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L'Amour Vainc || SoloReborn NEW Futur :: Mairie :: Bibliothèque :: Finis
 
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# L'Amour Vainc || SoloDim 24 Mai - 4:55
L'Amour Vainc
  • Le vent ne nous bloque que lorsqu'on l'oppose. Si on le laisse nous guider, tout devient plus simple.
  • Accepter les choses telles qu'elles viennent à nous, n'est-ce pas là la clé du bonheur ?
  • Sur le chemin retour vers le Temple de la Carpe, Aoi prenait encore le temps de réaliser ce qui s’était produit tantôt. Son âme s’était illuminée, son existence avait pris un sens propre. Il avait rencontré son âme-sœur. Par le pur fruit d’un hasard propice, il avait trouvé sa voie.

    Ses pas de course l’amenèrent naturellement au Temple, et il en fut reconnaissant, car sa concentration sur la route exacte à suivre ne cessait de lui glisser au profit d’un autre fil de pensées bien plus long et profond. Il s’arrêta à l’entrée, la respiration hâtée. Il devait ouvrir la porte, mais son corps refusa. Serait-ce la fin de son rêve s’il entrait ? Son oncle lui interdirait-il de revoir Arun ? Cela lui brisait tant le cœur qu’il avait refusé de l’admettre face à son Amour, mais il ne pouvait que le réaliser pleinement maintenant. Un obstacle se tenait encore entre eux.

    Il n’était pas sans savoir les règles qu’il avait transgressées ; il pouvait les lister de mémoire. Mais cela lui paraissait…Insignifiant. Etait-ce seulement possible qu’il soit assez chamboulé pour que les fondements même de sa vie ne lui semblent que de lointaines colonnes entre lui et Arun ? Bien sûr, elles régissaient sa vie, et il était conscient de leur importance pour mille et une raisons également apprises par cœur. Mais il ne voyait pas leur intérêt si cela devait le séparer de sa raison de vivre, si vraiment elles devaient le guider vers une existence meilleure.

    Il n’osait imaginer la réaction de son Oncle s’il tenait devant lui tels propos. Se ferait-il frapper ? Ils n’avaient évidemment pas amené la planche de punition avec eux, et il doutait que son Oncle en demande une aux prêtres du Temple, quoique… Un frisson silencieux le parcourut alors que le vent encore froid de ce début de printemps timide souffla dans son dos. Qu’importait combien de temps il restait là, le résultat n’en serait qu’au mieux retardé, au pis, aggravé. "Nul besoin de fuir les conséquences de ses actes, lorsqu’on croit en ceux-ci" lui avait un jour dit Xuan. Il y croyait profondément.

    Une inspiration lente et calme, et il ouvrit la porte. Il se déchaussa de ses tennis et s’inclina poliment devant les prêtres qu’il croisa, se rendant sans détour jusqu’à la chambre de son Oncle. Il remarqua cependant en chemin le calme accentué des lieux, le laissant penser qu’une cérémonie se tenait actuellement. Son oncle y était-il ? Il vérifierait s’il ne le trouvait pas dans la chambre.

    Rapidement arrivé à destination, il toqua doucement, attendant évidemment l’autorisation d’entrer. Il n’avait pas même pris le temps de se changer pour revêtir la tenue Hisui, se contentant de se présenter sans ses modestes habits d’exercice, bien qu’il douta que son oncle en fasse un problème ; il y avait plus urgent.

    Un « Entrez. » Plus puissant dans lequel il ne reconnut pas le calme habituel de son Oncle l’atteignit, le laissant présager ce à quoi il s’attendait. Il ouvrit la porte, tête baissée en révérence, avant de se faire prier sans plus de cérémonie. « Aoi regarde-moi. »

    Il leva le regard, stoïque à son habitude mais avec une tourbillon d’émotions dans ses yeux d’or. « …Oji-sama. » L’expression de son oncle était plus sérieuse que jamais. Il ne l’avait que rarement vu ainsi, la dernière fois remontait à… Quand, exactement ?

