Je dois avouer, que je capte plus grand chose à ce qu'il se passe autours de moi. J'ai vite fait entendu des gamins dire qu'ils vont tenter le défi de mort avec les baffles mais j'suis pas sûr. J'ai déjà un joint dans la tronche et quelques verres de whisky-coca, waouu... Ça me réussit pas ce genre d'ambiance. C'est pas le cas de Rihan, lui, il est assurément le plus classieux du coin. Assis sur son bidon, dans le bout de l'estrade, il a une clope dans la main droite, une bière dans la gauche. Il sent le mâle alpha c'est incroyable. Si seulement on pouvait tous ressembler à ça après notre seconde bière, ce serait un autre monde.

Un monde de Rihan... Quoi que. Les seules personnes qui capteraient qu'il est complètement bourré actuellement c'est les Shin ? Vous savez pas ce qu'est un Shin pour un Rihan : c'est un emmerdeur de première qui vous amène plus bas que vous l'êtes. Pourquoi, comment ? Bonne question. Aucun de nous sait pourquoi il tient autant à ce type. Apparemment, les contraires ont tendance à bien fonctionner ensembles. Il a tendance à avoir des sourires avec lui, parfois. Pas souvent mais ça arrive. Genre là, il vient de balancer son carton et à pencher sa tête en arrière vers le mec aux lunettes.

« Yo Bro. Toujours sur pied, ça me rassure. »

Il fait genre, mais il est certain que son ami capte qu'il a les yeux rouges. Il a dût se fumer un joint entre deux canettes. Il est pas mal comme ça, un peu planant, on dirait un philosophe d'une autre époque, ou un poète maudit. J'suis en train de dérailler pas vrai ? Attendez j'vais vomir. Waw... Et ce cul de Shin, waaaw. Ha, j'viens de m'effondrer sur le sol... Bon j'fasse l'écriture à Rihan... Tant pis, je suis désolée mais j'arriverai pas à tout écrire cette fois bro.

Ce n'est pas grave. L'alcool dans mon sang et la beuh dans mon cerveau suffiront à délier ma langue. Je me redresse au moment où Addy tombe. Elle a trop bu pour son corps et mérite un repos. Je retire ma veste et lui dépose. Cela devrait suffire pour combler le froid qui vient après l'alcool. Elle peut la salire en vomissant dessus, les machines à laver existent, une révolution. Avec lenteur, mes yeux se fixent sur Shin.

Je n'ai pas de grande attente, juste une envie de rire. Il le fera, il est né pour faire rire. Rire et Hurler. Tout dépend d'à quel moment vous le croisez.

« Tu t'amuses ? » Pas moi. J'allais partir jouer à candy crush sur mon portable si quelqu'un ne venait pas me tenir compagnie.

Mais t'es là.

Je m'attends à ce qu'il puisse être mort à n'importe quelle seconde de son improbable existence. D'après certains témoignages, il devrait d'ailleurs déjà l'être. Il a pris un nombre incalculable de drogues différentes. Je suis persuadé de ne pas en connaître la moitié. Alors que je me fais violer l'espace vital, il proclame que mes agissements sont kawai. Est-ce que je dois rougir comme une mijaurée ? Haaa. Je suis voulais pas paraître aussi mignon. Sauvez moi. Je rougis. Si peu. Sans rire, je voyais ça plutôt comme vérifié que son vomi ne soit pas rester dans ses voix respiratoires trop longtemps. C'était pas glamour. Plutôt pute pas chère.

Il n'a pas tort sur un point. Il y a des culs vraiment pas mal devant eux. Mon regard ballait la salle. Je suis déçu. Aucun n'attire vraiment mon intérêt, un ensemble de trou sans expérience ou avec des MST avant même l'âge légal. Je devrai leur conseiller de faire un test de dépistage. Surtout Suzuki, elle ouvre trop vite ses jambes, c'est un problème. Elle va avoir du mal à trouver un boulot sans passer sous le bureau. Elle doit apprendre à respecter un minimum son corps, cette pute.

Ma main retient cet idiot avant qu'il ne chût. Il va vraiment se fracasser le crâne. Et mon cul n'est pas petit, il a des proportions respectables.

« Ok. »

Alors qu'il se met à bouger dans ce qu'il appelle danse. Je préfère ne pas réfléchir à son manque de rythme pour me laisser faire. J’enchaîne même pour le faire tourner et tomber telle une danseuse espagnole. Juste avant qu'il ne s'effondre, je le redresse en le faisant sauter. J'ai vu ça à la tv, je me dis qu'il est la bonne personne avec qui essayer.

