Sorane. Un employé, un livreur de Shilia depuis quelques temps déjà. Il sentait bien que son employé était distant et froid. Mais cela depuis bien avant qu'il ait en face de lui son employeur. Lors de leur rencontre dans le parc, il s'était montré particulièrement méfiant. Il ne savait pas pourquoi il était autant en recul, dans cette volonté de s'éloigner. Étant donné qu'il s'était rendu compte qui était son employeur, il était évident qu'il fallait s'assurer que Sorane se tiendrait à carreaux et ne divulguerait pas des informations personnelles. C'était pour cette raison qu'au lieu de lui confier une livraison, il l'avait convoqué pour évaluation professionnelle dans un endroit public et bondé afin qu'il puisse se sentir en sécurité. Bon, c'était un fast-food mais c'était toujours fréquenté à toutes heures.

Shilia avait un minimum de soutien de la part de Feng, il ne savait pas s'il pouvait compter sur Sorane. En fait, mis à part trois civils lambda, son seul véritable et fidèle allié était un ancien mafieux du nom de Ivan. Le jeune serpent se sentait terriblement seul dans son combat. Comme le soir de la confrontation face à Feng, il entendait le bébé pleurer tellement fort que c'en était biologiquement impossible. Il avait vu le regard d'Hakuba se poser sur lui lors de la découverte de Ethan. Il avait vu ses yeux avec un très peu perceptible fond de tristesse pour le serpent. Personne n'avait l'air de lui laisser le bénéfice du doute, personne ne s'était seulement dit qu'il avait fait ça pour une autre raison qu'une simple vengeance. Quelle bande d'idiots prétentieux qui pétaient plus haut que leur cul.

Était-il le seul à avoir fait le lien entre les stickers sur les boîtes aux lettres des détenteurs de flammes qui sont arrivées peu de temps après le début des patrouilles de ce mafieux ? Personne n'avait comprit que c'était par lui que les ennemis étaient passés pour savoir qui cibler ? Si Shilia avait réussi à avoir cette liste, imaginez juste une seconde le nombre d'ennemis qui ont pu l'espionner et le suivre pour l'avoir aussi. Mais maintenant c'était trop tard, les ennemis savaient qui allaient jouer un rôle majeur dans les prochaines années. Shilia n'avait pas tué Ethan simplement parce que c'était un mafieux. Il l'avait tué au cas où de futurs successeurs arrivaient afin de s'assurer que l'ennemi n'aurait pas ces nouveaux noms car eux, étaient déjà surveillés, c'était déjà trop tard.

L'invité finissait par arriver. Avant de dire quoi que ce soit, Shilia sortait un billet ou deux afin que son employé puisse aller chercher de quoi boire et manger si jamais il avait faim. Il n'aimait pas l'idée que cet entretien se termine sur le fait qu'il ne pouvait pas faire confiance à Sorane. Parce que si tel était le cas, cela voulait dire qu'il allait devoir probablement le tuer aussi afin de s'assurer que ses secrets ne soient jamais dévoilés. Il ne voulait pas en arriver jusque là, mais si ça devait se dérouler ainsi alors il le fera.

Shilia était posé sur la terrasse du fast-food, il attendait patiemment avec son propre plateau repas. Il n'aimait pas forcément la cuisine de ces lieux mais il fallait bien se nourrir. Une fois l'invité de retour, il lui faisait signe de la main de s'asseoir face à lui et l'observait tranquillement. Le jeune serpent prenait une gorgée de sa boisson pour finalement prendre la parole.

- Bonjour Tachigiki-kun, comment vas-tu ? Disait-il tranquillement. Avant qu'on ne commence, as-tu des questions en rapport ou pas avec l'entretien ? Cette journée est assez spéciale, j'aimerais que pour aujourd'hui on se dise la vérité brut, qu'importe qu'elle soit bonne à entendre ou pas. Rajoutait-il sur un ton et un regard plus sérieux.

En attendant les réponses de son employé, il prenait son burger et commençait à manger tranquillement, proprement et sans faire le moindre bruit de mastication. Le bébé était toujours là, il continuait de pleurer, c'était quasiment assourdissant. Mais Shilia ne montrait rien et il ne comptait pas permettre que cela se remarque.

