Enfin l’heure de quitter le lycée semble arriver pour le jeune Matsuoka, une heure après que les autres élèves de sa classe soient déjà partis pour rentrer chez eux ou vaquer à leurs occupations. Dans son cas, ce qui l’a retenu est son inscription au club de cyclisme, enfin ! Lui qui espérait tant le rejoindre, il aura un petit test dans quelques jours pour savoir s’il peut y entrer comme membre participant aux compétitions ou comme membre « soutien », il n’y a rien d’insultant dans la deuxième catégorie, ce sont ceux qui aident les champions de l’équipe en plus de vivre leur passion. Ces quelques jours vont lui laisser le temps de se préparer physiquement et de reprendre le rythme de faire plusieurs dizaines, voire centaine, de kilomètres par jour.

Avant cela, ça serait dommage de ne pas profiter d’un bon repas avant de reprendre un régime un peu plus sportif et, il faut l’avouer, Matsuoka possède un petit pêché mignon : les ramens ! Qui plus est, c’est au coin d’un couloir du lycée qu’il a entendu parler d’un restaurant de ramen très sympa, pas si loin que ça de chez lui. Impossible pour le petit brun à lunettes de ne pas y passer en prendre un peu, et pourquoi pas y rester manger s’il y a un peu de place.

Enfourchant son vélo, le voilà qui se met en route pour le restaurant, utilisant son smartphone pour le guider dans les quelques rues qu’il ne connait pas encore. Rapidement, Matsuoka se rend compte que ce n’est pas la peine d’utiliser son GPS finalement : des gens semblent aussi impatients d’aller à un restaurant, vantant ses qualités et prévoyant d’y avoir un très bon repas. Il n’y a pas de fumée sans feu et c’est plus que probable que leur destination est la même que la sienne. L’enseigne finit par apparaître devant lui deux rues plus loin, rien que l’odeur ferait presque saliver le jeune homme qui vient caler son vélo dans un coin où il ne dérangerait personne, avant de rentrer dans l’établissement.

A peine le petit brun a-t-il passé la porte d’entrée du restaurant qu’on vient l’accueillir : un jeune homme du même âge que lui apparemment, mais tellement plus grand que lui ! Enfin, ce n’est plus vraiment étonnant à ses yeux, mais quand la personne a probablement le même âge, c’est quand même un petit pincement à la fierté. Enfin, les paroles du grand blond le tire immédiatement de ses pensées, le faisant répondre presque aussitôt :

« Bonjour ! Si vous avez un peu de place, j’aimerais bien manger sur place, sinon je prendrais à emporter, merci. »

Les odeurs qui parvenaient déjà à ses narines dans la rue sont décuplés dans le restaurant en lui-même, l’ambiance est aussi très bonne, les clients semblent prendre beaucoup de plaisir à déguster un bon repas ici. Plus les secondes passent, plus son ventre lui fait comprendre qu’il n’a pas d’autre choix que de prendre une bonne portion de ce qu’on lui proposera ! Lui qui est d’habitude si passif quand il attend quelque part, Matsuoka ne peut s’empêcher de prononcer quelques compliments, tant la faim l’envahit.

« En tout cas, impossible de résister à une si bonne odeur, j’ai bien fait de venir. »

La gentillesse du jeune homme qui est venu accueillir Matsuoka n’a d’égal que son professionnalisme. Sans perdre du regard le jeune client, le grand blond lançait de rapides coups d’œil à différents endroits du restaurant, pour s’assurer surement des prochaines commandes à servir ou d’autres choses qui échappent complètement au cycliste. Dans tous les cas, ce dernier est placé très rapidement au comptoir, à une place assise simple mais confortable : siège un peu rehaussé pour convenir à tous les clients, qu’importe leur taille, les lumières viennent donner vie à l’endroit où il va manger, etc… Tout semble s’accorder pour passer un excellent moment !

D’un rapide hochement de tête, le petit brun fait comprendre au serveur que ça lui convient parfaitement avant de se plonger dans le menu une fois qu’on lui donne en main. Les options sont multiples et toutes aussi intéressantes les unes que les autres, mais pour Matsuoka, son plat préféré faisant parti de la liste, c’est une décision sans appel : un bol de ramen bœuf teriyaki ! Cela lui fait terriblement envie et ça sera sûrement un ultime plaisir avant un régime strict s’il se voit intégrer l’équipe de cyclisme qui participera aux compétitions.

