La cigarette avait encore plus un goût de goudron ce soir. Il était dans la position exacte dans laquelle il s'était imaginé quelques années auparavant quand les poings de sa tante se fracasser sur lui en lui disant qu'il ne valait pas mieux que son oncle. C'était peut-être vrai. Il avait suivi un ami dans la merde qu'était la mafia et maintenant il dealait avec les gamins de la rue pour les faire progresser dans leur tuerie présent et futur. Quel genre de personne il se voyait devenir … ça ne lui plaisait absolument pas.

Il avait signé pour être aux côtés de Zuran, pas pour le laisser partir. Sa main se posa avec peine sur son front et il remonta ses mèches dans un soupir un peu lasse.

Ce n'était pas le moment pour ses maux. Puis de toutes façons, ce soir, il ne faisait que récupérer les biens en trop qu'avait donné Zuran à Rihan, rien de plus. Il faisait de la gestion, rien de plus. Bordel, il devait vraiment se calmer. Le stress prenait vraiment le garçon à la gorge. Il se sentait de plus en plus en dehors de sa propre vie.

Une bonne bière avec Shawn après, c'est tout ce qu'il demandait... Il se demandait ce qu'il se serait passé s'il ne l'avait pas eu avec lui actuellement. Naoki l'aidait beaucoup aussi... il devait penser boulot.

Il écrasa sa clope.

« Bon, il est où ce connard de livreur... » Il soupira. Pire que ça, il sentait que ce soir, ça allait être compliqué.

Les bruits de pas autours de la ruelle lui rappelaient bien qu'ils ne seraient pas seuls ici. Rabattant un peu sa capuche sur son visage, il s'avança de deux pas. Ses sourcils se froncèrent à l'entende de pas plus francs mais aussi … femme, homme. Il n'en était pas sûr, peu importe.

« Vous êtes le livreuse ? » Son regard se fixait droit devant lui, tombant dans ceux du garçon à casquette. « Je suis votre contact pour cette livraison. Mais allons ailleurs. »

Sinon, ils allaient finir attaquer par le haut dès l'instant où les balles se verraient.

Le second laissa son regard couler sur le côté pour observer la personne qu'on lui avait envoyé pour cette histoire. Ce n'était même pas un vrai manieur de flammes pas vrai ? Merde, s'il y avait un vrai combat, ça voulait dire qu'en plus de la cargaison, il allait falloir qu'il le protège lui aussi. Enfin elle. Enfin lui. Bordel, il aurait pas pu répondre à son interrogation ? C'était trop compliqué ? Il grogna encore un peu puis soupira, le tout mentalement pour n'attirer personne ni heurté l'autre personne avec lui.

Calmement, il remonta ses mains sur ses cheveux pour les accrocher. Clairement, il se préparait à une bataille en cet instant. De plus, il y avait quelque chose d'étrange dans les bruits de la nuit. Il y avait à la fois trop de bruit et pas assez. Plus exactement, les sons n'étaient pas le bons.

« Est-ce que vous savez vous battre ? »

Il préférait demander... il avait vraiment peur qu'on lui ait envoyé un boulet juste pour faire diversion pour voler les balles de la dernière volonté sans rien devoir aux Vongola. Ou même par mégarde... L’imbécillité frôle toujours la trahison après tout.

Mais pour le reste, il accéléra les pas quand un des sons lui fit penser à celui d'une arme sur un des murs. Une arme blanche, mais une arme quand même. Le choc avait été trop brusque pour qu'il ne puisse définir exactement ce que c'était. Puis, il fallait prendre en compte que son don auditif commençait à se faire connaître petit à petit... Si c'était le cas, on allait de plus en plus essayer de gruger dessus. Il devait prendre ça en compte.

N'empêche qu'il avait accéléré et que finalement quand il passa la porte pour entrer dans le petit entrepôt que la famille avait loué (pas le vrai mais juste un pour l'échange), il s'était retrouvé avec quelques sueurs. Ce n'est pas par ce qu'on maitrise la flamme qu'on ne tombera pas sur plus fort que soit. Arun en était tout à fait conscient.

« Ok... normalement, on devrait être en sécurité ici. »

Un énorme coup de batte se fit contre la porte juste derrière eux.