Un bouquet de fleurs avec toute une variété de spécimens différents. C'était un cadeau qu'il avait apporté au jeune serpent. Sorane ne voulait pas venir les mains vides, c'était quelque chose à laquelle le jeune émancipé ne s'attendait pas. Mais il trouvait l'attention plus que généreuse, un bon premier point. Enfin, sauf si elles cachaient un message mais ça, il s'en assurerait quand il sera chez lui afin de décoder ce qu'elles voulaient dire. Il appréciait la politesse et la générosité. C'était un trait de caractère qu'il savait apprécier mais il ne souhaitait pas s'étendre sur ce geste. Alors d'un geste de la tête il remerciait son employé pour cette délicate attention et récupérait le présent avec grand soin pour le déposer délicatement au siège juste à côté du sien. Le langage florale, c'était peut-être quelque chose qui pourrait l'intéresser. Peut-être une future manière de signer ses actions publiques ou alors une manière très discrète de communiquer avec ses hommes pour cibler des personnes problématiques. D'un léger sourire, il regardait son invité et lui répondait.

- Je vais bien, merci d'avoir posé la question. Disait-il sur un ton paisible. Si tu as voulu me faire passer un message, je suis au regret de te dire que je ne connais pas le langage florale, j'irais donc voir la signification une fois à la maison. Mais tu m'as donné une bonne idée, je te remercie. Rajoutait-il avec une légère chaleur dans la voix tout en caressant une des pétales du bout de son index.

Le jeune employé à peine plus vieux que Shilia parlait du fait qu'il valait mieux faire le point sur leur relation étant donné les liens étroits qu'ils possédaient avec le monde extérieur. Savoir à peu près où est-ce qu'ils se situaient l'un à l'autre. Cette façon d'aborder le sujet n'avait fait que provoquer un « ahah » amusé bien sincère du jeune serpent... Savoir où ils en étaient, c'était l'une des meilleures questions que pouvait se poser Sorane. Alors, qu'est-ce qu'ils sont ? Un simple employeur avec son employé ? Des amis ? Des ennemis ? Un prédateur et sa cible ? Ou peut-être bien... Un révolutionnaire et un espion.

- Désolé d'avoir rit. Disait-il après s'être doucement calmé de son amusement. C'est juste qu'effectivement, nous avons un lien bien particulier tout les deux. Nous dépendons l'un de l'autre pourtant nous ne nous connaissons pas assez pour être des amis. On pourrait représenter un danger l'un pour l'autre pourtant nous ne sommes pas ennemis. Au vu de ce que tu as pu apercevoir de moi, je pourrais être un prédateur en quête d'une proie, mais je n'ai aucune envie de te faire du mal. Alors je pourrais être un simple révolutionnaire et toi un espion qui aurait pu donner des informations privées... Mais j'ai envie de croire en toi. Rajoutait-il en marquant bien les temps de pauses tout en ayant un regard de plus en plus sérieux à chaque théories.

C'était vrai. Shilia avait parlé du fait qu'autour de cette table ils allaient s'annoncer la vérité telle quelle. Croire en Sorane, c'était quelque chose qu'il voulait vraiment faire. Il ne voulait pas lui faire du mal et ça pouvait se voir dans ses yeux. Mais si à la fin de cet entretien il n'arrivait pas à laver tout soupçon, alors sa raison prendra le pas sur son cœur et il agira comme il avait agit face à Ethan. Le jeune serpent n'était pas quelqu'un de foncièrement mauvais, loin de là. Oui, il avait une noirceur dévorante en lui, mais il savait lui-même que bien enfouie au fond du monstre qu'il représentait se cache une lumière qui malgré toutes les épreuves traversées continuait de briller telle une luciole dans la nuit.

Son employé demandait quelle dose de vérité recherchait le jeune serpent. Il énonçait plusieurs faits démontrant plusieurs degrés de vérité, il voulait savoir ce que Shilia attendait exactement de lui. Il expliquait que la fiabilité et le temps était aussi une preuve du fait de pouvoir se faire confiance l'un à l'autre. Ce qu'il n'avait pas l'air de comprendre, c'était qu'il faisait déjà confiance à Sorane dans sa vie professionnelle. Il était toujours à l'heure, n'avait jamais livré en retard et jusqu'ici il avait tenu sa langue par rapport à son employeur. Du moins, il y croyait. Cet instant était justement le moment où la vérité pouvait faire toute la différence. Bonne à entendre ou pas. La remise en question de la confidentialité de Sorane n'était pas la seule raison pour laquelle il se trouvait ici. Et le serpent allait pas tarder à le lui faire comprendre.