Quelques instants passent sans que Matsuoka ne les voient passer, ne sachant pas dire s’il s’agit de secondes ou minutes, tant il est perdu dans ses pensées. C’est finalement le jeune homme qui l’a accueilli qui le tire de son imagination en lui adressant la parole pour lui demander son choix.

« Oui, je prendrais un bol de ramen bœuf teriyaki s’il vous plait ! » dit-il, avec un grand sourire aux lèvres.

Fixant son regard sur son interlocuteur sans trop d’insistance, son visage lui semble familier. Pas comme s’il le connaissait, mais il l’a peut-être déjà aperçu quelque part… Peut-être au lycée ? Mais pas le temps de songer plus que ça, voilà que le beau blond reprend la parole pour en demander un peu plus le concernant.

« C’est ce qu’il me semble aussi, en effet. Je viens tout juste de vient d’arriver en ville et j’ai effectivement rejoint le lycée du coin. Son nom m’échappe encore…  pourriez-vous me le rappeler ? »

S’il travaille ici, aucun doute que le jeune homme a la réponse. Sans s’en rendre compte, malgré que ce dernier tutoie Matsuoka, le petit brun continue à le vouvoyer, c’est un de ses vilains défauts : il brise difficilement la distance avec les autres, s’imaginant manquer de respect s’il venait à tutoyer une personne sans réellement la connaître ou en avoir l’autorisation.

Pourtant, sa curiosité n’ayant pas de limite, il ne peut s’empêcher de réfléchir à l’endroit où il aurait pu croiser ce gentil serveur qui l’envoûte avec les gestes qu’il effectue pour préparer un repas. Dans le doute, autant demander, inutile de mourir idiot avec ses questions.

« J’ai l’impression de vous avoir déjà aperçu au lycée, mais peut-être est-ce mon imagination ? »

« Le lycée Namimori ! Merci, j’ai toujours eu une mauvaise mémoire des noms. »

En réalité, Matsuoka n’a pas une si mauvaise mémoire que ça en ce qui concerne les lieux, c’est juste qu’en cet instant, son cerveau n’envoie plus les informations correctement tant il est absorbé par les odeurs qui se mélangent et lui parviennent. Peu importe le temps qu’il lui faudra attendre, il patientera sagement que son bol de ramen arrive et pour l’instant, lorsque le jeune homme ne lui fait pas face pour discuter, il se contente d’observer autour de lui. Non pas les gens qui savourent leur repas, mais simplement le décor, les lumières, la disposition des plans de travail, etc…

Effectivement, difficile de s’imaginer passer un mauvais moment dans une ambiance aussi conviviale, dans un lieu aussi bien entretenu et avec de telles odeurs pour attiser votre faim. Le nouveau lycéen avait un endroit où prendre des repas délicieux dans sa précédente ville, bien que c’était surtout des repas simples mais avec des desserts d’une qualité exquise. Matsuoka n’a pas encore envisagé de prendre un dessert ici, ne se concentrant sur le repas bien chaud qui va lui être servi, relevé par des épices douces mais bien présentes.

Le serveur blond finit par revenir vers lui, déposant d’une main de maître le bol juste devant son client. Aucun doute, il est vraiment habitué à faire le service ici malgré son âge qu’on pourrait trouver assez « jeune », mais bon, s’il s’agit d’un restaurant familial, tout cela prend son sens. Le parfum du bœuf teriyaki vient subtiliser toute l’attention du jeune cycliste qui remercie grandement le serveur lorsqu’il lui confie les baguettes pour manger. Avant de commencer à manger, la réponse à sa question sur le fait de s’être déjà vu semble trouver un début de réponse : les clubs de sports.

« Je viens tout juste de rejoindre le club de cyclisme, aujourd’hui, mais j’imagine que nous nous sommes aperçus lorsque j’ai fait le tour des clubs sports. Ça me semble être l’option la plus probable. Vous êtes dans un club en particulier ou vous aidez tous les clubs sans distinction ? »

La discussion actuelle pique la curiosité de Matsuoka qui souhaite vraiment en savoir plus sur la personne face à lui : sa carrure ne traduit pas forcément qu’il est ultra musclé, mais ses gestes et son attitude confiante laisse penser qu’il s’entretient très bien, alors peut-être fait-il un sport très rigoureux au niveau de l’entraînement ? Dans tous les cas, le jeune homme à lunettes place ses baguettes dans sa main, sourire aux lèvres, avant de débuter son repas sans oublier de dire :

