Le cyclisme est le sport préféré de Matsuoka, mais cela ne veut pas dire que c’est le seul sport qu’il apprécie faire. A vrai dire, il y a bien quelques autres sports qui lui permettent de ressentir la vitesse avec autant d’intensité que s’il était sur son vélo et parmi ces derniers, le patin à glace est probablement celui qui l’attire le plus. Oh il est bien loin d’être un patineur hors pair, les acrobaties et autres pirouettes ne l’intéressent guère, ça serait un coup à tomber royalement sur le sol et éventuellement se blesser, le mettant out pour le cyclisme pendant quelques mois.

Sa nouvelle rentrée s’est relativement bien passée, de nombreuses rencontres sont venues égayer sa vie tout juste commencée à Namimori, alors autant en profiter ! Après un solide repas chez lui, de quoi faire une après-midi de sport à se dépenser et s’amuser sans se soucier de la faim, il part à vélo en direction de la patinoire de la ville, son téléphone lui indiquant la route à suivre. C’est un coin de la ville qu’il n’a pas encore exploré, donc autant ne pas y aller à l’aveugle, bien que moins d’une dizaine de minute suffise à le faire rejoindre sa destination.

Comme la plupart des gens qui y viennent, Matsuoka paie la location des patins en plus de son entrée, ne possédant pas une paire personnelle. Pendant un temps, ce fut une idée qui lui traverse l’esprit, mais au final, le vélo est vraiment ce qui l’attire le plus et autant mieux investir son argent… dans une figurine édition limitée de son manga favori. En tout cas, quelques minutes plus tard, le voilà chaussé de ses patins, parfaitement à sa taille et encore en très bon état apparemment, les gens qui les gèrent ont l’air de s’en occuper très soigneusement, une aubaine !

La piste est peu remplie, bien que c’est assez logique en soit : en ce mois de mai, difficile d’imaginer des gens venir faire de la patinoire alors qu’il y a un très beau temps dehors. Au moins, ça lui laissera plus de place pour faire des tours à pleine vitesse, c’est toujours ça de pris. Le jeune homme s’élance lentement, bien qu’il n’ait pas besoin de s’échauffer vu que le trajet en vélo l’a déjà fait pour lui, il en profite donc pour accélérer petit à petit, regardant ce qu’il peut bien se passer sur la piste. Il y a les éternels couples qui viennent entre eux profiter d’un moment agréable, ceux qui sont des véritables artistes sur glace et produisent des sauts vrillés à la limite du miracle, il y a aussi… des garçons qui ont l’air de déranger une jeune femme qui veut juste patiner ?

Rares sont les fois où Matsuoka aiment s’intéresser aux problèmes des autres, mais quand cela lui rappelle les brimades qu’il a pu vivre étant petit, c’est une autre histoire. Un tour de piste, puis deux, le problème ne semble pas s’arranger, pire encore : les trois mecs se montrent menaçants envers la pauvre femme qui a l’air effrayé. Trois garçons plus épais que le cycliste à lunettes, plus grands aussi, mais pourtant, décidant de faire un virage rapide au dernier moment, Matsuoka vient s’interposer entre eux et elle, à la limite d’en bousculer un tant ils étaient en train de la coller.

« Pourriez-vous arrêter cela s’il vous plait ? Il me semble que cette femme ne souhaite guère votre compagnie et je doute fort que quiconque ici ne la souhaite d’ailleurs. »

Petit, à lunettes, pas bien épais, mais tout le courage du monde quand il s’agit d’intervenir. Enfin, c’est sans compter les regards menaçants et l’attitude dangereuse des énergumènes face à lui…

Impossible de ne pas être admiratif devant le charisme et le sourire de cet homme, celui qui les a sauvé tous les deux. D’un point de vue extérieur, on pourrait se dire qu’il n’a fait que son travail vu qu’il est un policier, que ça aurait été honteux de sa part de ne pas s’en mêler, etc… Mais il fallait être à la place de Matsuoka ou de la jeune femme pour réellement juger de son courage : pieds nu sur la glace, il a préféré foncer à sa façon sur la glace pour intervenir plutôt que s’exclamer à distance ou attendre d’avoir des patins. De plus, il est arrivé au parfait moment pour éviter à Matsu de prendre un coup, autant dire qu’il n’y a que de l’admiration dans les yeux du jeune homme au moment où un sourire chaleureux lui est destiné.

Le policier le remercie d’être intervenu, ce qui a permis à la scène d’être un peu plus visible au milieu de toutes ces personnes qui font simplement du patinage. Le petit brun esquisse un sourire un peu gêné au moment d’entendre qu’il a accompli un acte héroïque, lui qui se contente de vivre sa vie en général n’a voulu qu’éviter à une personne de vivre certaines interactions qu’il a lui-même vécu par le passé. Matsuoka s’écarte quelques instants de la jeune femme qui voulait parler avec le policier, préférant lui laisser la liberté de dire ce qu’elle souhaite, des détails privés concernant l’incident ont peut-être besoin d’être raconté.

Lorsque la courte conversation est terminée, il finit par revenir en direction du sauveur et de la demoiselle, cette dernière part, le visage tout rouge. Curieux mais ne souhaitant pas être indiscret, Matsuoka se tourne à nouveau vers le policier qui… lui tend une part de gâteau au chocolat, lui annonçant au passage qu’il a bien agi et qu’il semble être un héros pour la jeune femme. Cette fois, c’est le lycéen qui va se mettre à rougir : même si cela peut sembler logique après ses actions, il n’a pas imaginé un seul instant qu’il aurait le droit à « autant » d’éloges.

« M… Merci. » dit-il tout doucement lors du rire du grand homme face à lui, venant s’installer à ses côtés, ne sachant pas s’il devrait être gêné de la situation ou fier de ce qu’il a fait.

« Matsuoka Kimitada, monsieur. Ça sera avec plaisir que je vous tiendrais compagnie. »

Tant bien que mal, il tente de reprendre le contrôle de ses émotions pour discuter normalement. Regardant la part de gâteau au chocolat dans ses mains, le jeune homme ne peut s’empêcher de sourire : ce gâteau a l’air déjà très bon, mais en se disant que c’est grâce à son courage qu’on lui a offert, le goût risque d’être encore meilleur. Mais avant cela, Matsu tient absolument à savoir le nom de son sauveur.

« Puis-je savoir votre nom, monsieur le policier ? Que je puisse au moins vous remercier convenablement et conter à mes proches à quel point vous avez été incroyable. »