« Ou pas... bordel. »

Au final, Arun et Ran pensaient à la même chose : pourvu qu'ils puissent discuter avec eux... Sauf qu'une autre chose qui relie ces deux personnes c'est leur malchance. Vous savez, ce karma en dessous du zero, qui vous dit que peut importe votre stat de chance à la base, vous serez toujours en négatif par rapport à vos dés de destin... Hé bien, eux c'est leur quotidien.

De ce fait, vous comprendrez bien que la porte venait d'exploser à force de se faire bourriner par un gros tuyau balancer plusieurs fois dans celle-ci. Mais pas juste le petit tuyau, non, non, c'était le bon gros tuyau de chantier. La tête d'Arun se retrouva vraiment blasé quand il remarqua leur look. Non mais c'était pas possible d'avoir ce genre de tête mes aïeuls. C'était des mecs tout droit sorti du cliché punj des années 90. Le bon vieux méchant qui veut vous taper fort sans penser. Oh bon sang, il le sentait mal son échec critique là.

Grand soupir, il amena sa main en avant.

« On peut peut-être discuter ? »

On lui répondit par un grand cri et la vingtaine de grand mecs baraqués – et une meuf, c'est un quota c'est ça ? – se jetèrent sur eux. Oh non, il avait vraiment pas la motivation pour se battre ce soir, fait chier !

« Pas de discussion donc... »

Sa flamme s'enclencha en même temps que sa colère vibra. Des punks comme ça, c'était un groupe de gang, de sûr mais pas un gang de Rihan, il  n'avait rien de japonais... des occidentaux ? C'était quoi encore cette connerie. Sa flamme passa sur tout son corps, le rendant agressif, bestial. Il se tourna vers le transporteur ensuite.

« Si tu as la flamme, c'est le moment, sinon... tire toi dessus avec ça. » Il lui mit un pistolet dans ses mains. En face, les types avaient commencés à avaler des cachets qui leur provoquer la flamme... et des yeux roses fluos, c'était quoi cette contrefaçon putain.

La bête ne se retient absolument pas. Il sauta d'homme en homme, attaquant autant avec ses dents qu'avec ses poings dans les points faibles de chacun des hommes et la femme présents. Il ne retenait rien, il n'en avait pas envie. Alors petit à petit son corps se retrouva tacher du sang des gens en face de lui, mais aussi du sien. Dans cet état, il était tout bonnement incapable de ressentir la douleur de façon concrète. Il rugissait comme une bête et ressemblait plus à un être sauvage qu'à quelqu'un de civilisé.

Si on le voyait à ce moment, on pourrait clairement dire de lui qu'il était plus proche d'un loup garou que d'un humain classique.

Pourtant les opposants semblaient tout aussi tenaces qu'eux. Il lâcha une râle, perché sur un coin. Ses yeux se fermèrent et automatiquement, lié par le bruit, il accéléra encore. Cette fois la bête dansa avec les hommes.

Un pas à droite, deux derrière, saut, droite...

Puis finalement, les bruits s'arrêtèrent et il rouvrit les yeux pour les poser sur le transporteur. Ils avaient mis à terre tous les autres mais lui... Lui, il avait quelque chose dans le regard. Il semblait capable de... l'attaquer ? Ou est-ce lui qui le pouvait. A côté de la montagne d'homme KO, ils restaient à se fixer...

« ... »

Il n'arrivait pas à parler, la tempête se murait dans la brume. Et devant lui, ce soleil ne semblait pas en être un... Qu'est-ce qu'il y avait dans sa flamme ?

… Cette flamme était bizarre. Elle n'avait rien de comparable avec toutes celles que Arun avait déjà vu. Alors dans son état avancé de pessimiste, il se remit à trouver de l'intérêt pour quelque chose. Ce type était en train de péter un câble et s'il n'avait pas déplacé de trois pas son corps, il serait déjà en KO technique par pied de biche. Pour la première fois, il sentit sa propre flamme se déplacer jusqu'à recouvrir étrangement ses oreilles, puis sa bouche. Ses yeux se fermèrent entièrement et pour une toute première fois dans sa vie, il entendit pour de vrai. Il entendit au dessus de ce qu'il devrait être en train d'entendre.

