Cela faisait un jour pile que tout s'était déroulé. Combien de temps il n'était pas resté ainsi au lit jusqu'à midi ? Ça datait de l'arrivée de Katsu et il trouvait ça assez étonnant d'ailleurs qu'il ne se soit pas montré pour le lever de force. Il n'arrêtait pas de songer à ce qu'il s'était passé. Le jeune malentendant se tournait dans son lit et observait le plafond. Une nouvelle étape avait été franchie, si avant il souhaitait un retour en arrière ça aurait déjà été très difficile d'y parvenir mais maintenant c'était impossible. Il se sentait nerveux, il devait se lever et affronter ce qui l'attendait dehors peu importe ce qu'il y aurait. Alors il se levait, enfilait un tee-shirt ample afin qu'il y ait le moins de frottement possible contre sa peau et une fois prêt, il mettait le nez dehors sans avoir prit le temps de déjeuner étant donné que son estomac était noué au point que ça avait provoqué un coupe faim.

À peine la porte ouverte, il sentait les rayons du soleil se poser sur sa peau brûlée et les pansements de ses plaies qui s'étendaient sur tout son corps. Il voyait beaucoup de choses, des personnes volontaires pour nettoyer la ville, d'autres qui faisaient comme s'il ne s'était rien passé, d'autres qui attendaient de savoir ce qu'ils devaient faire à partir de maintenant. On aurait dit des volontaires pour rejoindre l'armée mais il ne s'en approchait pas immédiatement, il avait besoin de se retrouver un peu seul. Il ne savait pas comment réagir par rapport à hier, alors il ne faisait rien, il allait à l'école comme si de rien était et si on lui demandait ce qui lui est arrivé il répondrait simplement qu'il a été prit dans un accident de voiture. Et alors qu'il poursuivait son chemin, il tombait nez à nez avec Eden... Il s'était arrêté net et l'observait, attendant un sermon quant à ce qu'il s'est passé et qu'il allait assumer. Et dire qu'ils s'étaient réellement présentés l'un à l'autre il y a seulement une semaine...


C'était le fin des cours de la matinée, il était l'heure d'aller manger et pour une fois il allait dehors pour continuer de remettre à neuf les objets d'occasions qu'on lui a donné pour la tombola du festival. Mais qu'est-ce qu'il faisait chaud, surtout en portant des vêtements amples pour cacher le fait qu'en moins de six mois il soit sûrement devenu l'une des personnes les plus musclées, une véritable transformation physique qu'il ne souhaitait pas révéler aussi tôt. Après tout, une transformation en un an c'est déjà incroyable mais alors en quelques mois ? Ça pourrait révéler la curiosité des gens et il ne voulait pas impliquer n'importe qui face au danger que lui et les siens devaient traverser.

La mafia, les familles déchirées par la perte des leurs dans le futur, un enfant de cinq ans mit en première ligne face à ceux qui les menace de la plus grande guerre que la mafia ait connu, Shilia le tueur de mafieux, l'assassinat de Azami sous ses yeux, les blessures graves de Katsu impliquant sa disparition, la mafia Américaine qui s'est emparé du gouvernement de leur pays, le sadique aux pièges de l'entrepôt désaffecté, les Vindices qui sont censés être du côté de la justice mafieuse mais qui dégagent une aura particulièrement agressive. Beaucoup de choses, beaucoup de dangers différents faisaient que Zuran voulait continuer de paraître aussi fragile qu'il l'était avant qu'il ne découvre sa flamme. Alors il avançait et il allait faire quelque chose qui n'avait aucun lien avec la mafia. Jusqu'à ce qu'il tombe nez à nez face à Eden qui l'avait interpellé.

Eden, il ne la connaissait que de noms et leurs interactions ont toujours été très moindre, ils se contentaient de s'échanger les informations basiques sur leur lycée quand ils en avaient besoin et c'est tout, ni plus, ni moins. Mais cette fois-ci, c'était la première fois qu'elle venait lui adresser directement la parole afin de lancer une discussion. Alors quand elle expliquait qu'elle souhaitait quelques éclaircissements au niveau de son stand pour le festival, il l'observait, souriait gentiment et répondait.

« Bonjour McCampbell-chan. » Disait-il en s'inclinant doucement. « Bien sûr que vous pouvez me poser des questions sur mon stand. » Répondait-il de manière très naturelle et douce. « Je comptais aller manger sur un banc dans la cour, vous voulez m'accompagner ? » Demandait-il en retour en tenant son bentô dans une main et le carton de matériel à réparer dans l'autre.