- Tachigiki-kun, ce que je recherche est la vérité et rien que la vérité, blessante ou pas. Je ne veux pas de la moitié d'une réponse, je ne veux pas d'une omission ou d'un silence. Je veux entendre de ta bouche la vérité à mes questions et j'en ferai tout autant à ton égard. Expliquait-il en ne lâchant pas son regard. Je vais commencer, pour te donner un exemple. Disait-il calmement pendant que toutes les personnes du fast-food disparaissaient dans la poussière, ne laissant que les deux. Je t'ai invité dans un lieu public afin de te rassurer car je te sens sur tes gardes face à moi. La réalité c'est que je n'ai pas besoin d'une quelconque discrétion si je voulais faire quelque chose de mal. Dévoilait-il sur un ton toujours aussi calme accompagné par son regard d'analyste.

Oui, Shilia n'avait que faire de faire attention au regard des autres. Cela ne le touchait pas, ne l'inquiétait pas et ne le préoccupait pas. Il y avait les détenteurs plus puissants que lui et les caméras de surveillances à la limite qui pouvait le faire douter. Mais il s'était assuré qu'aujourd'hui ils étaient tranquilles à ces niveaux là. Le problème depuis le début de cette conversation était le fait que Shilia avait dit à plusieurs reprises qu'il aurait pu faire du mal. S'il insistait autant, c'était parce que son employé lui donnait l'impression qu'il se sentait prit au piège, comme s'il savait qu'un serpent était prêt à bondir afin de le gober mais que c'était déjà trop tard. Pourtant, le serpent ne l'avait jamais mordu, il n'avait jamais été violent ou autres. Plus que ça, en sentant un potentiel danger arriver, il avait ordonné à Sorane de partir et a assuré qu'il ne laisserait personne le touche Azami et lui durant cette soirée.

Au bout de quelques secondes, Shilia faisait réapparaître tout les clients, il avait libéré Sorane de son emprise. Le jeune Brume voulait économiser ses forces, il en aurait peut-être besoin plus tard. Mais en attendant, il profitait d'un petit temps de pause dans son dialogue pour saisir sa nourriture et en prendre un morceau. Il sentait le coup venir que tout allait finir par être rapidement froid sur cette table. Tant pis, il n'allait pas gâcher la nourriture. Une fois que Sorane avait réagit et donner une vérité, son employeur reprenait la parole.

- Ma seconde vérité est que je me sens particulièrement responsable de mes subordonnés. Disait-il avec une voix plus assuré et un regard de battant. J'ai appris des choses, plein de choses dont je dois te faire part car que je le veuille ou non, je possède une liste de noms de toutes les personnes que la mafia compte impliquer dans leurs histoires. Rajoutait-il avec un regard plus aiguisé. Mon nom, ainsi que le tien et de beaucoup d'élèves de notre école apparaissent sur cette liste. Finissait-il en déposant un paquet de cigarette sur la table, autorisant Sorane à se servir s'il le souhaitait.

La bombe était lancée. L'employé allait devoir comprendre à quel point l'honnêteté était importante aujourd'hui entre eux deux. Ce n'était pas qu'un entretien professionnel. Enfin si. Il testait son employé en tant que livreur mais il comptait bien lui laisser l'opportunité de choisir son destin, de faire le choix de combattre aux côtés du serpent ou ailleurs. Mais une chose était sûre : Zuran Kitamura n'avait pas eu le droit de choisir de rejoindre la mafia. Ils n'allaient certainement pas laisser l'opportunité à ceux de la liste de faire un choix. Ils étaient tous impliqués jusqu'au cou, de leur plein gré ou pas.

