Caractère

Feng Yao-Shi est un homme relativement facile à agacer, de sorte qu'un pli est très souvent visible sur son front. Néanmoins, il a appris à contrôler quelque peu sa colère, depuis son enfance, qui a toujours été l'un de ses pires défauts. Ainsi, même s'il s'énerve facilement, il n'en perd pas moins son calme. Ce qui en fait un sang-chaud qui se comporte avec sang-froid.

Si l'homme sait faire preuve de délicatesse avec les personnes fragiles ou auxquelles il tient. Il sait également se montrer rude ou froid et ce, même s'il n'a rien contre ces gens avec lesquels il est dur. S'exprimer ouvertement est parfois compliqué... Surtout lorsqu'on a une patience quelque peu limité, même si on parvient à prendre sur soi.

Rancunier, il n'oublie jamais une humiliation ou un acte lui étant plus que défavorable. Ainsi, il compte bien se venger de sa famille, tout particulièrement de sa sœur Qi-Ying qui a marqué son corps. Car c'est bien de leur faute si sa vie a été aussi chaotique si ce n'est infernale jusque là. C'est d'ailleurs de ces expériences douloureuses qu'il a vécu qu'il a découvert une partie un peu plus sombre de sa personne. C'est à cause de cela qu'il a appris que la vengeance est un plat qui se mange froid. Parfois, des idées noires traversent son esprit, des bribes de sadisme, peut-être.

Intelligent, il parle couramment trois langues : japonais, chinois et anglais. Il a également obtenu un diplôme de psychologie qui lui permet d'exercer en tant que tel. Mais, plus que cela, c'est un amoureux de l'esprit humain avec toutes ses complexités. C'est pourquoi il s'est beaucoup documenté sur l'hypnose et l'auto-hypnose avec la puissance d'auto-suggestion de l'être humain. Malheureusement, il lui est difficile de mettre en pratique ses connaissance de façon légale de sorte qu'il travaille sur une façon de contourner les lois et usages sans véritablement transgresser quoi que ce soit. Faire quelques échanges éclairés avec des hommes ou femmes de savoir est toujours un plaisir pour lui.

Ouvert d'esprit, plus par obligation que par nature, il a appris à faire quelques tours de magie et à apprécier cette activité qui nécessite beaucoup d'habileté, en plus d'une grande flexibilité d'esprit. En effet, il a appris à à voir au delà des simples apparences et, a su déceler la complexité mais aussi et surtout l'intérêt de ces arts pervertissant la réalité.

Fier en dépit des épreuves qu'il a du traverser, Yao a beaucoup de mal à avouer lorsqu'il a besoin d'aide. De plus, il a beaucoup de mal à accepter qu'on puisse lui manquer de respect. Evidemment, il n'aime pas vraiment montrer ses émotions et se fait un malin plaisir à essayer de tromper ceux qui aimeraient s'approcher de trop prêt de son coeur et en découvrir les secrets. C'est pourquoi il aime paraître neutre, voir strict.

En proie au doute, le coeur du lotus pourpre de la trahison balance entre ce que l'on pourrait appeler le "bien" et le "mal". Il ne saisit pas la limite dite classique entre ces deux idées, ayant intégré que toute vérité est subjective et donc qu'il y a autant de définitions de ces termes que de personnes sur Terre. Il ne s'embarrasse donc pas de la morale, même s'il n'en est pas pour autant amoral. Quel plaisir aurait-il à faire le mal ? Pourquoi chercherait-il à faire le bien ? Yao-Shi est quelque peu perdu, il cherche encore à se frayer son chemin dans ce monde. Un appartement ? Il en a un. Un salaire stable ? Il vient tout juste d'en avoir un. Mis à part sa vengeance, il n'a pas grand chose au final. Peut être doit-il s'accomplir pour passer à autre chose. Mais comment ? Il doit encore devenir plus fort et intelligent, se trouver des alliés peut être, monter au point un plan...

Manipulateur, le mafieux aime déformer la réalité à son avantage même s'il n'aime pas mentir et qu'il hait les menteurs. Pourquoi les hait-il ? Parce qu'il n'aime pas la fiction. Mais, il sait reconnaître la valeur du mensonge dans le sens où celui-ci est le reflet de la vérité, comme le soleil celui de la lune. Le mensonge en dit parfois bien plus d'une personne que la vérité pure. Ce n'est pas non plus quelqu'un de véritablement impartial, c'est une personne subjective, émotive qui refuse de suivre la simple raison. C'est aussi pourquoi il ne faut pas le prendre pour une mauvaise personne, car il sait ressentir de la sympathie, de l'amour.

