Les funérailles étaient terminées mais il restait encore sur place. Au fil du temps, tout le monde s'en allait et il ne restait plus que lui et un homme qu'il ne connaissait pas. Il s'est réellement demandé pendant une seconde s'il était judicieux de lancer la conversation alors qu'il venait de reconnaître publiquement sa volonté de combattre. De toute façon, il allait bien falloir aller lui parler au lieu d'ignorer un proche de Yazhu. Il se dirigeait donc vers cette personne très calmement. Une fois mit au même niveau, il prenait la parole.

« Ses bêtises me manquent. » Disait-il en attrapant une cigarette et la fumant très calmement comme s'il lui rendait hommage d'une façon peu conventionnelle étant donné que Yazhu lui-même était quelqu'un de peu conventionnel.

Il ne savait pas quoi dire de plus. De toute façon si l'inconnu voulait lui parler alors il le ferait car ce serait mentir de dire que Zuran était d'humeur à la causette. Après tout, il venait de terminer d'apprendre l'histoire de sa famille et manifestement tout indique qu'il ne ferait pas parti d'une génération paisible mais de l'une de celles qui va devoir bouger et se préparer aux pires choses. C'était donc ce genre de vie qu'aurait eu son cousin Tsuna s'il n'avait pas disparu ? Peut-être qu'il avait fuit au final et franchement il ne lui en voudrait pas si c'était le cas.

Finalement, il tendait son paquet à l'étranger. Après tout il avait dit qu'il ne fumerait que aujourd'hui donc si l'ami de Yazhu voulait se servir alors il le pouvait. Son regard était brut, son expression neutre. Peut-être que son deuil se faisait plutôt ressentir au lieu d'être clairement exprimé. En tout cas il était simple de voir que ça avait touché le malentendant.

Le jeune homme s'avérait être Yuri. Il avait écarquillé un peu les yeux avant de reprendre son air neutre et impassible pendant qu'il lui serrait la main. C'était marrant quand on y pense, il y a encore deux jours cette révélation l'aurait très perturbé et il serait assaillit de questions mais là, non, le calme plat. Lui aussi avait changé depuis la rentrée, il n'avait donc pas lâché la main de son ami.

« Enchanté Yildun, je suis Kitamura Zuran, parrain de la famille Vongola. » Disait-il avant de relâcher sa prise pour inspirer une bouffée de cigarette.

Le malentendant fixait longuement chacune des tombes une par une. Cela faisait des heures qu'il était présent et qu'il n'avait pas bougé. Quelque chose trottait dans sa tête et maintenant qu'il savait que son ami était là alors il pouvait enfin en parler.

« Shilia m'avait dit qu'il interviendrait pour le bien de ma famille en guise de remerciement pour notre aide. » Disait-il en prenant une nouvelle bouffée. « Bizarrement, je pense qu'il est du genre à tenir ses promesses. Je cherche juste à comprendre en quoi la mort de nos amis va nous aider. » Continuait-il en réfléchissant. « J'ai peur de mal interprété ses actes... Je l'interrogerai quand je l'aurai arrêté. » Finissait-il en éteignant sa clope et en la jetant à la poubelle.

Dans tout les cas il ne laisserait pas ces actes être impunis. Il était temps de passer à la vitesses supérieure et de gagner encore plus en puissance que pouvait le faire son cousin à l'époque. Il devait se trouver un professeur autre que Katsu qui lui foutait la paix depuis deux jours étant donné que Zuran augmentait la difficulté de ses entraînements de lui-même. Il allait devoir agir sûrement plus vite que prévu. En fait, il comprenait qu'il lui fallait surtout un deuxième maître.

Il écoutait son ami lui apporter sa petite perle de sagesse. Il écoutait avec attention et retenait bien ce qu'il lui expliquait. Dans ce cas-là, il acceptait que les agissements de Shilia avaient un but positif qui pourrait les aider plus tard. Mais il allait tout de même le combattre et l'arrêter parce qu'il sentait au fond de lui qu'en venir à de tels extrêmes n'étaient pas foncièrement nécessaires. Il reste donc l'ennemi public numéro un et il allait le combattre de toutes ses forces pour l'arrêter. Non, c'était loin de n'être que ça. Il allait se battre contre n'importe quelle personne qui constitue une menace, Shilia était sûrement loin d'être le seul qui allait vouloir leur faire du mal. Il devait se préparer pour chacun d'entre eux. Quand Yildun parlait de sa progression, le petit malentendant répondait à la suite.

« Tu n'as pas à t'excuser. Si tu as trouvé un temps de répit dans une situation chaotique alors tu as bien fait d'en profiter. » Disait-il avec le ton toujours aussi neutre et monocorde. « Et si je me sentais perdu ou bloqué dans ma formation, alors je serais venu de moi-même vers toi ou Manami. Je m'en suis bien sorti, alors tu avais tout à fait le droit de souffler. » Finissait-il en attrapant un pissenlit et la déposant sur la tombe de Yazhu.

Pourquoi le pissenlit ? Parce qu'on parle de Yazhu donc pas de roses. Parce que la transformation de la fleur comme avec la flamme etc... Il n'est pas allé chercher loin pour le coup, comme feu l'ami aurait fait pareil. Après cela, Yildun proposait au malentendant de devenir son second professeur.

