire la mienne depuis deux semaines. Arrêtez de payer les frais et faites votre boulot normalement. »

« Mais... »

« Arrêtez tout. »

« MAIS DITES ÇA À VOTRE FAMILLE ! » Hurlait le Juge désespéré.

« Attendez... quoi ? » Demandait Shawn perturbé.

« Un coup les Shelby veut que je vous envoie en prison et maintenant vous venez me voir en tant que Peaky Blinders pour me dire de ne pas le faire ! Décidez-vous une bonne fois pour toute bordel de merde ! »

« Mais... de quoi parlez-vous ? Qui vous a commandité ? » Demandait le rouquin au teint virant pâle.

« Il s'appelle Michael Gray. »

« … Annulez tout, je m'occupe de lui. » Disait-il en dénouant les liens de sa victime.

« Comment vais-je justifier mon coup au menton demain ? » Demandait-il en voyant Shawn repartir.

« Dites que vous avez glissé et êtes tombé sur votre plan de travail. » Répondait l'avocat en repartant.

Il était fou de colère quand il avait reprit le volant. Il était bien décidé à dire deux mots au fils de Polly. Buvant une gorgée de whisky pendant qu'il roulait à plus de 150 kilomètres par heures, il réfléchissait. Pourquoi est-ce qu'un membre de sa propre famille avec qui il s'entendait bien déciderait soudainement de le faire plonger ? Ce n'était pas logique et il n'avait pas fallu longtemps pour que l'avocat comprenne que ce n'était pas logique pour la simple raison qu'il n'avait pas de mobile personnel. Quelle enflure ! Une fois arrivé chez lui, il utilisait la clé que son cousin éloigné lui avait donné pour rentrer chez le traître. Shawn retrouvait l'homme dans son costume trois pièces fait sur mesure et buvant un verre de whisky irlandais comme Tommy le faisait dans sa chambre.

« Je te laisse t'expliquer ou je le fais pour toi ? » Demandait Shawn avec un regard furieux mais un ton calme.

« Vas-y, je te laisse l'honneur de me montrer ce que Thomas attend de toi depuis tout ce temps. » Répondait le chef d'orchestre de toute cette affaire.

« Tu as décidé de me faire plonger parce que j'ai refusé de participer à ta petite mutinerie contre Adam et Thomas. Tu as décidé de m'éliminer en tuant la seule personne qui comptait prendre ma défense contre toi et en me faisant porter le chapeau. » Dévoilait le rouquin.

« Pas tout à fait, tu veux développer ou je le fais ? »

« Si je suis condamné, je serai radier du barreau et en tant que criminel et Peaky Blinders... Les autorités pourront consulter mes dossiers et récupérer toutes les preuves où John, Arthur, Adam et Thomas sont impliqués. Tu comptes les faire plonger avec moi et donc m'utiliser contre mon gré alors que je ne t'ai absolument rien fait ! Mais tu le fais, parce que ce n'est pas moi la vraie cible. Pourquoi tu as fait ça Michael ? »

« Ne ramène pas tout à toi, tu l'as dit toi même, ce n'est pas contre toi que j'ai une dent. »

« Tu ne comprends pas... Ce que je te demande c'est pourquoi tu as mit tout ça en place ? Tu sais très bien qu'ils vont tout comprendre et que tu n'en sortiras pas vivant de tout ça ! Tu t'es mit en danger et ils te le feront payer très cher ! »

« Tu comptes prendre ma défense Shawn ? »

« Michael... Tu fais parti de ma famille. Je t'aime comme un frère mais tu m'as empêché de te protéger et de prendre ta défense à partir du moment où tu as trahit le reste de la famille et que tu m'as planté un couteau dans le dos... Je ne pourrais rien faire pour les en empêcher. »

« Alors je n'ai qu'à rapidement finir cette histoire sinon ce sera la dernière fois qu'on se parlera. Bonne soirée Shawn. » Disait-il en finissant son verre et invitant l'avocat à repartir.

« Juste... Je ne vais pas forcer le Juge à faire un choix. Je compte l'obliger à prononcer un non-lieu pour qu'il ne prenne parti ni pour toi ni pour moi. Ne lui en veut pas. »

« Promis. » Répondait-il en fermant la porte sans la verrouiller.