Le fils Feng a appris la prudence mais aussi et surtout la méfiance, par la suite à tout ce qui est survenu dans sa vie. Ainsi, il évite toute confrontation directe, préférant les voix détournées quand bien même cela pourrait être apparenté à de la fourberie. C'est avant tout un observateur, bien qu'il puisse être à même de faire bien plus si le coeur lui en dit ou qu'il trouve un quelconque intérêt.

Histoire

"Long Laoshi, je vous attends !" Le garçon marqua une pause, avant de reprendre plus agacé. "Que faites-vous ?!"

A cette époque, il avait dix ans et était pourvu d'un mentor chargé de lui enseigner les arts martiaux ainsi que le préparer au terrible métier d'assassin. Une femme s'approcha de lui, finissant d'ingurgiter sa gourde emplit d'alcool.

"Désolée, mais j'étais en train de me détendre..."

"Vous détendre ?! Je vous rappelle que je devrai me battre contre ma soeur pour déterminer qui de nous deux entrera dans la triade Beifong !"

"Je sais, je sais... Mais, se détendre fait partie de l'entraînement. Et puis, c'est quoi cette règle stupide... La famille Feng a une place réservée chez les Beifong et pas deux, d'accord, mais c'est absurde de faire s'entre-tuer deux enfants."

L'enfant fusille du regard la tueuse, avant d'ajouter : "Je n'ai pas le temps de me détendre ! Elle, elle ne se détend pas, à ce que je sache ! Et puis, arrêtez de boire !"

Sur ces mots, la femme soupire, laissant tomber ses affaires avant de se mettre en garde. "Je t'attend, Yaoyao..." Il détestait quand elle l'appelait Yaoyao et s'énervait toujours, en lui hurlant d'arrêter de l'appeler ainsi. Comme d'habitude, la colère prit le dessus et il se rua sur elle, comme un animal sauvage. Evidemment, elle avait fait exprès, sachant que ses mouvements étaient bien plus médiocres lorsqu'il était énervé et, le mit à terre en seulement un coup. "Tu ressembles vraiment à un petit singe..." Le fils Feng hurla de colère avant d'abandonner son maître pour s'enfermer dans sa chambre, ruminant sur comment tuer son maître.

Feng Yao-Shi et Feng Qi-Ying avaient tous deux quinze ans et l'heure du duel avait sonnée. Les jeunes, avec leurs parents et leur mentor, étaient réunis dans un hangar du dock de Weihai. Le recruteur de la triade Beifang arriva et s'inclina respectueusement devant la famille, qui en fit de même.

"Bien... Il semblerait que l'heure soit arrivée d'accepter parmi nous un nouveau Feng, ce qui est un honneur étant donné que votre famille est dans la mafia depuis quelques générations déjà."

Long Fei attrapa son élève par le bras et lui murmura quelques mots à l'oreille, avant le début du duel : "Tu peux y arriver si tu gardes ton calme. Ta soeur est forte, mais tu t'es bien entraîné, tu as tes chances. Telle la feuille qui tombe de l'arbre, tu dois te laisser porter par le vent." Yao-Shi hocha la tête. Depuis le temps qu'il s'entraînait avec son mentor attitré, il avait appris à se canaliser un temps soit peu. "Et n'oublie pas, les apparences sont trompeuses." L'adolescent se défit de l'étreinte de son maître. "N'ayez crainte. Ce n'est pas mon sang qui sera versé, mais le sien."

Il s'avança vers le centre du hangar, mains nues, tandis que sa soeur, Qi-Ying, s'approcha, épée en main. "Yaoyao, tu veux me faire passer pour une méchante, c'est ça ?" Il ne répondit rien. C'était le meilleur moyen d'éviter de tomber dans un piège. Car, il connaissait sa jumelle et son âme manipulatrice et parce qu'il savait très bien que tout le monde, ici, était au courant qu'il employait uniquement des aiguilles -pour attaquer à distance- et son propre corps.

Lorsque le combat commença, tout le monde pensait que le garçon en sortirait victorieux, il avait un net avantage. Mais, il perdit au moment même où Qi-Ying l'écorcha à la taille, même si elle avait reçu plus de coups. En effet, la fourbe demoiselle avait enduit son arme de poison. Et, ce fut le coeur emplit de rage que le garçon constata que son corps ne voulait plus lui obéir. Il tomba à terre, sur le dos. Mais, sa jumelle ne se stoppa pas là. Si ce ne fut pas pour l'intervention de Long Fei, l'adolescent aurait été tué. A la place, il s'en sortit avec de graves blessures en comptant une plaie dont il gardera la cicatrice toute sa vie et souffrant d'un poison peu appréciable.

Si déjà, le garçon était mort aux yeux de son père, à genoux, son mentor et sa mère supplièrent pour qu'il lui soit accordé une nouvelle chance.