    « Dis-moi que c’est une blague. Par pitié Aoi dis-moi que le garçon que j’ai eu au téléphone est l’un de tes camarades qui a voulu faire une farce. »

    Il ne dit rien, ce qui constituait en soi une réponse. Hélas pas la réponse attendue.

    « Par tous les Dieux Aoi, qu’est-ce qui t’as pris ? Non seulement tu t’es laissé distraire dans ton entrainement mais en plus tu as laissé un inconnu –un homme !– te…Pervertir– »

    « –Il… » Il réalisa avec stupéfaction son erreur, les yeux écarquillés. Il… Venait de couper la parole à son Oncle. Il n’avait pu supporter ces propos alors, il avait réagi à l’instinct... ? Néanmoins estomaquée, il avait la pleine attention de son Oncle, il décida d’en profiter pour étoffer sa pensée, le regard à nouveau baissé. « …Il ne m’a pas perverti. »

    « Alors quoi donc ? T’a-t-il berné ? T’a-t-il pris par surprise ? Pourquoi ne t’es-tu pas défendu ?? »

    « Il est mon âme-sœur. »

    Pourquoi tourner autour du pot lorsqu’il connaissait déjà parfaitement la réponse à tous ces chamboulements. Son oncle méritait de savoir la vérité nue et sans faux-semblants. Mentir était après tout contre leurs lois, il n’allait pas faillir. Pas sur cela.

    Un silence absolu s’en suivit, quelques secondes durant. A nouveau de longues, longues secondes, bien qu’il ne souhaita en rien qu’elles s’attardent plus encore. Il voulait simplement que son Oncle comprenne l’importance que cela avait pour lui. Il daigna finalement relever les yeux, mais l’expression qu’il vit le glaça.

    C’était un regard que son Oncle n’avait eu qu’à l’évocation d’un seul sujet : son Frère ; le père d’Aoi. Jamais encore ne l’avait-il dirigé aux deux frères dont il avait la garde après l’isolement du Chef du Clan. Un tel regard fit l’effet d’un poignard au jeune adolescent. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut pour laisser exploser une colère dont il n’avait jamais été la cible.

    « Bon sang, c’est une plaisanterie ! Qu’y connais-tu en amour pour sortir de telles inepties ! Un garçon qui plus est, serais-tu devenu fou ?! »

    Ça y était. Il ne pouvait plus répondre. Assailli d’accusations il n’avait pas le temps de composer une phrase cohérente et de trouver la force d’en user pour contrer son Oncle. Il baissa à nouveau la tête, ses mèches corbeau masquant son expression mêlée de colère, de détresse et de supplications. Oh, si seulement Xuan était là.

    « Et ton entrainement ? Tu vas favoriser ton temps avec lui en abandonnant tout ce que l’on a construit jusqu’ici ? Tu comptes réellement abandonner ton avenir pour une amourette ? »

    Il n’allait pas abandonner son entrainement, ni ses objectifs, bien au contraire ; il se sentait pousser des ailes, le laissant croire en lui-même et au fait qu’il pouvait tout accomplir. Cette rencontre avait su lui donner la Fonce de tout faire. Arun n’était pas une amourette.

    « Et ce garçon, à sa façon de parler provocatrice et son langage vulgaire, il n’a rien de fréquentable ! Que t-a-t-il fait ? Il t’a jeté un sort ? »

    Arun ne ferait jamais ça. C’était quelqu’un de bien, quelqu’un de secret et de maladroit, il méritait tout l’Amour que le Monde pouvait offrir et au-delà. Il était l’inverse même de la perversion, une âme des plus pures, aussi perdue dans la Vie que lui. Rien ne pouvait lui être reproché, encore moins ces affreuses accusations qui semblaient torturer le cœur du jeune patineur. Il ne put trouver la force que pour répéter ce qu’il avait déjà dit…

    « …Il est mon âme-sœur– »

    « Cesses donc de dire ces idioties ; l’âme sœur n’existe pas ! »

    …Seulement pour se faire balayer tel un pétale par une tornade. Malgré les flèches qu’il recevait à chaque mot, il pouvait sentir la douleur qui les imbibait. Son Oncle souffrait, il avait peur de le voir finir tel son père. Il avait peur que l’amour détruise un autre membre de sa famille mais Pourquoi, pourquoi refusait-il de lui faire confiance ? Pourquoi lui refusait-il le bonheur le plus pur qui puisse exister ?! Pourquoi lui retirait-il son libre-arbitre sur les décisions les plus primordiales de sa vie ? Pourquoi refusait-il d’essayer de le comprendre ?