Il ne se prêtait pas au jeu. Il trouvait encore à redire sur la volonté de Shilia a ce que la vérité brut, aussi laide ou belle soit-elle à être divulguée. Il écoutait donc le parcours de son employé sans un véritable intérêt, sa décision était déjà prise lorsqu'il était sûr qu'il disait la vérité mais omettait certains détails. Le serpent allait passer au plan B et résoudre plusieurs problèmes à la fois. Son visage était très neutre, voir impassible et froid. Il dégageait quelque chose de menaçant et noir mais ne disait rien et restait étonnement très calme et propre sur lui. Après plusieurs secondes, il avançait doucement ses mains de manière très amicales vers celles de son employé et glissait quelque chose sur ces dernières. Il s'agissait d'un bloc long et circulaire avec trois boutons dessus, juste avant que l'employeur ne retire ses mains, il regardait Sorane et dit.

« Ce dispositif est à capteur cardiaque, c'est à dire qu'il arrive à mesurer ton pouls alors je te conseille de bien le garder en main. » Disait-il de manière très pédagogique avant de retirer son emprise sur le livreur. « Sorane, tu es quelqu'un que j'apprécie mais malheureusement, tu es aussi une personne qui a toujours eu une attirance pour le mal. Alors j'ai décidé de t'aider à savoir qui tu étais véritablement au fond de toi et me le montrer. Ce que tu tiens est un détonateur qui est relié à trois différentes bombes et je veux que tu appuies sur l'un de ces trois boutons. » Dévoilait-il très sereinement. « Le premier bouton est relié à une bombe dont la contenance est prévu pile pour faire sauter un appartement et la personne qui y vit. Il s'agit d'un criminel qui n'est jamais allé en prison, qui n'a jamais été arrêté. » Expliquait-t-il presque amusé. « Le deuxième bouton est relié à une bombe qui fera exploser l'appartement et sa locataire. Mais cette demoiselle n'a aucun problème avec la justice, elle est même l'une des personnes les plus brillantes du lycée Namimori. » Récitait-il. « Le troisième bouton est relié à une bombe qui se trouve juste sous mon siège. Je l'ai intégré au cas où tu venais à estimer qu'il fallait m'empêcher de nuire ou que je méritais de mourir. Mais évidemment ce choix mènerait également à ta perte. » Disait-il avec un fond d'amusement dans le regard. « En revanche, si le détonateur venait à ne plus sentir ton pouls, alors toutes les bombes exploseront. » Finissait-il avec un sourire en coin tout en prenant une nouvelle gorgée de sa boisson. « Mmh ! Et d'ailleurs, tu as une minute pour appuyer sur un bouton, sinon tout explose également. » Reprenait-il tout en finissant son soda.

L'employé pouvait voir dans les yeux de son patron qu'il était très sérieux, il n'y faisait aucun doute et il ne blaguait pas : Il voulait pousser Sorane à faire un choix, un choix qui montrerait dans quel camp il avait décidé de se joindre, décider quel parti il allait prendre. Peut-être que c'était clairement établi dans l'esprit du livreur, mon son boss avait besoin d'en avoir le cœur net. Il n'allait plus rien dire avant que ce dernier appuie sur un des boutons de son dispositif. Pour s'occuper, il mangeait donc son repas très délicatement, alors qu'une lumière rouge clignotait sous son banc, il s'agissait de la bombe reliée au détonateur que tenait Sorane dans la main. Il avait évidemment plein de choses à dire, mais avant cela, le jeune garçon devait faire son choix. Il serait contre-productif de lui expliquer certaines choses avant que l'acte ait eu lieu. C'était un moment déterminant pour Sorane, quelque chose qui pourrait influencer sa vie entière, quelque chose qui pouvait le transformer et le permettre de s'épanouir. Il était heureux pour lui malgré une pointe de jalousie de cette possibilité d'épanouissement. C'était un grand moment, il espérait qu'il en profiterait à fond !