"Long laoshi, auriez-vous l'amabilité de bien vouloir faire vos bagages ? Ce n'est pas que ma vie dépend de cet assassinat, mais un peu, quand même..."

Feng Yao-Shi avait échappé à la mort grâce à son maître et il avait, en plus de cela,
une seconde et dernière chance pour devenir membre des Beifong. Il ne comptait pas la laisser passer. Cela faisait presque deux mois qu'il s'était battu contre sa soeur et pourtant, il gardait le souvenir amer du poison qui avait parcouru ses veines, mais aussi des blessures qu'elle lui avait infligé alors qu'il était sous le joug de la paralysie.

Sa main vint se placer sur la cicatrice qui ornerait son torse pour le restant de ses jours. "Tu as encore mal ?" Il lui répondit que non. La femme se leva et dépoussiéra ses vêtements. "On y va ?" Incrédule, l'adolescent lui demanda : "Et vos affaires ?" Ce à quoi la femme répondit qu'elle n'avait besoin de rien de plus que son alcool, ses aiguilles et son argent. Puis, elle montra un petit tour de magie à son élève.

"Vous me prenez pour un saltimbanque ?"

"Comment penses-tu que nous allons gagner notre croûte, pendant ce voyage ?"

Quelques heures plus tard, les voilà dans un train en direction du Shanxi, là où le Tigre Blanc -leur cible- avait été aperçu pour la dernière fois. Mais, ce ne fut qu'après plusieurs mois d'enquête, traversant plusieurs provinces de Chine, que le binôme trouva la traîtresse que le jeune Yao devait exécuter.

Le Tigre Blanc, après avoir déserté la triade Beifong, avait fondé une famille et avait ouvert un salon de thé avant de se lancer dans la voie du taoïsme. Le fils Feng avait décidé de s'approcher de l'ancienne tueuse afin de récolter des informations. Pour cela, il était devenu client régulier de l'établissement dont elle était patronne.

C'était une femme tout à fait charmante qui, très vite, fut en mesure de conquérir le coeur du jeune homme. Et, ses belles paroles se frayèrent un chemin jusqu'au plus profond de l'esprit de Yao-Shi, semant le doute en sa personne.

"Le bien et le mal tout n'est que question de point de vue. Il existe autant de vérités qu'il y a de personnes en ce monde."


"La force ne réside pas dans le fait d'écraser les autres physiquement, mais de les surplomber mentalement."


Elle avait découvert que son jeune client était un mafieux de la triade Beifong. Mais, elle ne l'avait pas fui. Elle avait accepté son destin et attendait qu'il fasse ce qu'il avait à faire. Mais, Feng Yao-Shi était tombé amoureux de cette femme, Li Hua, et il n'était pas capable de briser sa famille. Lorsqu'il découvrit qu'elle savait, il fondit en larme sous ses yeux et s'excusa encore et encore.
Un jour, rentrant du salon de thé, il dit à son maître : "Il faut quitter ce pays. Si je reste là, ils me feront tuer." Il savait que Long Fei ne le trahirait pas ou plutôt, elle était tout ce qui lui restait. S'agenouillant devant elle,
il la pria de bien vouloir le pardonner. Mais, son mentor n'était pas en colère. Alors, il lui demanda conseil. "Que faire ?" L’acupunctrice monta un plan de fuite qu'elle lui expliqua. Ils quittèrent la ville dans la nuit, profitant de l'obscurité pour se faire discrets.


"Je vous hais ! Vous n'êtes qu'une sale manipulatrice en plus d'être une ivrogne sans honneur !"

Feng Yao-Shi n'avait découvert qu'en arrivant au Japon qu'ils étaient sous surveillance, lorsqu'il travaillait encore sur l'assassinat de Li Hua. Et donc, ce ne fut qu'après plusieurs mois de cavale qu'il comprit que son premier amour avait sans doute été tué malgré son refus d'exécuter la mission.

"Si je t'avais prévenu avant qu'on parte, tu serais surement resté et tu te serais fait tué. Je te connais, depuis le temps que je suis ton maître. Je n'avais pas envie de perdre mon seul disciple que je considère comme un fils."

Il la frappa de toutes ses forces avant de quitter le salon de massage que son maître avait ouvert en s'installant à Kyoto. Il venait de décider qu'il referait sa vie seul, sans l'aide de cette femme. Dès lors, le garçon n'avait plus rien. En peu de temps, sa vie était devenue un véritable fiasco. Des souvenirs heureux de son enfance lui revinrent en tête. La famille Feng était riche. Lui, maintenant, était pauvre, pourtant. On lui avait promis une carrière dans la triade Beifong et pourtant, il avait échappé de peu à la mort. Sa mère et son maître avait jeté leur fierté aux orties pour qu'il ait une seconde chance qu'il avait honteusement refoulé en trouvant son premier amour qui fut exécuté. Et le voilà au Japon... seul.