Pour ainsi dire, il était content de pouvoir échanger avec elle et de peut-être mieux apprendre à la connaître. Il n'avait jamais réellement fait attention à tout les gestes qu'elle pouvait avoir afin de se mettre en avant. Elle n'en avait pas besoin, la personne même avait quelque chose de particulier qui faisait qu'elle paraissait capable de pouvoir faire face à toute éventualité. Elle avait l'air sûre d'elle et assez intelligente pour gérer naturellement des choses qui pourraient par exemple être plus compliqué à faire pour lui-même. Et c'est dans ces moments-là qu'il se rendait compte qu'il aimait profondément Namimori et les gens qui la composent.

Elle avait accepté de l'accompagner pour déjeuner en même temps qu'il puisse entretenir les objets que l'on lui avait donné. Ils partaient donc côte à côte jusqu'à la cour principale du lycée. Sur le chemin, elle lui avait demandé par curiosité si c'était pour son stand durant le festival. C'est alors en continuant de marcher qu'il avait posé les yeux sur elle au lieu de le faire sur sa route. Elle ne le savait pas, mais il l'avait remarqué. En revanche, sa réponse n'aurait aucun lien avec ce qu'il venait de voir.

« Oh ça ? Oui, ce sont des objets que l'on m'a donné. » Disait-il toujours aussi chaleureux. « Je les remets à neuf et je les customise sur le thème des lumières. » Rajoutait-il juste après avoir mit le pied dehors. « Maintenant que j'ai terminé de réparer la Wii et nettoyer le disque de Mario Galaxy comme s'il venait d'être acheté, j'ai pu me libérer du temps pour me concentrer sur les plus petits lots. » Finissait-il, l'air content.

Après quelques, il avait trouvé l'endroit parfait pour pouvoir déposer son bento, son carton et s'asseoir aux côtés de Eden. C'était un banc caché par l'ombre d'un arbre se trouvant juste derrière eux. Il laissait sa senpai s'installer en premier lieu puis il suivait très tranquillement. Il déposait le bento entre les deux et se servait son sandwich aux œufs avec salade, tomate et des zestes de citron. Idéal quand on a tendance à devoir s'entraîner et pousser son corps à rude épreuve.

C'est pour cela qu'il en prenait la moitié et qu'il déposait le bento du côté de son interlocutrice. Car oui, les retenues et courbatures il en a trop eu pour ne pas les repérer même par micro-expression tant il en a eu. Puis bon, son entraînement personnalisé pour mieux résister aux mensonges des illusions doit également aider dans cette observation. Après tout, il savait que la première personne qu'il allait devoir arrêter s'avérait être Shilia. Alors oui, il apprenait à repérer les faux-semblants et c'était pour cela qu'il proposait à Eden quelque chose qui pourrait l'aider à mieux supporter tout cela. Il rajoutait même une gourde d'eau citronnée avec deux verres en plastique rigide réutilisable à côté du bento.

« J'aime beaucoup l'eau citronnée, on sous-estime beaucoup l'effet que ça peut avoir sur le corps. » Disait-il très tranquillement en servant Eden pour ensuite faire de même pour lui. « Ce qui est responsable des migraines c'est l'acide linoléique et les courbatures c'est l'acide lactique. » Expliquait-il en buvant une gorgée. « L'eau citronnée en plus de t'hydrater permet d'habituer ton cerveau ainsi que ton corps à ingérer de l'acide citrique, bien moins puissant mais il apprend à ton cerveau et tes muscles de mieux faire circuler ces acides qui peuvent paralyser et endolorir le corps. » Continuait-il avant de prendre un morceau de son sandwich, après avoir avalé une bouchée, il reprenait. « Évidemment la douleur reste, surtout lorsque l'on continue les exercices physiques malgré le fait que ton corps réclame du repos. Mais le corps et l'esprit la supporte mieux et la douleur est bien moins concentrée sur les muscles. Ce qui fait que tu as un peu mal partout mais tu n'as plus de douleur envahissante, forte et omniprésente sur une zone précise du corps. » Finissait-il sans pour autant sous-entendre quoi que ce soit sur les origines des courbatures de sa camarade.