« Bon appétit ! »

Baguettes en main, Matsuoka les trempe dans son bol pour commencer son repas, prenant la plus grande délicatesse possible et amène la nourriture à son visage. Quelques instants plus tard, c’est une explosion de saveurs dans sa bouche, c’est vraiment délicieux ! Les épices viennent ensuite se faire ressentir, sublimant le goût de tout le repas. Aucun doute, c’est le meilleur ramen au bœuf teriyaki qu’il n’ait jamais mangé et c’est peu de le dire. Se concentrant sur son repas pendant quelques instants, le jeune homme finit par reposer ses baguettes un instant pour se servir un peu d’eau à boire, avant de revoir le serveur revenir vers lui, répondant à sa question le concernant. C’est assez rare de voir quelqu’un s’investir autant pour différents clubs sans réel objectif, si ce n’est de les aider sincèrement.

Le temps passe doucement, au fur et à mesure que le repas est savouré par le nouveau lycéen, alors que le grand blond derrière le comptoir salue les clients qui s’en vont un à un, après leur repas fini et l’addition payée. Une nouvelle question finit par lui arriver aux oreilles, lui demandant d’où il vient vu que Matsuoka a précisé qu’il était nouveau.

« D’Osaka, je suis venu ici car mes parents ont dû déménager pour leur travail. »

Difficile de parler plus que ça de la raison de son départ d’Osaka vu qu’il ne s’agit que de ça en réalité, et l’option de rester tout seul là-bas ne semblait ni envisageable, ni possible financièrement. Pourtant, avec les quelques rencontres qu’il a fait depuis son arrivée dans cette nouvelle ville, il ne regrette pas d’avoir suivi ses parents et se dit qu’un nouveau départ n’est pas si mal que ça finalement.

Prenant son temps pour manger, c’est lorsque Matsu se sert son deuxième verre que le jeune homme derrière le comptoir lui parle de cyclisme, le sujet préféré du client. Automatiquement, un nouveau sourire vient s’afficher aux lèvres du petit brun qui prend le soin de boire un peu d’eau avant de lui répondre :

« Oui, j’ai réussi à m’inscrire aujourd’hui. J’ai toujours fait du vélo depuis que je suis petit, mais j’ai vraiment commencé le cyclisme à partir du collège, ce qui m’a permis de découvrir la compétition dans ce sport. Et vous, y-a-t-il un sport en particulier qui vous intéresse ? Les infrastructures du lycée permettent de faire beaucoup de sports différents, donc j’imagine qu’il y en a peut-être un que vous préférez dans le lot ? »

Après tout, s’il aide dans la plupart des clubs, c’est que certains ne l’intéressent pas trop, ou que d’autres semblent plus adapté à ce qu’il recherche. Dans tous les cas, il possède un profil intéressant, peut-être que lui proposer de s’essayer au cyclisme pourrait l’aider à se décider ?

Malgré qu’il n’aime pas forcer se mêler de la vie des autres ou leur poser trop de questions les concernant, par crainte de faire preuve d’indiscrétion, lorsque la curiosité de Matsuoka est piquée, c’est presque impossible pour lui de se défaire de ce sentiment. Et pour être honnête, le jeune homme qui fait serveur dans ce petit restaurant l’intrigue : pourquoi ne pas avoir choisi un sport encore, alors qu’il semble être capable de faire beaucoup de choses. Peut-être hésite-t-il simplement ? Ou alors il attend qu’on lui propose de rejoindre un club ? Mais la seconde option semble moins probable : il a un profil très attirant pour la plupart des sports qui se pratiquent en équipe, même en solitaire.

La réflexion ne manque pas de continuer dans l’esprit du jeune homme alors qu’il savoure son repas, les morceaux de viande de bœuf disposés dans le bol sont aussi d’une très bonne qualité. Un savoir-faire de maître combiné à des ingrédients de choix, voilà le résultat qu’offre ce délicieux repas : un moment incroyable et la sensation d’avoir trouvé la perle rare parmi les restaurants du coin. Le grand blond revient d’avoir replacé correctement les bouteilles, sa tâche ne semble pas finie mais il met un point d’honneur à répondre à Matsuoka. Son indécision sur le sport qu’il aimerait semble réelle du coup, ce qui met fin à la réflexion du jeune homme.