« Est-ce que l'eau du spaghetti se réchauffe ? »

La question est importante. Si elle ne se réchauffe pas, je ne pourrai pas me voir devenir une patte mangeable. Je finirai désespéré dans un coin de la casserole sans jamais avoir atteint mon objectif. Il ne fallait jamais abandonné ainsi nos amis des flemmards, des italiens et des étudiants. Elles avaient sûrement en elles une âme. Une âme de blé. Je soulève ce qui me sert d'ami et le fait tourner tout autours de moi, avec une élégance caractérisé de celle de deux mecs bourrés. J'entends les potes applaudir. Ça doit pas être si mauvais.

Puisqu'on a une bonne musique électro en fond, il est tant de vraiment se lancer sur un tango. Je regarde Shin pour lui indiquer mon idée. Il comprendra. Pas besoin de parler avec lui.

Sincèrement, j'ai aucune idée de ce qu'est un portée Dirty Dancing. Je ne regarde pas ce genre de film à l'eau de rose qui commence à dater. Surtout que ça a l'air aussi japonais que mon nom de famille ça, qui aurait envie de voir un truc pareil. C'est comme tout ces idiots qui choisissent d'aller voir un Marvel au lieu d'un bon Sentai. Je comprendrai jamais pourquoi on donne autant d'attention à des productions qui prennent la place sur celles qu'on fait ici, au Japon. Ce n'est quand même pas compliqué de prendre soin de son territoire. Évitez les grandes surfaces, allez voir les petits artisans du coin et les épiceries. Ignorez la mondialisation, on a tous ce qu'il faut ici.

P'tain, penser politique commence à m'énerver, autant changer de sujet. Genre sur Shin. Il a l'air de vivre sa meilleure vie, cool. Je tourne la tête vers le mec qui s'occupe de la musique. C'est Ritsu, un petit gars de collège qui a tendance à avoir de bons goûts musicaux bien qu'il soit clairement cardiaque. On peut pas tout avoir dans la vie après tout. C'est déjà pas mal de pouvoir prendre les enceintes de papa pour faire une soirée avec des plus grands et que ça parte pas en vrille. Bref que le gosse mette la musique qui va avec ce que demande Shin.

Je regarde autours de moi et remarque qu'une partie de la population s'est mis en duo à leur tour. Comme souvent, on donne le change. Je trouve ça presque décevant. Ils pourraient inventer un peu leur propre uni – ... Exactement comme Kojuro là bas qui twerk devant le canard en plastique de Yukina. C'est original, on sent la sexualité de l'instant. N'importe qui voudrait qu'on twerk devant son canard en plastique. Yukina va finir dans son lit, jambes ouvertes et elle adorera la grosse **** de Kojuro en elle. Qu'ils se protègent, on a déjà eu trois avortements le mois dernier.

La musique a déjà commencé depuis un moment, j'ai laissé mes habitudes faire danser Shin avec moi, tournant, virant. Je sais qu'il s'amuse et sa tête me fait toujours rire. Haha. C'est le meilleur bouffon qu'on peut rêver avoir derrière soit. Il est vif, intelligent, drôle et il est capable d'entendre tout ce que tu as à dire. Contre deux trois arrangements, il peut être performant et ça fait plaisir.

Haaaa... C'est pas là qu'il veut que je fasse un truc ? Je vois dans son regard qu'il y a des petites paillettes de motivation. Ok, je vais faire un truc. Je le mets contre moi et le soulève d'un coup. Il se retrouve ainsi à faire la planche sur le ventre alors que je tiens ses deux mains dans les miennes. Allez mec, t'as la puissance pour tenir et je peux même continuer à danser. Sauf qu'à ce moment-là, je sais pas vraiment pourquoi, je me dis que ce serai plus drôle qu'il ne se tienne pas. Je le fais sauter et le rattrape par les hanches pour le tenir toujours en planche sur le ventre autours de moi.

Ok, vu les regards autours de nous, ça doit être plus ou moins ça qu'on attendait de moi. Tant mieux. En tout cas, c'est drôle.

Ce final est parfait. Notre relation doit rester à ce niveau. Un bisou sur la joue après une danse parfaite où tout le monde a été conquis, j'en suis heureux. Vraiment. On ne dirait pas comme ça mais je souris. Je m'amuse actuellement beaucoup en écoutant mon abruti de meilleur ami danser contre moi en s'endormant, tout en chantant une musique de notre enfance, un générique malheureusement français. Je me disais bien qu'il avait eu une enfance difficile. Le japon a tant de bons dessins animés pourquoi a-t-il fallu qu'il se tourne vers du français ?