L'expression faciale de Shilia était devenue très sérieuse, un visage glaçant au regard accusateur. Pendant que celui de son employé affichait doucement la compréhension de sa situation. Le serpent n'était pas en colère, il était très sérieux dans ses propos. Il était temps que Sorane affirme haut et fort qui il était, il était temps qu'il prenne une décision et que ces dernières aient des conséquences. Il ne pouvait pas rester à Namimori, avoir son nom sur la liste des Vongola et des ennemis et agir en espérant ne pas être impliqué dans toutes ces histoires farfelues. Son implication commençait dès aujourd'hui, pas de soja à aller chercher, pas de Shilia qui le protégerait, personne pour l'aider. Juste lui et son destin à la forme de détonateur entre les mains. Son employé lui disait de manière accusateur mais aussi interrogative que l'employeur avait tout prévu et qu'il n'avait que l'illusion du choix et appuyait sans réfléchir sur le premier bouton. Révélant ainsi une grosse explosion d'un bâtiment voisin que le serpent pouvait observer sur le côté gauche. Ils avaient ressenti la secousse et entendait ce beau feu d'artifice ainsi que les bruits de fracas des meubles passés par la fenêtre. Heureusement, les civils qui se trouvaient en dessous ont vite prit leurs jambes à leur cou afin de ne pas être écrasé par les débris. Mais le résultat était là, l'appartement était en feu et une épaisse fumée noire sortait des fenêtres pour s'élever jusqu'aux cieux. L'illusion du choix ? Shilia trouvait que cette phrase était une insulte à ses actions.

« J'avais prévu ce petit jouet au cas où je devais négocier avec certaines personnes. Je lui ai juste trouvé une utilité plus amusante. » Dévoilait-il avec un sourire assumé et un léger rire qui arrivait. « Mais si, tu avais bien le choix. » Poursuivait-il en saisissant le détonateur qui était sur la table et en appuyant sur les deux autres boutons sans que rien ne se passe. « La possibilité que ce détonateur offre la mort n'est que de 33,3%. J'ai juste décidé d'omettre le fait que deux des bombes n'étaient pas raccordées, tout comme tu as volontairement omit de me dire certaines vérités alors que je voulais simplement être un ami avec qui tu pouvais partager tes plus sombres secrets. » Disait-il en riant un peu plus et ignorant la demande de Sorane sur la volonté de connaître l'identité de la malheureuse victime. « Sorane, ce choix, il t'appartient. » Expliquait-il avant de sortir un document de sa mallette qu'il déposait au milieu de la table pour ensuite ranger son détonateur. « Tu as fait le choix de tuer Yazhu Bai, la personne que Zuran Kitamura a protégé lorsque sa flamme s'est éveillée à la rentrée des classes. Son nom n'est pas sur les listes dont je te parlais, donc je suis sûr qu'il est un mafieux qui n'a simplement jamais rien fait d'illégal. Il est juste un criminel parce qu'il fait parti d'un groupe de crime organisé. Une seconde vérité que j'ai omis de t'expliquer. » Dévoilait-il avec un sourire plus dessiné qu'auparavant tout en tendant une lettre de recommandation professionnel et un contrat de licenciement. « Tu viens de montrer au monde entier que tu considères que la vie des criminels vaut moins que celle de simples civils ou de la personne qui a manigancé tout ça pour une cause noble mise en avant avec des moyens criminels. Tu as également affaiblis les forces de nos plus précieux alliés simplement parce qu'ils sont du mauvais côté de la vie citoyenne, rendant ainsi mon objectif plus important que jamais. Je te remercie pour ça. » Continuait-il en claquant des doigts tout en se levant, montrant ainsi les clients de la table d'à côté se lever et récupérer la bombe située sous le siège de Shilia pour la ramener en lieu sûr. « En revanche, je n'ai pas besoin d'employé qui ne soit pas honnête et soit si facilement manipulable au point qu'une telle situation se produise simplement parce qu'il n'a pas pu faire le simple effort de me dire la vérité. » Finissait-il en effaçant son rire et son sourire, montrant ainsi à nouveau un regard noir et un visage glacial. « En tout cas, j'espère que tu retiendras la leçon. Deux petites choses que l'on refuse de dire peut mener aux pires situations. Il faut savoir les dires au bon moment, faire attention au timing et ne pas s'entêter quand on sait qu'on ne maîtrise pas la situation ou qu'on sait que personne ne débarquera pour nous sortir d'un tel problème. » Disait-il tout en commençant à partir.