Quelques instants plus tard, alors que ce dernier vient de terminer son repas, une main se tend devant lui alors que celui qui s’appelle Sora Sato se présente devant lui, l’air amical. Son père est donc la personne en cuisine qui a préparé le délicieux bol de ramen, nul doute qu’il a dû consacrer une vie entière à sa maîtrise de ses recettes pour en arriver là. Partageant le sourire du grand blond face à lui, Matsuoka lui serre la main amicalement, se présentant à son tour.

« Enchanté, je m’appelle Matsuoka Kimitada. Votre restaurant familial m’a fait manger les meilleurs ramens au bœuf teriyaki de toute ma vie, donc soyez sur que je compte revenir avec plaisir ! »

La sincérité se lit dans les yeux du petit brun, mais avant même de commander un dessert, la curiosité de Matsuoka finit par le rappeler à l’ordre et le voilà qui veut proposer quelque chose à Sora.

« Je ne me même que rarement des choses qui ne me regarde pas mais… Que diriez-vous de faire un essai dans le club de cyclisme ? Je suis tout juste inscrit dans celui de notre lycée, mais vous me semblez capable de tenir un rythme, réfléchir et réagir vite en fonction de ce qui se passe autour de vous. Vous ne semblez pas non plus être en sueur après sûrement un long service que vous venez d’effectuer. Ce n’est qu’une proposition, mais ce sport pourrait peut-être vous convenir. »

Effectivement, dès qu’il s’agit de cyclisme, Matsu est un peu moins muet, mais cette fois, c’est à la fois dans le but d’aider qu’il le fait. Son ancien capitaine disait qu’on ne se découvre une passion pour le cyclisme que lorsqu’on a vraiment essayé d’en faire, alors peut-être que proposer cela à Sora l’aidera à savoir s’il est fait pour ça ou non. Dans tous les cas, un essai ne coûte rien, si ce n’est un peu de son temps.

Lorsque Sora répondit sur le fait de rejoindre le club de cyclisme, cela ne semble pas être un non définitif et honnêtement, s’il est trop tôt pour lui pour rejoindre un club sportif, un simple discours tel que celui qu’a fait Matsuoka ne risque pas de le convaincre. Le capitaine est un homme avec beaucoup plus de charisme, de passion, une aura de vainqueur, lui aurait sûrement pu trouver de meilleurs mots. Dans tous les cas, ce n’était qu’une proposition et le petit brun est déjà bien content qu’il ne l’ait pas envoyé sur les roses de façon cinglante. Son sourire ne quitte pas son visage en tout cas, ne voulant pas que son interlocuteur croit qu’il soit offensé d’une quelconque façon.

La carte des desserts est posée sur la table quelques instants après, Sora devant repartir à la gestion d’autres clients et de la caisse. Pour le coup, même si Matsu a très bien mangé, le fait que son repas était vraiment délicieux, sa curiosité le pousse à saisir la carte pour y jeter un œil. Vu qu’ils font des plats à emporter, nul doute que les desserts bénéficient aussi de cette offre et ramener quelques gourmandises à ses parents peut aussi semble une bonne idée. Ses yeux se lancent donc à la recherche d’un dessert qui pourrait au moins tenter le jeune homme à ce moment précis, sinon un autre qui fera plaisir à offrir.

Bien que la liste soit très riche et variée, il finit par trouver son bonheur : des dorayakis ! Plus aucun doute possible, Matsuoka va prendre le temps de rester un peu plus longtemps ici, histoire de profiter de l’un de ses desserts préférés – vu la quantité de plats et desserts qu’il aime se trouvant ici, il reviendra probablement bien plus qu’il ne l’imagine. Attendant patiemment le retour de Sora, lorsque ce dernier est de nouveau disponible, il l’écoute avec attention : c’est vrai que ça pourrait être sympa de venir avec des amis, bien qu’il n’en a quasiment pas ici pour le moment. Venir avec ses parents ? Pourquoi pas. Pas sûr qu’Eden accepte de venir avec lui jusqu’ici, mais Orianna sera sûrement très intéressé, elle qui souhaite découvrir les alentours et les bons plans.

« Avec grand plaisir. Je ne manquerais pas de revenir accompagné, histoire de ne pas garder les bons plats de ce restaurant juste pour moi. » Une petite pointe d’humour de sa part, prouvant qu’il apprécie vraiment le restaurant dans son ensemble, aussi bien les plats que Sora qui le gère avec son père.

« Vous reste-t-il des dorayakis ? Si oui, j’aimerais en prendre deux s’il vous plait, Sora. »