Et voilà... Il est clairement plus là mentalement. Il s'est perdu dans son monde et ça voit juste flou. Bon. C'est le moment de le soulever comme la princesse perdue qu'il est, et de le ramener dans un coin où il sera plus tranquille. Je le met dans mes bras et avec un soupire le soulève. Il va vraiment falloir qu'on parle après ça. Au moins, je me serai amusé.

Je traverse la salle alors qu'une grande partie des gens se tournent vers nous avec des paillettes dans les yeux. Ils ont jamais vu de bromance ou quoi ? Je soupire. Certains diraient que c'est clairement gay, et ils n'auraient pas tort. J'ai vraiment l'impression qu'il me contamine avec sa gayness. C'est vraiment une maladie cette connerie, mais c'est un peu comme la grippe, sauf que le vaccin c'est une bonne paire. Il y a rien à faire entre un mec et une femme, l'un a quand même plus de beauté que l'autre. Un mec c'est un cube, un carré, des lignes droites, là où une femme ça a des courbes et ça donne une vraie douceur. Certains mecs ont ça aussi, mais c'est rare.

Dommage.

Je dépose Shin sur le canapé à côté du mien. C'est un peu de bout de canapé plus que de vrais canapés. En même temps, on est clairement dans un squat là, pas dans une vraie demeure. Un jour ça changera, je regarde les personnes devant moi. Un jour je leur donnerai ce qu'ils attendent de moi, la gloire et la protection. Je compte bien en faire un endroit de paix, ou les mecs de la rue peuvent enfin avoir un vrai espoir plus loin que juste ce trou.

Faut qu'on grandisse encore. Plus on sera, plus grand on sera et plus de choses on pourra faire. Je sors mon carnet et commence à noter les stratégies de comm', de temps en temps, je vérifie si Shin respire encore.

Ce serait con de le perdre avant de lui avoir donner un vrai palace où se défoncer.

Je redresse le visage avec une lenteur significative. Mec, c'est l'heure de ma sieste et là tu me casses les burnes. Mais comme c'est Shin, j'ai un regard un minimum plus sympathique. S'il parle alors qu'il sait mon besoin naturel pour dormir dans toutes situations, c'est que ça doit être grave, très grave. Mon oreille se veut donc attentive à sa demande, au grand damne des personnes présentes, qui comme toujours ne comprenne pas mon amitié pour cet étrange homme.

Tout simplement par ce que ce n'est pas un homme, c'est Shin. Personne ne doit classer dans une catégorie Shin. Il l'insulterait. Je taperai. Seulement, en plus de la demande unique qu'il demande à notre amitié, il a l'air d'avoir autre chose à dire.

Son attention est trop clair pour que ce soit simplement un grattage de dos, certes primordial mais non impressionnant en vue de ce fameux jour où il m'a demandé un pas inconnu. Je ne réagis pas plus que ça facialement mais une partie de moi et curieux d'entendre ce qu'il peut bien avoir à me narrer. Ma main se met dans son dos alors qu'avec un calme et une maîtrise poussée que je ne me connaissais pas pour cet élément de la vie : je le gratouille.

Une fois que son visage a l'air ravi, je laisse ma main continuer encore un peu puis s'arrêter. Je lève la main et fait signe à tout ceux autours de nous de partir. Ils n'ont pas besoin d'entendre tout ça. Je croise mes bras et le recale correctement contre le bois. Mon regard bleu roi le fixe en attendant la suite de son explication.

« Qu'est-ce qui te préoccupe ? »

Je parle peu avec Shin. J'en ai encore moins besoin qu'avec les autres. Il me comprend sans un mot et c'est aussi un des faits revigorants de notre relation. Pourtant, en cet instant, je suis persuadé qu'il attendait un mot de ma part. Je ne sais ce qu'il s'est passé mais une chose est sûre : il peut compter sur moi. Penchant légèrement la tête, j'attends la suite de ses mots, j'attends qu'il ouvre tout ce qu'il sait et veut partager avec moi. Ne me faites pas croire que j'ai un abruti devant les yeux, c'est l'homme le plus intelligent que je connaisse.

Si vous ne le saviez pas, c'est que vous êtes aveugles. C'est handicapant, mais l'assistance handicap est là pour vous. Bonne chance.