Il pouvait se douter des origines des douleurs de Eden. Mais honnêtement ? Elle lui a adressé la parole pour son stand et rien d'autre. Alors il donne juste sa recette personnelle pour supporter des activités physiques trop prononcées et rien de plus. Ensuite, bien qu'il pensait que c'était le cas au vu de ce qui arrivait à Namimori ces derniers temps, il préférait se dire qu'il y avait une chance que certaines personnes ne soient pas embrigadées dans la mafia. Du moins, il l'espérait. Alors non, il n'aborderait rien sur ce tableau. Il mangeait aux côtés d'une aînée qu'il connaissait à peine et profitait du temps libre pour préparer son stand tout en pouvant parler de ses projets pour le festival. Ce simple fait lui allait très bien.

« Bien, je vous écoute. Que voulez-vous savoir sur mon stand ? » Demandait-il curieux.

La question de sa senpai l'avait mit soudainement mal à l'aise. Il aimerait être réellement honnête mais à la fois il ne pouvait toujours rien dire. Puis même... Si on écoutait juste un peu aux alentours, elle entendrait le fait qu'encore deux élèves les observait en débattant pour savoir si oui ou non il avait participé au meurtre de Azami. Mais il faisait mine de ne rien entendre ou alors il n'entendait réellement pas suite à son problème d'audition. Shilia avait bien réussi son coup. Zuran voulait l'arrêter et stopper toute cette agressivité et attaques à répétition mais désormais ils étaient liés de très près étant donné que l'enquête publique ne permettait pas d'accuser ou d'innocenter le jeune parrain sur le meurtre de son amie. Ce qui amène donc naturellement les habitants à le suspecter d'être le complice du serpent. Il était épuisé, il n'avait même plus la force de clamer son innocence et de se battre pour que la vérité éclate au grand jour. Alors, de manière très spontanée, il va répondre à Eden.

« Oui, j'apprends à me battre pour arrêter Shilia. » Dévoilait-il soudainement. « Alors je m'entraîne tous les jours pour me renforcer physiquement et stratégiquement afin de pouvoir lui faire face une bonne fois pour toute et le remettre aux autorités afin qu'il paye pour tout ce qu'il a fait. » Poursuivait-il, la tête baissée, regardant sa citronnade. Il redressait doucement la tête et l'observait avec ses paupières légèrement repliées, il avait bel et bien entendu les deux garçons et ça avait eu pour effet de faire chuter son moral. Mais malgré ça, sa conscience professionnelle continuait de parler à sa place. « Le stand avance bien, je pense sincèrement que tout sera prêt pour le jour J sans le moindre encombre, merci de vous en inquiéter. » Finissait-il en rangeant sa bouteille dans son sac afin de montrer qu'il comptait bientôt quitter les lieux.

Il regardait droit devant lui et en étant en pleine réflexion. Des pensées qu'il ne pouvait même pas partager avec qui que ce soit d'autre que ceux qu'il a lui même impliqué dans la mafia ou ceux qui l'ont impliqué lui... Il sentait le fossé se creuser entre lui et son ancien monde et il avait de plus en plus la sensation que cela ne pourrait jamais revenir comme avant. Fort heureusement, Yuri et Saphyr lui avaient parlé. Il ne fallait pas qu'il se décourage malgré les attaques physiques et verbales qu'il pouvait subir. Après tout, même ceux qui l'accusent restent des personnes innocentes non ? Alors même s'ils repoussaient le jeune parrain et le traitaient de monstre son devoir l'amène à tout de même les protéger. Puis qu'est-ce qu'il allait faire hein ? Les combattre pour laver son honneur et celui de sa défunte amie ? À quoi cela mènerait autre que d'accroître son image négative ? Alors actuellement il ne disait rien de plus et profitait uniquement sa conversation avec Eden et la suite ne dépendrait que d'elle. Si elle voulait rester elle le pouvait et si elle voulait partir elle le pouvait.

Elle avait l'air surprise par la phrase du jeune malentendant. En même temps, qui pouvait annoncer aussi naturellement qu'il comptait faire arrêter l'ennemi public numéro un de la ville ? Alors naturellement, elle lui posait des questions car la curiosité passait au dessus des politesses. C'était bête à dire mais les manières de sa senpai étaient tout le temps très courtois du peu qu'il en avait vu et là, ces questions sur son objectif lui donnait l'impression de voir un autre visage de la demoiselle. Il ne pouvait pas dire si c'était son véritable visage ou si au contraire c'était rare de la voir ainsi, mais en tout cas elle paraissait un peu plus différente. Cependant, il ne relevait même pas ce point à l'heure actuelle. C'était juste la différence de dialogue qui l'avait titillé mais il ne la connaissait que bien trop peu pour émettre des théories sur sa personnalité.