Le lendemain, Shawn était à l'entrée du tribunal avec un attaché caisse bourré de documents. Il se sentait prêt pour obtenir un non-lieu, il avait tout ce qu'il fallait pour réduire l'accusation en miettes. Le rouquin prenait une petite gourde en métal et prenait une gorgée avant de la tendre au procureur qui était pâle. Il avait sûrement une pression immense que ce soit pour l'affaire même ou pour les hauts supérieurs qui ont dû lui rajouter du poids sur les épaules. Le jeune procureur avait accepté le cadeau mais était très déstabilisé par le calme et la sérénité qui se dégageait de celui qu'il devait tailler en pièces lors de ce procès. Les deux voyaient la voiture du Juge arriver dans le parking et se garer. Au même moment, des officiers de police pour assurer la sécurité entouraient l'accusé pendant qu'une horde de civil venaient pour assister à l'affaire. Shawn devenait pâle, la raison ? Il reconnaissait les flics, c'était des larbins de Thomas Shelby et il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre ce qui allait se passer. Tout de suite après, il lâchait son contenant à documents et sa gourde pour se mettre à courir en direction de la voiture du Juge et en hurlant.

« STOOOOOOP !! » Hurlait-il pendant sa course à plein poumons pendant que le Juge coupait le contact de sa voiture provoquant une explosion fulgurante qui avait soufflé la voiture et son propriétaire pendant que l'onde de choc avait repoussé l'avocat en arrière en ayant subit plusieurs coupures et entorses dans tout l'ensemble de son corps.

Plusieurs heures plus tard, il se réveillait sur une chaise dans la chambre de Thomas Shelby. Ses blessures étaient désinfectées et pansées. Quand il avait reprit ses esprits et qu'il arrivait de nouveau à réfléchir, il se remémorait ce qu'il venait de se passer et quand il voyait son arrière grand-père dans son lit médicalisé, il ne lui avait pas fallu longtemps pour qu'il se relève en hurlant.

« PUTAIN MAIS QU'EST-CE QUE TU AS FOUTU ?! »

« Bonjour à toi aussi Shawn. » Disait-il en prenant une cigarette et l'allumant. « Je n'ai fait que te sortir d'un procès où ta défaite était courue d'avance. »

« JE LES TENAIS ! J'AVAIS RÉUSSI À TROUVER UN MOYEN DE M'EN SORTIR SANS FAIRE COULER LE SANG ! TU AS TOUT RUINÉ ET TU AS TUÉ CE JUGE POUR RIEN !! » Hurlait-il sans retenue.

« Calme toi. » Continuait-il en inspirant une bouffée. « Le Juge t'aurait trahit, il travaillait pour- »

« Michael, je le sais. Mais je m'étais entretenu avec le Juge et Michael, je les tenais tout les deux et j'allais réussir à obtenir un non-lieu sans qu'il n'y ait aucune victime ! Pourquoi tu as fait ça Thomas ?.. » Demandait-il en versant quelques larmes, les genoux au sol.

« Vous aviez établi un marché bâti sur la parole de Michael. Elle ne vaut rien. » Poursuivait-il en faisant tomber la cendre de sa clope sur le sol. « Mais je t'en prie, explique moi comment tu allais démonter l'accusation. »

« J'ai réussi à récupérer la lettre m'accusant et certifiant qu'elle était fausse. Si le procureur l'avait authentifiée, je n'aurais eu qu'à dire que de mon côté l'expertise a dit qu'elle ne venait pas de Alfie ! »

« Ça aurait geler la véracité de la preuve, mais ça ne t'aurait pas innocenter pour - »

« Justement ! Tout mes documents étaient destinés à corrompre la véracité de l'accusation. Le procès se serait dérouler en rendant toutes les pièces irrecevables et j'aurais terminer en donnant une copie du testament où Alfie avait demandé à son notaire de me remettre le dossier car il me voulait comme exécuteur testamentaire et ce document datait de cinq jours avant son assassinat ! Le papier montrait qu'il me faisait confiance à moi et uniquement à moi ! »