    « Pourquoi faut-il que tu suive le même maudit chemin que ton Père ?! »

    Le cœur d’Aoi explosa, silencieusement, sous les cris renouvelés de l’adulte responsable de lui, exclamations folles de rage et de douleur qui devaient se réverbérer dans tout le Temple, mais il n’avait ni la force ni la tête à se sentir désolé pour ses occupants. Là, il ne pensait qu’à fuir.

    Son esprit encore jeune et susceptible n’avait pu trouver quelqu’autre solution plus immédiate pour faire cesser cette souffrance, trop brusque et trop profonde pour qu’il sache la gérer ni même simplement la supporter. Faisant brusquement volte-face, il sortit de la pièce avant que son Oncle n’ait le temps de le réaliser. Il se précipita avec quelque maladresse jusqu’à la sortie du Temple sans daigner prendre en compte les cris qui le suivirent sur quelques mètres, rapidement distancés par ses pas de course entrainés. Il ne chercha pas à prendre quoi que ce fut avec lui, enfilant ses chaussures sans prendre le temps de les lacer et quitta les lieux promptement.

    Ses pas rapides s’arrêtèrent quelques centaines de mètres plus loin, sa respiration absolument chaotique l’empêchant d’aller plus loin sans prendre le temps de se calmer. Ce ne sut qu’à ce moment-là, illuminé seulement par la lune dans une rue qui lui était encore inconnue, remarqua-t-il qu’il pleurait. Ses forces l’abandonnant, il se laissa tomber contre une barrière. Derrière lui une magnifique vue sur une partie de Namimori, illuminée par ses lueurs de la nuit. Ce spectacle qui jusque-là avait quelque peu agressé les yeux peu habitués à tant de contraste d’Aoi, il se surprit cette fois à y trouver un aspect apaisant. L’air frais y jouait un rôle important également.

    Il se laissa à ne rien penser durant quelques minutes, constatant simplement son corps se calmer doucement mais sûrement. L’idée d’appeler son frère ou Arun lui passa par la tête, pour l’apaiser et le ramener sur terre, mais il réalisa bientôt en sortant son téléphone qu’il était éteint, manquant de batterie. Cette nouvelle, bien que petite, déception fit remonter les larmes instinctivement. Il ne se retint pas, les laissant couler librement. Il réalisa bientôt que ça avait pour effet d’extérioriser sa douleur et le laisser s’en débarrasser plus vite.

    Il se releva bientôt, et se remit en marche. Il ne savait pas où aller, il voulait simplement se balader. La fraicheur ambiante et l’odeur plus prononcée de la végétation environnante lui rappelait le Repère des Nuages, où il avait l’habitude de patrouiller en milieu voire en fin de soirée. Il prenait un certain plaisir à ces semblant de balades, où tout semblait aller à son rythme, où il ne se sentait pas dépassé par les gens autour de lui, comme s’il était trop lent. Il avait souvent l’impression d’être trop lent lorsqu’il n’était pas sur la glace, certainement un effet logique après tant d’heures d’entrainement, bien qu’il avait l’impression que cela remontait plus loin.

    Laissant ses pas le guider à nouveau, il se sentait étrangement en sécurité. Il avait entendu dire que les rues n’étaient pas sûres une fois la nuit tombée, bien qu’il n’en ait jamais fait l’expérience ; il n’était pas inquiet. En réalité il était simplement fatigué, il avait l’impression d’avoir tellement ressenti durant ces dernières heures que plus aucune émotion de pouvait s’exprimer en lui.