« Oui, je parle bien de lui. » Répondait-il en paraissant songeur cette fois-ci. « Et c'est justement parce que je l'ai déjà affronté une fois que je sais pertinemment que la police ne suffira peut-être pas à l'avoir. » Disait-il en faisant référence à l'affrontement entre Shilia contre Toichi et lui lors du meurtre de Azami où le roux et le malentendant avaient été suspecté de complicité dans toute la ville alors qu'ils avaient tenté tout bonnement d'arrêter le serpent lorsque celui-ci a tué leur amie.

Rien que d'y repenser il avait encore la sensation que ses jambes avaient prit feu. Il était tout simplement épuisé d'entendre tout le monde insinuer qu'il est complice, idem pour Toichi. Il est bien trop facile de juger et de donner son avis quand nous sommes si loin de l'histoire. Il aimerait que les gens comprennent que cela n'apporte rien de bon de juger et de parier sur la culpabilité de quelqu'un comme si la potentielle victime de l'histoire était tout simplement un personnage tiré de leur série préférée. Est-ce que la manière dont il allait être traité par la ville faisait aussi parti de son plan ? Il n'en savait vraiment rien.

Il avait hâte d'en finir avec cette histoire, de rétablir justice pour tous les disparus et de pouvoir avancer. Le prochain affrontement ne se passera pas comme le dernier car cette fois-ci, Yuri l'avait également entraîné en plus de Katsu et il maîtrisait sa flamme comme bon lui semblait. Le combat n'allait pas être chronométré par ses jambes qui se détériorait au fur et à mesure de la longueur du combat. Quand soudain, de but en blanc et sans aucune préparation il posait une question tout aussi indiscrète.

« Campbell-senpai, pourquoi cet intérêt pour Shilia Nakamaru ? Je connaissais chacune de ses victimes et aucune d'elles ne faisait parties de votre entourage. » Rétorquait-il sans aucun tact et laissant plusieurs secondes de silence avant de reprendre la parole. « Excusez-moi, j'ai mal formulé. Je voulais dire que toutes les personnes qui n'ont aucun lien avec lui préfèrent parier sur ma culpabilité ou me cracher derrière mon dos ou se moquer de l'incompétence de la police car ils n'ont jamais eu l'occasion de voir qui il était vraiment. » Révélait-il cette fois-ci plus doucement. « Donc je me demandais tout simplement pourquoi votre réaction était-elle si différente des autres. » Finissait-il sans ne rien faire d'autre qu'attendre ses réponses car cette fois-ci, il était bien plus à l'écoute et bien plus observateur.

Elle avait l'air choqué, elle avait l'air d'avoir peur mais pas de Zuran, elle avait l'air d'avoir peur de Shilia, avait-elle réellement une idée de qui il était ? Ça avait l'air de se confirmer car elle lui expliquait qu'elle l'avait déjà rencontré personnellement. Il y avait donc également de fortes chances que le serpent avait une fois de plus impliqué une civile dans les combats des flammes... Rien que cette idée était en train de le tendre et il sentait son envie de le combattre refaire surface. Assis avec ses coudes sur les genoux et les mains au niveau de la bouche, l'iris de ses yeux noirs commençaient à s'illuminer doucement d'une teinte orangée. Il le sentait, ses sentiments étaient en train d'activer sa flamme. Il prenait alors une grande inspiration et se calmait doucement jusqu'à ce que cette lumière s'estompe de ses yeux.

Alors il continuait de l'écouter, elle parlait du fait qu'elle n'avait pas l'impression que le malentendant était du genre à tuer ses amis pour rien... En fait, il n'était pas du genre à tuer tout court, que ce soit ses amis ou ses ennemis. Pensait-elle qu'il était capable de pouvoir abattre un adversaire ? Peut-être qu'il l'était vraiment étant donné que face au meurtre de Azami il avait promis au serpent de le tuer un jour ou l'autre. Est-ce qu'il comptait tenir cette promesse ? Oui, mais pas de manière littérale. Il voulait réfléchir à un moyen de lui retirer sa flamme afin qu'il n'ait plus l'occasion de faire quoi que ce soit de néfaste. C'est sa flamme qu'il voulait étouffer.