Le jeune serpent avait terminé son petit numéro. Il était très heureux d'avoir pu montrer à Sorane qui il était au fond de lui. Au final, ce n'était qu'un enfant avec des idées bien arrêtées et qui va vouloir mettre en avant le côté du chevalier blanc au risque d'attirer plus de problèmes. Il n'était qu'un enfant qui croyait en la justice au risque de ne pas écouter ce que les autres ont à lui dire et de provoquer la venue d'un deuxième Shilia. Ce n'était qu'un adolescent, bien loin de savoir ce que la vie et la mort pouvait lui réserver.

Shilia était en train de partir. Il entendait son ancien employé parler, ce qu'il retenait le plus c'était le fait de dire que tout les choix étaient de mauvaises solutions. Il ne réagissait pas du tout, il ne faisait que marcher pour rentrer chez lui pendant que Sorane le collait au train. C'était drôle, si drôle de voir quelqu'un se débattre pour que l'histoire continue alors qu'elle est déjà terminée. Il pensait y gagner quoi ? Un espoir d'aller plus loin ? De mieux comprendre le serpent une fois qu'il ne voulait plus de lui ? D'éviter que la journée se termine sur cette note négative et l'enterrement de leur relation ? Cette pensée ne provoquait qu'un fou rire chez l'employeur qui se plaquait la main contre son abdomen tout en se courbant un peu vers l'avant.

Pas mal de citoyens qui étaient sous le choc de l'explosion regardait Shilia très mal et Sorane parce qu'ils osaient rire au beau milieu de ce drame mais ils partaient vite du principe que les deux étaient amis et que l'ancien employé avait dit quelque chose d'hilarant à son compagnon de route. Mais le serpent ne s'arrêtait pas pour autant, il continuait de marcher vers son domicile pendant que son rire se faisait de plus en plus long et de plus en plus froid. C'est quand ils arrivaient sur les lieux résidentiels et que plus personne n'était assez proche pour les entendre que la Brume prenait la parole tout en continuant son rire qui durait déjà depuis quinze minutes.

« Tu n'as décidément rien compris, il y a un temps pour parler et un temps pour se taire. » Disait-il avec son rire saccadé.

Après quelques minutes de marche, il croisait la mère de Zuran qui rentrait des courses et à qui il faisait un petit bonjour de la tête. Évidemment, la dame avait répondu bien qu'elle ne connaissait pas le jeune garçon. Shilia espérait juste que ce petit moment vienne dans la conversation afin que le parrain sache que son ennemi habitait littéralement à cinq minutes de chez lui. Une fois devant le portail de la plus grande maison des environs, il utilisait sa clé pour l'ouvrir, prenait son courrier, arrachait le smiley collé à sa boîte aux lettres, la refermait et se dirigeait vers sa porte d'entrée pour la déverrouiller et rentrer en laissant son ancien employé faire de même.

« Ivan, tu es là ? » Demandait-il curieux. « Apparemment pas. » Disait-il en se tournant vers Sorane pour ensuite fermer la porte d'entrée. « Il est rapide comme garçon, tu lui demandes un truc et il accourt accomplir sa tâche. J'aime bien cette dévotion. » Finissait-il en se dirigeant vers sa cuisine pour prendre un verre d'eau et en tendre un à son invité et déposer un flingue sur la table de la cuisine. « Bien. Tu as donc déjà tué auparavant et j'ai dû te mener à répéter la même chose pour me dire ton secret. C'est bien, tu as fini par te confier mais c'est trop tard. Donc maintenant, donne moi une bonne raison de ne pas te tirer une balle dans la tête, purement et simplement. » Surenchérissait-il en buvant son verre.

Le jeune serpent déposait ses mains sur la table de la cuisine et se surélevait pour s'asseoir dessus en attendant la réponse de Sorane. Est-ce qu'il allait vraiment le tuer ? Lui-même ne le savait pas, il aurait des raisons de le faire et des raisons de ne pas le faire. Il serait peut-être temps de mesurer les pour et les contre face à un acte pareil. Bien, alors dans ce cas, son employé devait donner les contre pour son exécution et lui se chargerait des pour. Quelle finalité allait finalement être appliquée ?