Ça n'avait pas de vraies paroles, mais il entendit 3 tonalités en une. C'était quoi ? C'était dans sa tête, tellement minime qu'il pensait rêver. La haine, il se la prit directement dans la gueule. Il la vira, les deux autres ne lui plaisaient pas. Est-ce que tout ça venait de la flamme ou de tout les stimuli qu'il ressentait venant de l'être en face de lui ?

C'était comme ci chaque son était devenu une lumière, et elle prenait possession de lui au fur et à mesure. Il lui semblait même que ses propres pensées se développaient au dessus de son état, même sous simple flamme. Est-ce que c'était ça, ce que ressentait Yuri ? Manami ?

Un léger souffle et il se retrouva pile devant Ran. Ses yeux fermés, il savait pourtant parfaitement ce qu'il se passait devant lui. Il n'avait pas besoin de ce sens, maintenant il le savait. C'était lui qui le rendait aveugle, le déconcentrait de la véritable observation, de la réalité.

« Livreur, tu m'as dis de faire attention, tu sais ? »

Sa main s'avança vers le jeune être, assez rapidement pour ne pas être arrêté. Aucune animosité ne sortait de lui, au contraire. C'était la première fois qu'Arun dégageait de la douceur, de la bienveillance même.

« Je préfère faire attention à toi. »

Son poing s'enfonça à pleine puissance dans le ventre du livreur.

Il étalait sur le sol de sa chambre. Sur son lit, il avait ramené lea mec de la nuit, par ce que bon, donner un coup ok mais c'était pas fun de l'abandonner au milieu de la route, avec des mecs bousillés autours. Il n'avait pas envie de lea voir dans la merde en prison.

Sauf qu'elle commençait à s'agiter. Et là, là c'était la merde. Il se redressa d'un coup avec les yeux ronds. Oh non, si ça sœur se rendait compte qu'il avait ramené quelqu'un à la maison, elle allait lui poser pleins de question, le tourner en bourrique et lui faire des réflexions pendant des jours et des jours. Il avait pas la foi pour ça.

Alors il monte sur la meuf et lui met une main sur la bouche quand il voit qu'il est reveillé.

« Tais toi ! Ma sœur dort tu vas la réveiller et ce sera fun pour aucun de nous deux si tu ouvres ta grande gueule ! »

Il reste ensuite immobile en priant que le message soit passé. Surtout qu'actuellement sa sœur passe juste derrière la porte pour son putain de verre d'eau de nuit là,  et qu'il a vraiment les yeux ronds de stress là.

« Sans déconner, je t'en supplie... ! » Il chuchote. « Après on peut discuter sans soucis, d'ac ? »

Quand enfin, le danger féminin est passé, Arun se redresse et pense brutalement à un truc. Il vient de s'asseoir sur les côtes qu'il a frappé sous flamme. Ses coups sont pas les plus dévastateurs mais merde ! Il déglutit :

« Merde, désolé pour tes côtés... oh j'suis trop con, pardon... »

Il s'assoie à côté contre le mur en se laissant glisser.

« J'suis le mec à qui t'as fait la livraison. Arun Nayaka... enchanté frère. » Il lui tend son poing.

« Comment ça un autre Nayaka ? »

Iel voulait son poing dans la gueule pour voir ? Iel avait croisé Chandresh pour râler dès qu'il voyait une des personnes de la famille comme ça ? Il allait lui foutre un coup de boule si iel parlait d'Himani ou de Shawn. Avec un air bougon, il croisa les bras sur son torse en attendant qu'iel fasse son affaire là. Non mais sans déconner, c'était quoi ce bordel de merde ?!

Puis iel se présenta.

Il haussa juste un sourcil. Iel se foutait de sa gueule non ? La déléguée là ? Putain, mais iels s'étaient déjà croisés non ? Ses yeux s'ouvrirent largement...

« T'es la p'tite déléguée bonasse là ? »

Non sans déconner ? Il s'avança vers elle.

« T'es la p'tite déléguée bonasse. »

Il la regarda sans trop comprendre. Non mais c'est fou ça...

« Comment ça se fait que tu fasses ça ? Genre, c'est normal de faire ça ? »