« Est-ce que tu as dit qu'il était de retour à la police Campbell-senpai ? » Demandait-il en se disant que si la police était au courant ça pourrait enfin faire pencher la balance dans son sens mais que si elle ne l'avait pas fait, ça assurait le fait que la police ne traquerait pas quelqu'un de plus fort que eux.

Il avait vraiment hâte que tout cela se termine afin de pouvoir souffler un peu, il était réellement fatigué de la situation, il avait l'impression que sa vie ne tournait plus qu'autour de tout ça. Un combat incessant où sa proximité avec la situation le mène à être considéré comme complice ou coupable par ceux qui ne savent pas ce qu'il se passe. On lui avait dit que la mafia n'était pas aussi néfaste qu'elle avait la réputation de l'être. Mais honnêtement, mis à part les rencontres extraordinaires qu'il avait faite, les conséquences d'être dans ce milieu sont actuellement bien plus négatives que positives.

« Campbell-senpai, si contrairement à la majorité des gens vous connaissiez la façon de combattre d'un ennemi important, que feriez-vous si vous estimez que le danger qu'il apporte est bien trop grand ? Vous l'arrêtez en prenant le risque qu'il revienne plus tard ? Vous devenez vous même une meurtrière pour vous assurer qu'il ne puisse plus faire de mal à personne ? Vous fuyez car vous n'avez pas à vous sacrifier pour la vie des autres ? Vous le laissez faire car vous n'avez pas l'envie ou la force de le confronter ? Quelle serait votre démarche ? » Demandait-il comme s'il se posait une question à laquelle il avait déjà la réponse.

Il ne savait même pas pourquoi il avait demandé cela. Peut-être qu'elle apporterait une autre possibilité qu'il n'avait même pas imaginé ? Il n'en savait rien, il a juste demandé ce qui lui passe en tête depuis qu'on lui avait expliqué que cela allait sûrement être lui qui devrait s'occuper de la déchéance du serpent. Un rôle qu'il n'avait clairement pas envie d'avoir au même titre que de devenir le prochain parrain de la famille Vongola.

Tes yeux, ils étaient grands ouverts, pleins de surprises mais surtout ce changement dans le dialogue aussi brutale, ça ne pouvait que te rappeler violemment cette soirée où tu l'as perdu... Il n'y avait que elle qui t'avait parlé comme ça et où tu t'étais senti désarmé au point de devenir aussi glaciale que elle. Fuir voudrait dire qu'il n'était pas un réel ennemi ? Alors tu ne fuiras pas, il est la menace qui te fait regretter ton rôle dans ce monde, il est celui qui t'a prit des êtres chers et le pire, il fait tout ça en prétendant que c'est pour ton bien à toi !

Tu voudrais qu'il ne soit rien à tes yeux, qu'il ne soit qu'un petit criminel de pacotille que tu ne prends même pas la peine de regarder avant de lui marcher dessus. Mais non, il veut faire du théâtral, il met en jeu la mort de ceux qui t'importaient et t'importent beaucoup, il te force à le regarder. Eden avait raison, il ne fallait pas laisser place à la bienveillance mais il ne fallait pas pour autant te perdre. Tu lui as ouvert ta putain de porte, tu lui as donné les mêmes chances qu'à tous les autres et pourtant il s'amuse à tuer à tour de bras ? La Justice ne se résume pas qu'à arrêter des méchants, c'est aussi des interventions musclées pour faire enfermer tous ces putains de détraqués qui préfèrent faire autant de mal aux autres qu'ils souffrent eux, au lieu d'apprendre à vivre avec.

Il n'y a aucune légitimité à faire ce qu'il fait, à faire ce que les tueurs font, à faire ce que les mafias qui combattent au profit font. Que ce soit lui ou ce Jeffrey Sutton, tu les arrêteras tous les deux ! Pas parce qu'ils sont une menaces pour toi, parce qu'ils sont une menaces tout court et si pour ça tu dois les combattre par tous les moyens alors tu le feras pour qu'un futur soit construit sans eux s'il le faut ou avec eux si tu parviens à leur remettre les idées en place.