« Dans tout les cas, tu ne pouvais pas être sûr du dénouement final de ce procès. » Répondait-il en fumant. « Écoute, si tu n'es pas content qu'on ait tiré les ficelles avec John et Arthur, c'est toi que ça regarde. Tu n'as qu'à prendre tes bagages et débarrasser le plancher. »

« C'est exactement ce que tu attends Tommy. Tu veux que je quitte le pays avec tout vos secrets, tu as fait tuer le Juge pour t'assurer que je ne sois pas emprisonné afin que la justice ne remonte pas jusqu'à toi et ce que tu as bâti ! Arrête de vouloir me faire croire que tu as pensé à moi, tes choix étaient tous égoïstes jusqu'au dernier. » Rétorquait-il avec la rancune au visage. « Polly ne t'aurait jamais laisser faire ça. »

« … Polly. » Disait-il en marquant une longue pause. « Oui tu as raison, Polly se serait dressée contre ma décision de ne rien te dire, de tuer ton juge et de tuer son fils Michael. Mais elle n'est plus là, elle est morte et elle ne reviendra pas. » Rajoutait-il très froidement. « Maintenant tu devrais te barrer parce que la prochaine fois que je te sais en Angleterre, je te ferai tuer sur ordre des Peaky Blinders. »

« … Ton oncle Charly avait raison. Un véritable gitan devient fou s'il ne fait que fouler les mêmes terres toute sa vie. » Lançait-il en ayant tourner le dos à Thomas, la main sur la porte. « Je te souhaite de vivre longtemps et d'enterrer toute ta famille avant de t'éteindre. De toute façon, tu as vendu ton âme au Sheitan et tu as forcé ta famille à te vendre la leur donc c'est bien ce qui finira par arriver. » Finissait-il avant d'ouvrir la porte et de repartir.

Après cette histoire, Shawn était devenu un suspect recherché pour la mort du juge de son procès et de la mort de Michael Gray, fils de la regrettée Polly Gray. De plus, cette affaire n'avait pas été rendue publique. L'avocat était convaincu que son arrière grand-père avait utilisé ses relations pour étouffer l'affaire et étant donné que Shawn n'était pas considéré coupable mais plutôt comme suspect numéro un, alors ses dossiers n'ont pu être rendus publiques. Au-delà de ça, son cabinet avait été cambriolé et ses dossiers envolés. Probablement flambés par les Peaky Blinders afin de détruire les preuves de leur culpabilité dans pas mal d'histoires sombres.

Son grand-père, Adam Shelby, est allé chercher Shawn pour l'amener jusqu'à l'aéroport avec tout les papiers nécessaires pour son départ. Départ accompagné par une enveloppe généreusement garnie de liquide tellement sale qu'il avait l'impression de pouvoir apercevoir des filets de sang sur ces derniers. Sur les conseils de son grand-père, il avait prit la destination du Japon et était à la recherche de son cousin, Arun Nayaka qu'il n'avait pu voir qu'une seule fois dans sa vie. C'est à dire quand le cousin était encore un bébé qu'il avait pu prendre dans ses bras alors qu'il avait environ qu'une dizaine d'années. De plus, Adam lui avait conseillé de retrouver la famille Vongola s'il désirait être entouré de personnes prônant la justice et la protection à l'inverse de l'attaque et la souffrance que prône la famille des Peaky Blinders. Fin.

« Et du coup... la famille Vongola. Tu comptes en faire parti ? » Demandait la passagère de son avion.

« Pas du tout, je cherche juste à ce que ma lumière ne soit pas étouffée par un élan de ténèbres qui engloutirait tout le bien-être que je peux apporter. »

« Non mais c'est fou, ton histoire ne peut pas être vraie. On en aurait entendu parler. » Disait-elle, l'air convaincue.

« Comme je l'ai dit, l'affaire a sûrement été étouffée. Puis si elle est fausse, reconnaît que ça nous a pas mal occupé le temps du voyage. »

« Mais du coup, elle est vraie ou elle est fausse ton histoire ? » Se questionnait-elle.

« Va savoir, peut-être que j'ai tout inventé pour t'attirer dans ma chambre d'hôtel ce soir ! ~ »