A cette époque, le chinois menait des études en psychologie. Il logeait seul dans un appartement. Et, s'il n'avait pas le moindre ami, il vivait plutôt bien même s'il eut beaucoup de mal à s'adapter à son nouvel environnement.
En effet, après s'être séparé de Long Fei, il marcha quelques jours avant de monter clandestinement dans un train. Une fois arrivé à Tokyo, il passa plusieurs nuit à dormir dans la rue, étant dénué d'argent. Et, il se mit au vol. Cependant, il lui arrivait de se remémorer Li Hua, Le Tigre Blanc, et son amour pour elle et ses paroles éclairées lui revenant en tête, il s'orientait finalement vers une voie moins chaotique.
Ainsi, il chercha à "gagner sa croûte" et, se remémorant les tours de magie de son mentor, il se lança dans le spectacle de rue.

C'est avec le spectacle de rue qu'il réussit à survivre, sans voler. Cependant, cela restait insuffisant pour se payer un appartement ou des études. Il essaya donc de renouer avec la mafia et se mit en quête du marché noir japonais. Ce ne fut pas facile pour Feng Yao-Shi dont le japonais n'était pas encore vraiment au point.

Ce fut en se prostituant, abandonnant tout ce qui lui restait de fierté, d'espoir et d'amour propre, qu'il parvint à se payer un appartement et des études. Puis, il renoua avec son maître qui accepta de lui verser un peu d'argent en lui faisant promettre d'arrêter ce travail indigne de lui. A la place, elle lui donna l'adresse d'un mafieux local pour lequel il pourrait peut-être travailler sans avoir à vendre son corps.

Résultat : il se retrouvait à étudier le jour, puis à assurer la sécurité d'une salle de jeux illégale qui avait pu se développer suite à l'affaiblissement Vongola. Le rythme était dur à tenir, mais avec de la bonne volonté, il s'en sortait. Etrangement, le chinois se sentait plus dans son élément la nuit, même s'il lui arrivait de se faire frapper et de tabasser des gens que le jour où il n'était rien de plus que "le petit chinois" et était ennuyé par tous les crétins du coin.


Adossé contre un mur, les bras croisés, l'étudiant en psychologie attend que son mentor daigne se lever afin qu'ils s'entraînent comme au bon vieux temps.

"Vous n'avez pas changé, Long Fei..."

"Tu n'as pas changé, petit singe... Ou plutôt devrais-je t'appeler Lotus Pourpre de la Trahison."

Il lâche un soupir.

"Et vous, comment êtes-vous surnommée ? L'ivrogne déserteuse ?"

La femme se met à rire à gorge déployée et se lève avant de commencer quelques échanges avec son protégé.

"Est-ce que ça t'intéresserait d'apprendre quelques bases d’acupuncture ?"

"Pas maintenant... Je suis en train d'étudier quelques livres sur l'hypnose et l'auto-hypnose. J'aimerais faire un stage d'apprentissage. Je pense que cela se marierait à la perfection avec mes études de psychologie."

Elle siffle, apparemment impressionnée par le sérieux de son élève.

"Je suis contente de te revoir... C'est la première fois depuis notre dispute. Comment se passe ton travail ?"

"J'ai arrêté. Cela ne me plait plus, j'ai trouvé autre chose. Mais, je garde contact avec la mafia. J'accompli quelques petites missions, par-ci, par-là."

"En tous cas, de ce que je vois, tu n'as pas arrêté de t'entraîner malgré notre longue séparation."


"Vous êtes bien Feng Yao-Shi ?"

"C'est exact."

"Votre bureau se trouve juste en face de l'infirmerie. Voici un plan de l'établissement."

"Je vous remercie."

Sur ces mots, le psychologue prend la direction de ce qui va lui servir de bureau pendant quelques temps, après avoir fait un tour en salle des professeurs afin de se présenter au reste du personnel. Il dépose quelques cartons dans la salle qui lui est dédiée puis il ouvre la fenêtre et observe la cour, déboutonnant le haut de sa chemise.

"Je me demande ce qui m'attend, cette année... Le chemin aura été long, avant que j'en arrive là, avant que je regagne mon honneur."

Le chinois ferme les yeux avant de se masser les tempes. Avec ce travail, il ne devrait pas avoir de soucis d'argent et devrait avoir le temps de faire ce qui lui plait. Avec un peu de chance, il pourra tester quelques méthodes d'hypnose sur les élèves et mener une étude comportementale sur eux.