« Évidemment que ça me tente. De plus j'ai commencé à stagner dans ma progression donc j'avais besoin de trouver quelqu'un pour m'aider. »

Au loin, Katsu observait les deux depuis une branche d'arbre tout en caressant son caméléon tremblant de terreur. Il avait l'air paniqué et n'arrivait pas à se calmer. Quelque chose de plus gros se tramait mais il ne disait rien à son élève parce qu'il avait bien pu qu'il l'avait lui même deviné. Alors à la place, le petit bébé arrivait aux pieds des deux et avait tendu son caméléon vers les deux.

« Faites lui un bisou pour l'encourager. » Disait-il calmement.

Zuran l'avait attrapé très délicatement et l'entourait de ses mains comme pour le réchauffer avant de lui faire un bisou sur le dessus de sa tête.

« Ça va aller, on fera tout pour que ça se calme. »

Le petit caméléon fermait les yeux en hochant de la tête comme pour encourager les siens. Zuran le trouvait trop mignon.

Il observait Yildun donner de l'affection au caméléon de Katsu qui était toujours tremblant. Quand il regardait l'animal, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'en temps normal, si c'était de parfaits inconnus qui étaient enterrés là, il serait sûrement dans le même état que le reptile. De toute façon, ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas peur, il était terrifié. Terrifié à l'idée d'y laisser la vie, terrifié à l'idée de voir d'autres des siens mourir, terrifié de perdre cette guerre et de laisser ce chaos subsister, terrifié de ne pas réussir à sauver Tsuna et tout ceux qui ont disparu, il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie, il n'avait jamais eu de vies entre ses mains et aujourd'hui, il en avait déjà trop.

Il n'était pas toujours pas très à l'aise à l'idée de diriger une famille mafieuse, mais si aujourd'hui on lui donnait l'occasion de passer le relais, il refuserait de le faire. Par simple respect aux personnes disparues qui sont enterrées juste ici, par simple volonté de ne pas condamner un autre innocent de traverser les mêmes épreuves que lui. Même à Tsuna il ne rendrait pas les rennes de la famille car son seul échec a mené à cette situation, on n'a pas besoin d'être très intelligent pour dire qu'au moment de sa disparition, il n'était manifestement pas prêt pour la suite. Pourtant, ses cours sur l'histoire de sa famille indiquaient qu'il avait une sacré puissance, une sacré connaissance et de sacrés épaules pour confronter ce qu'il avait en face de lui. Le 10ème du nom pourrait ne faire qu'une bouchée de Shilia et Zuran mais ça ne suffisait pas. Alors le malentendant devait être plus fort, bien plus fort. Le jour où il allait retrouver Tsuna, il se devait de faire en sorte que ses capacités surpassent le disparu en tout point. Mais pour l'instant, le caméléon jouait avec un écureuil volant blanc d'une beauté et d'une douceur rare.

« Oui, tout se calmera un jour. Mais entre les attaques incessantes de Shilia et l'anniversaire des dix ans de disparitions qui approchent, ce ne sera pas dans un avenir proche qu'on pourra respirer à nouveau. » Disait-il en ayant connaissance du bazooka des dix ans par le tueur à gage qui lui avait parlé de Lambo. « Pour l'instant, nous devons nous focaliser sur nos progressions personnelles et les autres gardiens de nos familles respectives à trouver, accueillir parmi nous et préparer au pire. » Rajoutait-il avec un regard serein et un visage aux traits plus durs qu'à ses débuts.

La main de Yildun se posait sur la joue du malentendant, surprit, il écarquillait doucement les yeux. C'était un geste doux et sensible avant qu'il attire le parrain des Vongola jusqu'à lui pour le serrer dans ses bras avant de lui promettre de tout faire pour qu'il progresse. Les mains de Zuran se relevaient peu à peu toutes seules avant que l'une d'elles agrippe le dos de son ami, comme s'il disait qu'il avait besoin de cette tendresse tout en montrant le fait qu'il était en colère de ce qui se passait autour de lui. Le 11ème parrain, ce petit garçon qui se doit de grandir trop vite tout en devant gérer son torrent d'émotions vacillantes entre la douceur et la brutalité.

« J'ai confiance en toi, je m'en remets à Katsu et toi pour être prêt à affronter le pire qu'il puisse nous arriver. » Disait-il avec le même air froid qu'au début des funérailles à l'exception que sa voix vacillait aussi pendant que sa respiration était haletante, mais c'était encore trop tôt pour que cela arrive jusqu'aux larmes.

Mais avant que l'ambiance aille jusqu'au tire-larmes, Yildun s'était soudainement reculé et déballait la liste de toutes les informations sur Zuran dont il avait besoin. Ce dernier écarquillait à nouveau doucement les yeux alors que son calme olympien était revenu à une vitesse ahurissante. Puis avant même qu'il ouvre la bouche, le bébé aux cheveux bleus tendait un papier au parrain des Nobusuma.

« Tu as toutes les infos ici ! » Disait-il tout sourire pendant que Zuran se demandait quand est-ce qu'il avait eu le temps de prendre toutes ces mesures.

Après des discussions qui parlaient limite de la pluie et du beau temps histoire d'avoir un moment un peu banal dans cette journée de dingue, la nuit finissait par pointer le bout de son nez. En voyant l'heure, il comprenait qu'il allait rentrer chez lui vers minuit le temps qu'il fasse un détour chez Azami. Il souhaitait donc une bonne soirée à Yildun et Katsu, ils se donnaient une heure pour le lendemain afin de commencer ce nouvel entraînement et il quittait les lieux doucement.