Le comportement aussi brutal de Eden te rappelle tellement Azami que juste après avoir été surpris par ses propos et cette réflexion qui s'est faite en une seconde tu as retrouvé ce feu en toi qui te pousse à faire arrêter toute cette folie. Tu sens l'énergie en toi qui brûle de plus en plus, les iris de tes yeux virent à un orange étincelant alors que la flamme naît sur ton front, sur tes mains et sur tes pieds allant jusqu'à pulvériser tes chaussures et chaussettes. Tu es impassible, froid au niveau du visage mais ta flamme parle pour toi : Tu es prêt à combattre.

« Tu as raison Eden. » Disait-il froidement. « Je vais écraser Shilia de mes propres mains, je te le promets que toi et les autres n'auront plus jamais rien à craindre de sa part. » Finissait-il sur ton toujours aussi glacial avant de se tourner vers elle. « Merci, je pense que j'avais besoin d'entendre tout ça. » Rajoutait-il en la regardant droit dans les yeux de ses iris orangés.

Tu n'étais pas agressif dans ton regard, on ne percevait aucune colère dans ton visage. Au contraire, tu avais l'air serein, comme si tout ton cheminement de pensée coulait de source actuellement. Tu as les idées claires, tu as tenté le dialogue, tu as tenté une confrontation frontale sans y avoir été préparé, tu as tenté de le comprendre pour le convaincre d'arrêter mais tout ça n'a jamais marché. Alors il était temps, il était temps de l'écraser et de protéger avec tes tripes ce qu'il menace de détruire. Il ne s'agissait pas que de toi, que de tes principes et même de tes intérêts, il s'agit de l'empêcher de détruire d'autres vies, peu importe qui en était la cible, il s'agissait de le défoncer jusqu'à ce qu'il se rende compte que le combat ne le mènera nulle part. Il s'agissait non pas de tuer sa flamme, mais de modifier sa volonté à grand coups de poings dans la gueule.

Au final, maintenant que tu la regardes bien tu comprends rapidement que c'est elle qui est surprise désormais et pas qu'un peu. Ton visage de glace, son regard plongé dans le tien, la flamme qui s'est manifestée sur ton corps accompagnée d'une promesse qu'il ne tuerait plus qui que ce soit. Cette promesse de construction qui est beaucoup plus sincère et en accord avec ta personnalité que celle que tu avais faite de le tuer. Mais alors que Saphyr t'avait permit de remettre ton corps en état, il s'avérait en fait qu'avec la flamme d'activé on pouvait apercevoir de légers tracés sur tes jambes. Ces légers tracés légèrement rougeâtre étaient autrefois des marques très profondes des brûlures que tu as subit contre le serpent.

« Désolé, je ne m'attendais pas à ce que ma réflexion la fasse s'activer aussi soudainement. » Disait-il en s'inclinant légèrement. « Je suis quand même relativement surpris que tu ne prennes pas peur en pensant que cela est de la combustion spontanée... J'imagine que ta rencontre avec Shilia t'a fait dévoiler une part de la vérité. » Rajoutait-il en se redressant. « Je me permets donc de me présenter comme il se doit. » Poursuivait-il sur un ton toujours aussi neutre. « Je suis Zuran Kitamura, onzième parrain de la famille Vongola. » Finissait-il pendant que la lumière de ses yeux s'intensifiait tant sa conversation avec elle lui avait remit les idées en place.

Tu t'es présenté parce que tu as cette drôle de sensation au fond de toi qu'elle comprendrait ce que ça pouvait signifier. Et cette conclusion tu la sors simplement du fait qu'elle n'avait pas l'air d'avoir peur de toi mais qu'elle était abasourdie par ce que tu lui montrais. Alors tu te concentrais à minima pour réduire la taille de ta flamme mais tu as un peu de mal tant tu as retrouvé tes esprits. Alors tu te concentres au moins pour les éteindre sur tes pieds et tes mains. Celle sur ton front s'est doucement diminuée mais elle n'est pas éteinte quant à tes yeux, tes iris brûlaient encore de mille feux.

« Est-ce que tu as des questions ? Je pourrai essayer d'y répondre, cela me semble normal. » Proposait-il bien naturellement.

Il ne se doutait pas qu'une conversation sur son stand pour la découverte du handicap allait mener à une telle conversation. Au final, il l'aimait bien cette déléguée et il était content qu'ils aient pu réellement se montrer l'un à l'autre.