Plus ses mots, ses paroles étaient données, plus Shilia commençait à grimacer de colère. Ses paroles étaient d'une logique implacable, il mesurait parfaitement le danger dans lequel il se trouvait, il prenait en compte sa situations et la façon dont cela pouvait se terminer. Mais au moment où il expliquait qu'il avait déjà versé le sang, le serpent se tournait sur sa droite et faisait les cents pas pendant que la colère naissait dans ses yeux perçants. Il avait envie d'exploser, de hurler et de le forcer à se réveiller. Les gens pensaient sûrement que c'était au serpent de se ressaisir et de comprendre que ses actions horribles n'étaient pas nécessaires. Mais ceux qui étaient ancrés dans un profond coma sous-couvert d'une paix factice et vivant dans un monde onirique étaient tout le monde sauf lui. Et puis merde. Le serpent attrapait son verre, le serrait aussi fort que possible dans son poing avant qu'il se brise sous l'emprise du fourbe. De colère, il tapait du poing juste à côté du pistolet avec sa main parsemée de bouts de verre. Il avait frappé une seule fois, mais c'était un coup qui avait enfoncé les morceaux et le sang s'écoulait aussitôt.

« FERME LA ESPÈCE DE DEMEURÉ ! » Criait-il aussi fort que possible avec son visage déformait par la rage tout en se rapprochant de Sorane et l'agrippant par le col avec sa main mutilée. « COMMENT TU PEUX ME DIRE TOUT ÇA EN ME REGARDANT DANS LES YEUX ?! » Continuait-il avant de le pousser en arrière pour ensuite s'approcher à nouveau en pointant son index vers lui. « EST-CE QUE TU TE RENDS COMPTE À QUEL POINT TU VIS EN AUTOMATISME?! » Hurlait-il une fois de plus en tentant de reprendre un semblant de calme. « Tu me fais de grands discours depuis le début de notre entretien sur la vérité, les relations humaines et la vie en société... Mais on dirait tout simplement un robot qui récite ce qu'on lui a apprit dans ses lignes de code. » Dévoilait-il plus calmement avec un regard noir pendant qu'il enveloppait sa main ensanglantée dans un torchon propre. « Depuis quand est-ce que tu es mort à l'intérieur de toi même ? » Demandait-il avec un regard s'apaisant pour laisser place à de la tristesse. « Plus tu me parles et plus je me rends compte à quel point je ne ressens aucun souffle de ton âme. Tu es déjà mort Sorane. » Poursuivait-il en saisissant le pistolet. « Dans mon arme se trouve une balle qui s'appelle balle de la dernière volonté. Elle permet de réaliser le dernier souhait d'une personne lorsque la balle touche quelqu'un en pleine tête. Mais tu es tellement brisé que je ne suis même pas certain que tu vas t'en relever. » Expliquait-il tout en braquant l'arme à feu vers son ancien employé avec un regard de souffrance émotionnelle. « Je vais te faire une dernière fleur en prenant la responsabilité entière de la mort de Yazhu et je vais étouffer ton premier meurtre à tout jamais une fois que je saurais à qui je dois m'adresser. » Disait-il comme un cadeau d'adieu. « Mais sache le, si tu te relèves. Alors la prochaine fois qu'on se croisera, nous serons ennemis et j'essaierai de te tuer de manière définitive. Adieu. » Finissait-il avant de tirer sans laisser le temps à Sorane de répondre.

Une fois que la balle était tirée, le serpent attrapait son ancien employé et l'avait foutu dehors avant qu'il ait le temps de possiblement revenir à la vie. Après cela, il verrouillait son domicile et commençait à préparer ses affaires. Il laissait une lettre adressée à Hakuba Hao, l'inspecteur de police. Lettre dans laquelle il reconnaissait tout ses crimes depuis le début de ses agissements. Il laissait une autre lettre indiquant qu'il acceptait de confier ses serpents au zoo de Namimori mais qu'un jour il reviendra les chercher. Après cela, il prenait un sac et embarquait son flingue avec ses munitions, tout l'argent qu'il avait pu sortir en liquide ainsi que son titre de propriété de la maison. Pour le reste, ce n'était pas très important et il finirait par revenir très rapidement. Il lui restait juste une dernière chose à accomplir avant de partir et il comptait bien le faire. Au revoir Namimori.