    Il continua ainsi durant plusieurs minutes, ou alors était-ce plusieurs heures ? Il n’avait pas une très bonne notion du temps lorsqu’il introspectait. Il se laissait porter par la brise, ses pas presque dansants, il se surprit même à être insouciant. C’était la première fois qu’il expérimentait un tel état. Etait-ce l’effet de la fatigue intense ? Lui qui avait toujours veillé à avoir un rythme d’exercice et de récupération irréprochable, il ne s’était jamais surmené. Cela dit, il était vrai que jusque-là, il n’avait pas été amoureux.

    C’était presque comme si le bonheur d’avoir trouvé Arun surplombait tout le reste, qu’il lui suffisait de se poser un moment et d’y réfléchir calmement pour qu’il prévale sur toute autre émotion négative. Aoi avait l’impression d’avoir développé une capacité surnaturelle. Il se demanda si Arun ressentait la même chose. Il s’arrêta pour fixer la lune. Elle n’était qu’à environs un tiers de son cycle, mais sa lumière était pourtant assez puissante pour qu’il y voie clair. Pourtant il ne vit ni n’entendit l’ombre haletante qui s’approcha de lui pour poser une main moite sur son épaule–

    « Aoi ! » Il se retourna brusquement.

    « …Oji-sama… ? »

    Que faisait-il là ? L’avait-il suivi ? Impossible, il l’aurait rattrapé bien plus tôt. Mais alors…

    Il prit un instant pour détailler l’allure de son Oncle. Il ne s’était pas dévêtu de la tenue turquoise des Hisui, mais cette dernière manquait de la netteté dont elle était d’ordinaire caractérisé, des plissures visibles à différents endroits ; il ne se tenait pas correctement droit, son souffle était audible et accéléré et le bandeau à son front était, bien que légèrement, de travers. Une telle vision de son Oncle lui était inédite. Il le regarda avec un étonnement et une interrogation purs.

    « Tu…As disparu depuis plusieurs heures et tu refusais de répondre au téléphone… Et tu ne connais pas encore bien la ville. Je n’allais… Tout de même pas te laisser seul dehors à une telle heure ? Pour qui me prends-tu ? »

    Aoi cligna des yeux. Son oncle soupira bruyamment.

    « Aoi… Je suis désolé. Je te demande pardon d’avoir tenu de tels propos devant toi, avoir été aussi insultant… Je n’ai pas su me contrôler. »

    Quelques secondes de blanc passèrent, avant qu’Aoi n’entame une révérence pour remercier et accepter les excuses de son oncle lorsque celui-ci le stoppa et le prit par les bras pour l’amener et le serrer contre lui. La chaleur que l’adolescent y trouva était bien différente de celle qu’il avait ressenti avec Arun, mais elle n’était pas moins chaleureuse. Il plissa les yeux, se surprenant à presque somnoler dans la confortable étreinte. Hélas, il en fut sorti de façon toute aussi inattendue par les bras puissants de son oncle qui le regarda dans les yeux.

    « Quant à ce garçon… Je te fais confiance concernant tes sentiments pour lui. Cela n’veut pas dire que je cautionne quoi que ce soit entre vous ! …Mais j’accepte de d’abord le rencontrer avant de me faire une opinion définitive. Comment s’appelle-t-il ? »

    Un bonheur incommensurable emplit le cœur d’Aoi à ces mots. Il répondit de la plus douce des voix.

    « Arun… Nayaka Arun-san. »

    « Un étranger… » Il sembla esquisser une grimace mais se reprit bientôt. « Bien, te me le présentera au plus tôt. Je dois au moins lui apprendre comment correctement s’adresser à ses aînés, et qu’un téléphone ne couvre en rien son irrespect ! »

    A ce moment-là, Aoi avait compris. Cet Amour n’était pas simplement entre lui et Arun, son pouvoir était bien plus puissant, il pouvait le sentir. Si même son Oncle y cédait ainsi, laissant de côté sa fierté et ses inquiétudes, alors il savait qu’il serait capable de tout. Y compris de vivre heureux ensemble.

    Le soleil se levait à l'horizon. Une nouvelle vie commençait réellement pour lui. Pour eux. Pour le Monde.

    Aoi sourit.

    Jawn pour EPICODE


    Anonymous
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